Disparition d’Émile : ce que l’on sait de l’enquête menée au Haut-Vernet après un mois de recherches

L’enfant disparu le 8 juillet au Haut-Vernet reste introuvable, comme évaporé dans la nature. Plusieurs phases de recherches se sont succédé.

Émile, deux ans et demi, a disparu depuis samedi 8 juillet en fin d’après-midi au Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Émile, deux ans et demi, a disparu depuis samedi 8 juillet en fin d’après-midi au Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

FAITS DIVERS - Le mystère reste entier. Le petit Émile, deux ans et demi, n’a toujours pas été retrouvé malgré l’enquête en cours, les chiens reniflant chaque recoin du Haut-Vernet et les interrogatoires méthodiques des habitants du village. Cela fait désormais un mois que l’enfant à disparu, ce mardi 8 août.

Émile a été aperçu pour la derrière fois dans une rue du hameau du Haut-Vernet, à 17 h 15, le 8 juillet. L’enfant passait ses vacances d’été chez ses grands-parents maternels, dans ce quartier isolé de la commune du Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Une dizaine de personnes, dont des oncles et tantes, passait le week-end dans la maison familiale lors des faits. Vers 18 heures, la famille signale la disparition de l’enfant.

Un mois plus tard, aucune hypothèse n’a été dégagée. Émile semble s’être évaporé dans la nature, sans laisser la moindre trace. Le HuffPost fait le point sur l’affaire.

• Trois phases de recherches sur le terrain, sans succès

Dès le signalement de la disparition de l’enfant par sa famille, d’importantes recherches sont lancées sur l’ensemble de la commune et dans les villages voisins jusqu’à trois heures du matin. Trois jours de ratissage suivent cette première nuit.

La totalité des 30 bâtiments composant le minuscule hameau alpin est fouillée, 12 véhicules sont visités, les 25 habitants du bourg sont entendus et 12 hectares de terrain méticuleusement ratissés. La tension monte au fil des heures.

Le 12 juillet, les recherches s’arrêtent et l’enquête bascule dans une phase d’analyse des éléments récoltés. Débutent alors l’épluchage des lignes téléphoniques, de nouveaux interrogatoires et l’observation des photos des péages les plus proches. Encore une fois, sans succès.

Les recherches sont relancées du 25 au 29 juillet. Des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de restes humains sont déployées ainsi que deux drones. Le terrain est en effet difficile d’accès et escarpé par endroits. Les images tournées sont observées en temps réel, quelle que soit la zone de recherche, puis elles sont visionnées par d’autres gendarmes que ceux chargés du pilotage. Malgré ces nouveaux moyens déployés, toujours aucun indice.

Une troisième phase de recherche s’est ouverte le 31 juillet. Des équipes cynophiles dont sept chiens ont une nouvelle fois été mises à contribution. Les recherches ont pris fin jeudi, sans qu’aucun indice saillant n'apparaisse.

• La justice de plus en plus silencieuse

Plus l’enquête patine, moins la justice s’exprime dans les médias. Lors du lancement de l’alerte de la disparition d’Émile, le maire de la commune mais aussi la gendarmerie nationale donnaient des points réguliers à la télévision, dans l’espoir d’obtenir un signalement ou un témoignage.

Le 4 août, le pôle de l’instruction d’Aix-en-Provence a simplement indiqué auprès de BFM D’ICI que « rien n’a(vait) évolué » dans l’enquête, se refusant à tout autre commentaire. « Nous ne souhaitons faire aucune communication », a avoué clairement un magistrat.

L’heure est à la discrétion, pour laisser les enquêteurs faire leur travail. Depuis le 14 juillet, le maire du Vernet, François Balique a pris un arrêté municipal qui « interdit tout accès à toute personne » extérieure au hameau. La mesure pour éloigner les journalistes et les curieux a depuis été reconduite deux fois. Elle a été levée ce dimanche 6 août et ne devrait pas être renouvelée, « sauf si les journalistes embêtent les habitants du Haut-Vernet. Là, je reprends un arrêté aussi sec » , a juré l’édile auprès de BFM D’ICI.

• Des hypothèses rapidement écartées

Malgré le manque d’indices, certaines pistes ont été écartées. Le procureur de Digne donne l’exemple d’une tache de sang observée sur la carrosserie d’un véhicule. « Il s’est avéré que ce n’est pas du sang humain mais du sang animal », a expliqué le magistrat.

Le Parisien a également récemment révélé qu’un incendie avait été commis en 2019 dans l’une des maisons de famille, située dans le hameau du Boullard, à 10 km du Haut-Vernet. Il n’y avait alors eu aucun blessé, mais « des systèmes de mise à feu » avaient été découverts par les enquêteurs, qui avaient donc privilégié la piste criminelle.

Aucun suspect n’a cependant été interpellé et l’évènement reste un mystère. Il pourrait être une pièce du puzzle de l’enquête, mais une source proche du dossier a déclaré à BFMTV qu’il s’agissait d’un « élément non-prioritaire ».

Reste alors entre autres l’hypothèse d’un accident de voiture ou celle d’un enlèvement. « Nécessairement Émile a été déplacé. On a affaire à un fou ou à quelqu’un de vraiment machiavélique » estimait ce lundi le maire du Haut-Vernet François Balique auprès de CNews.

• La famille se constitue partie civile

Depuis la disparition, la famille d’Émile n’a pas bougé. Elle réside toujours dans le hameau du Haut-Vernet, se recueille dans la foi et ne souhaite pas s’exprimer dans la presse. Les membres de la famille ont été décrits par plusieurs habitants comme étant discrets et très croyants.

Selon l’AFP, le grand-père de la famille a eu dix enfants, dont Marie, la mère d’Émile. Ils ont tous été scolarisés à la maison. Très croyante, la famille ne fréquente pas la paroisse locale, préférant la messe en latin donnée dans une église marseillaise, a révélé le quotidien régional La Provence.

« Ils ne font pas partie d’une secte », a démenti Bernard Antony, fondateur de l’organisation traditionaliste Chrétienté Solidarité, dont le père d’Émile est membre. Interrogé par BFMTV, il a ajouté : « ils sont chrétiens, point. La messe en latin, c’est la messe traditionnelle, celle qui permet de donner un véritable sens aux mots ». Ce mouvement dit lutter « contre le totalitarisme islamiste, les inversions anti-humaines, le mondialisme totalitaire et toutes les extrêmes gauches ».

« Les parents et grands-parents ne veulent pas s’exprimer, il faut respecter ça, s’agace de son côté une membre de la famille d’Émile auprès de BFM D’ICI. Tout ce qui est dit sur nous est un tissu de conneries. Comme cette histoire de maison qui brûle à Beaujeu. On est catho et de droite, et alors ? ».

Selon les informations de BFM D’ICI, confirmées par le parquet d’Aix-en-Provence, la famille du garçonnet s’est récemment constituée partie civile. Cette position leur permet d’être informés du déroulement de la procédure et d’avoir accès, par l’intermédiaire de leur avocat, au dossier.

À voir également sur Le HuffPost :

VIDÉO - Disparition d'Émile : trois semaines plus tard, où en est l'enquête ?

Après la disparition d’Émile, les recherches reprennent au Haut-Vernet, à l’aide d’un drone et de chiens

Disparition d’Émile : Le Haut-Vernet, le hameau où le garçon a disparu, va rester bouclé jusqu’à fin juillet