Depuis « Les Dents de la mer », Spielberg a peur que les requins lui en veuillent

Steven Spielberg lors de la conférence de presse du film « The Fabelmans » pendant le Festival international du film de Toronto 2022 au TIFF Bell Lightbox le 11 septembre 2022 à Toronto, Ontario.
RODIN ECKENROTH / Getty Images via AFP Steven Spielberg lors de la conférence de presse du film « The Fabelmans » pendant le Festival international du film de Toronto 2022 au TIFF Bell Lightbox le 11 septembre 2022 à Toronto, Ontario.

CINÉMA - « Je le regrette vraiment, vraiment ». Dans l’émission « Desert Island Discs » de la radio britannique BBC, Steven Spielberg a déclaré ce samedi 17 décembre qu’il craignait que les requins « lui en veuillent » en raison de la surpêche provoquée par la sortie du thriller Les Dents de la mer, en 1975.

Un demi-siècle plus tard, le réalisateur a reconnu que le film à suspense était peut-être « trop efficace » pour susciter la peur de ces prédateurs, admettant que le livre et le film avaient eu une influence sur la diminution rapide de la population mondiale de requins.

Le film a en effet été accusé, notamment par des chercheurs et associations de protection animale, d’avoir donné une fausse image des requins blancs et d’avoir encouragé la « chasse aux trophées » aux États-Unis. Cette chasse dite « sélective » vise les grosses proies, caractérisée par la volonté d’exhiber un trophée de chasse.

Une influence à relativiser

La présentatrice Lauren Laverne l’a ensuite questionné sur ce qu’il ressentirait s’il était projeté sur une île déserte imaginaire entourée de requin. Steven Spielberg a alors répondu que l’idée d’être mangé par un requin ne l’inquiétait pas, mais qu’il avait peur que les requins lui en veuillent « pour la frénésie alimentaire des pêcheurs » après 1975.

L’influence du film est tout de même à relativiser selon Paul Cox, directeur général du Shark Trust à Plymouth. Bien que les populations de requins aient diminué de façon spectaculaire depuis la sortie du film, rejeter la faute sur Les Dents de la mer, c’est « accorder beaucoup trop de crédit au film », a-t-il déclaré. Il estime aussi que les spéctateurs sont capables de faire une distinction entre la vie et le cinéma.

36 % des espèces de requins menacées d’extinction

En revanche, le film a, selon lui, influencé négativement sur l’image de cette espèce. Les conversations après le succès du film ont tourné excessivement sur « les choses que les requins ne sont pas plutôt que de toutes les grandes choses que les requins sont. » Il s’est toutefois dit reconnaissant pour ce nouveau message « positif » sur la nécessité de protéger les requins, véhiculé par Spielberg.

Depuis le début des années 70, la population mondiale de requins et de raies océaniques a diminué de 71 % en raison de la surpêche, selon une étude mondiale publiée dans Nature l’année dernière, citée par le quotidien The Guardian. Le Shark Conservation Fund, quant à lui, affirme que 36 % des 1 250 espèces de requins et de raies recensées dans le monde sont actuellement menacées d’extinction.

Steven Spielberg, également connu pour ses oeuvres ET, Indiana Jones, Jurassic Park, a parlé dans cette émission de son film en partie autobiographique The Fabelmans. Ce film raconte l’histoire de son enfance et de son initiation au cinéma dans l’Amérique d’après-guerre. Il l’a décrit comme « une thérapie à 40 millions de dollars ».

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