« La Deuxième Vie » de Philippe Sollers peut commencer

L'écrivain Philippe Sollers, décédé en mai 2023 à Paris.  - Credit:Mantovani/Gallimard/opale.photo
L'écrivain Philippe Sollers, décédé en mai 2023 à Paris. - Credit:Mantovani/Gallimard/opale.photo

En s'acclimatant de longue date à sa dernière demeure dans l'île de Ré, Philippe Sollers avait habilement laissé entendre que la mort ne priverait personne de son allègre présence – puisque le nom de ce lieu est composé des initiales, très nietzschéennes, d'un Retour Éternel.

Le voici qui, sans surprise, fait retour avec quelques dizaines de pages dictées avant son départ, à peine relues, sans doute pas corrigées, qui bouleverseront ceux qui savent, contre vents, rumeurs, médisances et marées, que cet écrivain, né Philippe Joyaux, était, est – bien que privé de son vivant de la Pléiade qui lui était due – l'un des plus importants, des plus intelligents, des plus subtils de l'époque.

Pur et obscur

Quatre-vingts pages, donc. Du super-Sollers. Énigmatique, électrique, impassible, agile, procédant par aphorismes ou quasi-haïkus, et qui, tandis que s'essouffle son Cœur absolu, médite sur la « deuxième vie ». Impossible de préciser avec rigueur ce qu'il entendait par cette expression qui semble n'avoir rien de commun avec une résurrection – le titre aurait alors été La Seconde Vie –, bien qu'il y soit vivement question de ciel et de corps glorieux.

Ce que le Grand Joueur semble insinuer, c'est que cette deuxième vie commence tout de suite, depuis toujours, pourvu que son dépositaire soit pourvu d'un tempérament de foudre et d'une sagesse « non publicitaire », qu'il soit un haut technologue de l'autre sexe, du Spectacle généralisé, de Venise, du bonheur – et qu'il ai [...] Lire la suite