"Il n'y a pas d'endroit sûr": des habitants de Gaza témoignent de la situation sur place

La bande de Gaza subit un siège total. L'enclave palestinienne est pilonnée par les bombardements israéliens, qui riposte après les attaques du Hamas déclenchées samedi.

"Il n'y a pas d'endroit sûr": des habitants de Gaza témoignent de la situation sur place

La situation humanitaire dans la bande de Gaza sera "très vite ingérable", a affirmé ce jeudi le responsable régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Fabrizio Carboni.

Depuis samedi, en représailles aux violentes attaques du Hamas en Israël, la bande de Gaza est pilonnée sans répit par les avions israéliens. Ces frappes ont fait à ce jour plus de 1.300 morts, en majorité des civils selon les autorités, et provoqué de vastes destructions.

Dans cette enclave pauvre et exiguë où s'entassent 2,3 millions d'habitants, dont une grande partie dépend de l'aide humanitaire, les bombardements ont touché des dizaines d'immeubles, des usines, des mosquées et des magasins. Entre les décombres, dans des rues dévastées, plus de 338.000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, selon l'ONU.

Frappes régulières

L'armée israélienne affirme avoir visé des cibles précises comme les résidences de hauts responsables du Hamas ou des lieux de stockage d'armes. Mais d'autres infrastructures ont été touchées, dont de nombreux immeubles d'habitation.

"Tout le monde est touché, il y a des bouts de corps, des cadavres, ceux de mes enfants et des enfants des autres", continue-t-il.

"Une ville fantôme"

La nuit, Mohammed Mazen et ses voisins restent dans l'entrée de leur immeuble pour tenter d'échapper aux bombardements israéliens. Au matin, en sortant, ils découvrent le désastre: leur quartier n'est plus que ruines et rues désertes.

Aujourd'hui, il se demande où aller avec sa famille: "on est bloqués, on ne sait pas vers où partir mais on ne peut pas rester car notre appartement est couvert de bris de verre des fenêtres et d'éclats d'obus", dit-il.

"Nous avons déménagé dans trois abris, de la région d'Abdul Rabo à Jbalia Al Balad, où l'armée israélienne nous a dit de nous déplacer et ils nous ont bombardés au milieu du marché... Il n'y a pas d'endroit sûr", témoigne un autre habitant.

L'armée israélienne a reconnu avoir utilisé plus de 4.000 tonnes d'explosifs pour bombarder la bande de Gaza depuis samedi.

Blocus total

Dans sa riposte, Israël impose un siège total aux habitants de Gaza, qui vivent sans eau courante, sans électricité et sans carburant. La seule centrale du territoire a été fermée faute d'alimentation. "Les seules lumières que vous pouvez voir à Gaza sont celles de foyers qui ont les moyens de s'offrir des générateurs ou des systèmes à énergie solaire", explique à BFMTV Jason Shawa, habitant de Gaza.

L'enclave est également privée d'approvisionnement en nourriture. Les rares boutiques encore ouvertes sont prises d'assaut. "J'essaie d'acheter de l'eau potable: chaque jour j'achète six bouteilles", raconte à BFMTV Khaled.

"On nous bombarde de trois côtés: tout d'abord par la mer et à l'Est et au Nord par les chars israéliens et du ciel avec l'aviation", explique-t-il.

"Ce que je demande c'est d'avoir deux choses: soit un corridor humanitaire, soit des pompiers pour aider ceux de Gaza", conclut l'homme.

Le chaos à l'hôpital

Les blessés sont amenés dans des hôpitaux déjà surchargés et doivent attendre des heures avant d'être parfois soignés à même le sol. "Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues", a affirmé Fabrizio Carboni du CICR, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs et les patients sous oxygène ou sous dialyse.

À l'hôpital al-Shifa, c'est le chaos. Dans cet établissement, "un grand nombre" de personnes attendent leur tour dans la salle des urgences. Mais "certains perdent la vie bien avant" d'être pris en charge, regrette un médecin nommé Abdallah.

"La capacité limitée (de l'hôpital) aggrave le nombre de victimes", ajoute-t-il, déplorant le manque de fournitures médicales qui s'ajoute à des pénuries d'électricité d'eau et d'oxygène.

Article original publié sur BFMTV.com

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