Comment la diplomatie internationale tente de dissuader l'offensive terrestre d'Israël à Gaza

L'armée israélienne a massé ses troupes le long de sa frontière avec la bande de Gaza avec environ 300.000 soldats stationnés. Tsahal l'assure: une offensive militaire terrestre aura bien lieu et elle est imminente.

Depuis vendredi, Israël ne cesse d'exhorter les habitants de Gaza vivant dans le nord du territoire à fuir vers le sud. Selon l'ONU, un million d'habitants de cette enclave ont été déplacés depuis le début du conflit face aux frappes israéliennes et au blocus total décrété en représailles des attaques du Hamas.

Israël a envahi Gaza par voie terrestre à trois reprises déjà au cours des deux dernières décennies: en 2006, en 2009 et en 2014. La diplomatie internationale met aujourd'hui en garde contre un élargissement du conflit et appelle à respecter le droit humanitaire.

"Une grave erreur", selon Joe Biden

Depuis les attaques du Hamas, la diplomatie américaine est sur le pont. Le secrétaire d'État Antony Blinken doit retourner en Israël ce lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes.

Tout en reconnaissant à Israël "le droit de répondre et le devoir de riposter", à l’attaque meurtrière du Hamas, Joe Biden a appelé à une réponse proportionnée, en épargnant notamment les civils.

"Néanmoins il y a un problème pour les Américains car si l’offensive terrestre sur Gaza fait un nombre de morts trop élevé et que les normes du droit international sont trop ouvertement violées, ce soutien inconditionnel mettrait alors les États-Unis en difficulté dans d’autres parties du monde", explique le géopolitologue Pascal Boniface sur France24.

Dans une interview accordée ce dimanche à l'émission "60 Minutes" de CBS, le président américain a déclaré qu'"Israël doit réagir" et "s'en prendre au Hamas", mais il a averti qu'une occupation israélienne de Gaza serait "une grave erreur".

"Le Hamas et ses éléments extrêmes ne représentent pas l'ensemble du peuple palestinien", a-t-il justifié.

L'Iran "ne peut garantir le contrôle de la situation"

La Ligue arabe et l'Union africaine ont elles averti qu'une offensive terrestre contre la bande de Gaza "pourrait mener à un génocide aux proportions sans équivalent". Ils appellent "les Nations unies et la communauté internationale à arrêter une catastrophe".

De son côté, l'Iran, allié du Hamas, a averti que "si les attaques du régime sioniste contre la population sans défense de Gaza se poursuivent, personne ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d’un élargissement du conflit", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Alors que les yeux sont tournés vers l'Iran depuis les attaques meurtrières du Hamas, Emmanuel Macron a demandé à Téhéran de ne pas "ajouter aux tensions", et de refuser tout "soutien opérationnel au Hamas".

Poutine craint des pertes civiles

Engagé depuis février 2022 dans une guerre d'invasion de l'Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a prévenu ce vendredi qu'un assaut terrestre israélien à Gaza entraînerait "des pertes parmi les civils (palestiniens) absolument inacceptables".

"L'essentiel est maintenant d'arrêter l'effusion de sang", a-t-il affirmé, disant que la Russie était "prête à travailler avec les partenaires constructifs".

Evoquant la possibilité d'une manoeuvre terrestre dans ce territoire très densément peuplé, il a affirmé que "l'utilisation d'équipement (militaire) lourd dans des zones résidentielles, c'est une affaire compliquée, avec de graves conséquences".

La Chine pour un cessez-le-feu

L’action d'Israël à Gaza après l’attaque du Hamas va "au-delà du domaine de l’auto-défense" et le gouvernement israélien doit cesser "de punir collectivement" les Gazaouis, a déclaré le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, dans des propos diffusés ce dimanche.

La Chine soutient "la juste cause du peuple palestinien dans la préservation de ses droits nationaux".

L'émissaire chinois pour le Proche-Orient Zhai Jun se rendra dans la région cette semaine afin de promouvoir un cessez-le-feu ainsi que des pourparlers de paix, a annoncé la chaîne de télévision publique CCTV. Cette visite vise "à coordonner avec les différentes parties un cessez-le-feu, protéger les civils, apaiser la situation et promouvoir les pourparlers de paix". Zhai Jun a déclaré que "la perspective d'une nouvelle extension et d'un débordement vers l'extérieur (du conflit) est profondément inquiétante".

Les déclarations officielles de la Chine sur le conflit n'ont pas nommé spécifiquement le Hamas dans leurs condamnations de la violence, ce qui a suscité des critiques de la part de certains responsables occidentaux, qui les ont jugées trop faibles.

"Éviter un embrasement"

De leur côté, les autorités françaises n'ont pas directement évoqué la possible offensive terrestre d'Israël sur la bande de Gaza. La ministre française des Affaires étrangères est ce lundi au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et son homologue égyptien Sameh Choukri pour tenter de trouver des voies diplomatiques au conflit.

Depuis Tel-Aviv dimanche, Catherine Colonna a rappelé le droit d'Israël à "se défendre face à la monstruosité du Hamas et au danger qu'il représente". "Sa réponse doit être ferme et juste", a-t-elle précisé, précisant qu'"elle sera juste si elle est conforme au droit international".

"À Gaza comme ailleurs, le droit humanitaire doit être respecté", a-t-elle martelé

Une position similaire à celle d'Emmanuel Macron, évoquée dans son allocution télévisée jeudi dernier. "Israël a le droit de se défendre en éliminant les groupes terroristes, dont le Hamas, par des actions ciblées mais en préservant les populations civiles, car c'est là le devoir des démocratie", expliquait le chef de l'État.

La France va poursuivre "ses efforts pour éviter un embrasement", a assuré la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Article original publié sur BFMTV.com