On a demandé aux candidats du Slam National comment faire un bon poème

CULTURE - Des poètes et poétesses de toute la France se réunissent du 15 au 21 mai à Paris pour le Slam National, une compétition qui doit choisir les meilleures poètes français. À cette occasion, l’église protestante de Belleville a été entièrement réaménagée, pour accueillir la scène sur laquelle se produiront les artistes mais aussi le public venu les écouter. « On a caché les croix et tous signes religieux pour l’évènement », explique Pilote le Hot, l’un des organisateurs de la compétition.

Au total, ce sont 60 poètes qui s’affronteront par équipe de quatre et qui seront jugés par le public autant sur leur texte que sur leur performance, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. Mais au fait, qu’est-ce qui peut être considéré comme un bon poème ?

« Comme un bon boulanger »

On a donc posé la question à Pilote le Hot, présent dans le milieu depuis une vingtaine d’année. « La poésie c’est l’étincelle d’intelligence qui sort à un moment, quelque part. Et faire un bon poème c’est quelque chose qui n’a jamais été entendu nulle part ». Pour lui tout est dans la forme, pas besoin qu’un poème soit engagé pour être réussi. « Quelqu’un qui va faire un poème sur la réforme des retraites et qui enfonce des portes ouvertes ou qui va dire « ce n’est pas beau la guerre », ce n’est pas engagé pour moi. Tout est dans la manière de le dire. Tu peux faire un très bon poème sur les licornes par exemple ».

Alors à ceux qui aimerait se lancer, voici ses conseils : « Pour trouver l’inspiration, c’est comme pour un bon maçon, un bon boulanger ou un bon tapissier, il faut regarder comment tes pairs ont fait avant, faut voir ce que les autres ont fait. Après tu écris tes poèmes et tu viens les partager sur scène ». Un bon slam, c’est pas qu’une poésie, ce ne sont pas que les mots, c’est aussi la performance scénique, la manière dont vont être transmis les mots au public. Le bar « Culture rapide », situé à côté du Temple de Belleville, accueille d’ailleurs chaque semaine des poètes en herbe qui voudraient s’essayer devant une audience.

C’est dans ce même bar, qu’a eu lieu lundi 15 mai le Slam de la dernière chance. Une épreuve qui réunit ceux n’ayant pas été sélectionnés pour le Slam National, afin de leur permettre une dernière fois de former une équipe de quatre pour rejoindre la compétition. Sur une petite scène aménagée au coin du bar, des hommes et des femmes de tout âge défilent et récitent leurs créations. Le rythme sur lequel ils débitent leurs phrases, le jeu sur scène, les émotions à faire passer, tout est réfléchi pour donner la meilleure performance possible.

YouTube en musique de fond

« Un bon poème ça peut être une bonne utilisation des figures de styles, des allitérations, etc. Mais je pense que c’est surtout quelque chose de sincère, qui peut venir du vécu, une histoire bien racontée », explique Nano, l’un des participants qui a réussi à rejoindre le quatuor gagnant. « Par exemple, tout à l’heure j’ai fait un texte sur une rupture, c’est une expérience de vie qui peut être marquante. »

Pareil pour Lalias, une autre participante, qui tire son inspiration de sa propre expérience : « À la base, j’écris vraiment pour moi, puis je le teste sur scène et je me rends compte que ça touche un panel plus large de personne. Parfois des gens viennent me voir à la fin d’une scène et me disent : « on s’est retrouvé dans ce que t’as dit ».

Quant à la rythmique, voici son secret : « Je prends une instru de piano que je trouve sur YouTube au hasard ». Adélaïde, qui comme Nano, fait partie du quatuor gagnant, utilise la même technique : « J’écris en musique, donc pour le rythme je m’adapte à la musique que j’écoute au moment de l’écriture ». Reste à savoir jusqu’où ceux sélectionnés lors de cette épreuve de la dernière chance réussiront à aller durant le Slam National.

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