En attendant l'interdiction des puff, les industriels mettent les bouchées doubles

En attendant l'interdiction des puff, les industriels mettent les bouchées doubles

Un danger sanitaire pour les plus jeunes. Alors que l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité l'interdiction des "puffs", ces cigarettes électroniques jetables à la nicotine et aux arômes fruités particulièrement prisées des jeunes, la main est désormais au Sénat qui doit entériner cette prohibition qui devrait entrer en vigueur, c'est le souhait du gouvernement, d'ici la rentrée 2024.

D'ici là, les industriels mettent les bouchées doubles et redoublent d'inventivité afin d'attirer un public de plus en plus jeune. Dernière invention en date, la "puff 9000", comprendre 9000 bouffées, des vapoteuses colorées, parfois clignotantes, trois fois plus volumineuses qu'une "puff" classique et qui équivaut, avec ses 2% de nicotine, à 18 paquets de cigarette.

"Je ne fume que celles-là. Quand on regarde la puff, elle donne envie, le goût est frais. C’est addictif franchement, on ne va pas se le cacher", dit un très jeune utilisateur interrogé par BFMTV.

Sur internet, se procurer ces "puffs" est extrêmement aisé, tandis que sur les réseaux sociaux, un marché noir se met également en place progressivement.

"Porte d'entrée"

Logiquement, cette nouvelle version des "puffs" fait frémir les spécialistes de la santé et de l'addictologie, qui y voient une porte d'entrée dans le tabagisme à long terme pour les plus jeunes.

"C’est un produit marketing, ludique, aromatisé, avec des couleurs vives, avec des arômes qui correspondent à la cible marketing qui sont les adolescents. La gestuelle par rapport à l’utilisation de la puff entraîne également une dépendance. C’est une porte d’entrée dans le tabagisme", dit, toujours à BFMTV, Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France.

Selon des chiffres récemment publiés par l'Observatoire des drogues et des tendances addictives (OFDT), l'utilisation par les ados de la cigarette électronique, dont la fameuse "puff", a triplé entre 2017 et 2022. En 2022, plus de 13% des adolescents français révélaient avoir déjà utilisé cette cigarette à usage unique d'après l'ACT-Alliance contre le tabac.

De longue date, les médecins alertent sur les dangers de ces dispositifs. "Si on ingurgite ce produit pendant plusieurs mois, on a 100% de chances de devenir dépendant à la nicotine. C’est très clair", nous expliquait Amine Benyamina, chef de service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif.

Plan de lutte

En septembre 2023, la Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé que le gouvernement souhaitait interdire les "puffs" dans le cadre d'un "nouveau plan national de lutte contre le tabagisme", qui sera "présenté prochainement" par l'exécutif.

Ce plan, présenté en novembre par le désormais ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau, visait à "sortir" du "côté ludique" du tabac. À ce titre, l'interdiction de la puff, "ces vapoteuses marketées pour les plus jeunes", a également été confirmée.

Article original publié sur BFMTV.com