Dans "Salam" de Diam's, vous n'entendrez aucun des sons de la rappeuse

DIAM’S - Une décennie après la fin de sa carrière musicale et son retrait de la vie médiatique, Diam’s revient sur le devant de la scène. Pas de nouvel album au programme, mais un documentaire autobiographique (dont vous pouvez visionner la bande-annonce en tête d’article) qu’elle a co-réalisé avec Anne Cissé (Lupin) et Houda Benyamina (Divines). Intitulé Salam, le film, projeté en avant-première le 26 mai au Festival de Cannes, sort exceptionnellement au cinéma ces vendredi 1er et samedi 2 juillet.

Une sortie événement à plus d’un titre, puisque l’ex-rappeuse star, Mélanie Georgiades à l’état civil, y livre, après des années de silence, sa bouleversante vérité. “Pendant des années, on a frappé à ma porte me demandant l’autorisation de mettre ma vie en scène, de la jouer, de l’interpréter. Des demandes nombreuses de documentaires, de biopics, de séries n’ont cessé d’affluer”, raconte-t-elle dans les notes de production du documentaire.

“J’avais comme le sentiment que l’on me demandait de donner les clefs de ma vie pour que d’autres puissent en faire un film. Un spectacle. Ma dépression, mes souffrances, ma quête, ma renaissance: un film? Un divertissement? J’ai été touchée que l’on s’intéresse à mon parcours mais il m‘était impossible de laisser des inconnus parler à ma place”, ajoute-t-elle.

C’est pour cette raison qu’elle a décidé de prendre les choses en main, dans le but “de se réapproprier [son] histoire”. De son ascension fulgurante à ses dépressions, en passant par sa conversion à l’Islam et ses derniers projets, rien n’est laissé de côté... ou presque. En effet, aucun extrait de ses titres phares comme La Boulette ou encore Jeune Demoiselle, qui ont pourtant marqué des générations entières, n’est diffusé dans le film.

“Elle a été très claire là-dessus”

Un détail, en apparence, mais en réalité un choix explicite de l’artiste. “Mélanie n’avait pas envie de revenir sur Diam’s”, explique la co-réalisatrice Anne Cissé, au Le HuffPost. “Elle a d’entrée de jeu été très claire là-dessus. On lui a souvent demandé de s’exprimer sur ce qu’elle a été en tant que chanteuse. Pour elle, ses tubes ne lui appartiennent plus vraiment mais continuent de vivre à travers son public.”

Son objectif avec Salam? Montrer une autre facette d’elle-même, en racontant celle qui cohabitait avec la rappeuse aux millions de disques vendus. Ce n’est plus Diam’s, mais Mélanie, la mère de famille, la femme musulmane, l’humanitaire qui se retrouve, cette fois, sous le feu des projecteurs.

L’occasion pour elle d’aborder, entre autres, sa santé mentale, tant fragilisée par la célébrité. Dans une interview accordée au Parisienil y a un mois, elle dit avoir “touché du doigt la folie”, et a aussi révélé s’être scarifiée, chose dont elle n’est “pas fière”. “J’ai l’impression de revenir de la mort”, a-t-elle reconnu dans les colonnes du quotidien, ajoutant que ce qui l’a sauvée, c’est la religion. “Si je n’avais pas ouvert le Coran un soir sur une plage de l’île Maurice et trouvé un sens à ma vie, je pense que je me serais vraiment foutue en l’air.”

Elle avait déjà abordé le sujet de la santé mentale dans son autobiographie, et il prend une place majeure dans le récit de son film. ”C’est quelque chose qui lui tient profondément à cœur”, livre Anne Cissé. “Encore aujourd’hui, beaucoup de personnes lui écrivent au quotidien pour lui faire part de leur souffrance”.

Mais ce n’est pas tout, puisqu’à en croire la scénariste, il était également nécessaire, pour Diam’s, de “révéler que ce qui était important pour elle n’était pas tant la musique que l’écriture”. Celle-ci fait en effet plusieurs fois mention de son envie incessante d’écrire, un exercice qui lui sert “d’exutoire”. Bien qu’ayant définitivement rangé les micros, elle n’a donc pas pour autant laissé tomber la plume.

Diam’s prend la plume pour Salam

“Elle restera toujours une artiste, une poète qui a des choses à dire”, confie la cinéaste. La preuve en est, trois textes originaux - À force de courir, De plus en plus et Je me sens coupable - rédigés spécialement pour l’occasion, sont présentés dans le documentaire.

Mais si aucun des titres qui ont fait son succès n’est entendu dans Salam, ce n’est pas le cas de certains de ses concerts. Des images d’archive sont diffusées dans le film, mais sous une forme particulière, puisqu’elles ne montrent que le public. Ce qui, là aussi, est mûrement réfléchi. “On s’est beaucoup interrogées là-dessus. Cela nous permettait de mettre en évidence le fait que ses fans étaient nombreux et fidèles. Ces scènes d’exposition rappellent la folie Diam’s, ce dont les nouvelles générations n’ont pas forcément conscience”, justifie Anne Cissé.

Après sa sortie provisoire dans les cinémas ce vendredi et ce samedi, Salam sera mis en ligne sur la plateforme BrutX.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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