D’où viennent ces poils inhabituels au menton qui poussent parfois chez les femmes

Lorsque des poils au menton sortent de nulle part, il est normal de se demander pourquoi - et ce que l’on peut faire pour y remédier.
Milan Markovic / Getty Images Lorsque des poils au menton sortent de nulle part, il est normal de se demander pourquoi - et ce que l’on peut faire pour y remédier.

Des poils de menton étrangement longs. Ce n’est pas une caractéristique faciale que beaucoup de femmes apprécient, mais cela arrive pour beaucoup de monde, surtout en prenant de l’âge. Lorsque ces poils de menton sortent de nulle part, il est normal de se demander pourquoi cela se produit et ce que l’on peut faire pour y remédier. Nous avons demandé à un endocrinologue et à un dermatologue d’expliquer tout ce que vous devez savoir.

[Note : Cet article est une traduction réalisée par la rédaction du HuffPost France, à partir d’un article paru en mai 2023 sur le Huffington Post américain. Article original à lire ici.]

La faute à vos hormones

Le Dr Ana Kausel, endocrinologue au Mount Sinai Health System à New York, explique qu’on parle d’hirsutisme lorsque les femmes développent une pilosité similaire à celle des hommes en termes de forme et d’épaisseur. Avec l’âge et la ménopause, les hormones commencent à changer et, dans ce cas, des poils peuvent pousser là où il n’y en avait pas auparavant.

« Toutes les femmes ont à la fois des œstrogènes et de la testostérone. Mais pendant nos années de reproduction, nous avons tendance à avoir plus d’œstrogènes que de testostérone, ce qui équilibre les effets secondaires de la testostérone », selon Mme Kausel. « Avec l’âge, le déséquilibre est plus important, car les œstrogènes disparaissent mais la production de testostérone demeure, ce qui rend les androgènes plus puissants et entraîne des effets secondaires tels que la pilosité du menton. »

Comme l’explique le Dr Michele Green, dermatologue esthétique certifiée, les androgènes - un groupe d’hormones comprenant la testostérone - interagissent avec les follicules pileux et les activent pour produire des poils terminaux, c’est-à-dire des poils plus longs, plus épais et plus profondément enracinés, comme les poils de barbe. Lorsque le corps d’une femme produit moins d’œstrogènes et que la testostérone devient dominante, les poils du visage deviennent alors plus susceptibles de pousser.

Bien sûr, cela n’arrive pas à tout le monde. Et le fait d’avoir ou non ces longs poils au menton dépend de la génétique. « Les follicules pileux sont uniques et leur sensibilité aux androgènes diffère d’un individu à l’autre », explique Mme Green. « Une personne est plus susceptible d’avoir des poils au menton si d’autres femmes de sa famille en ont également ».

Le docteur Kausel souligne que si l’apparition de quelques poils au menton chez les femmes âgées est normale, elle doit cependant rester une exception. Si vous constatez une forte croissance de poils à cet endroit, vous devriez consulter un médecin pour une analyse de sang et, éventuellement, une échographie pelvienne.

Qu’en est-il de la pilosité faciale chez les femmes plus jeunes  ?

Les poils au menton peuvent arriver à tout âge chez les femmes.
Predrag Popovski / Getty Images Les poils au menton peuvent arriver à tout âge chez les femmes.

Les poils au menton ne sont pas l’apanage des femmes ménopausées. Les femmes en âge de procréer ont également des poils qui peuvent apparaître sur le visage. Selon le Dr Kausel, si cela se produit, vous devriez peut-être consulter votre médecin. « Le fait d’avoir des poils au menton peut signifier que vos androgènes (hormones mâles) sont élevés », explique-t-elle. « Un taux élevé d’androgènes provient soit des ovaires (le syndrome des ovaires polykystiques, ou SOPK, étant la cause la plus fréquente), soit, beaucoup plus rarement, des glandes surrénales. »

Le SOPK est une maladie courante et traitable causée par des kystes dans les ovaires qui produisent trop d’androgènes, ce qui peut perturber le cycle, l’ovulation et la fertilité d’une personne, selon le Dr Kausel. Le cycle, l’ovulation et la fertilité de la personne peuvent s’en trouver perturbés. « Vous pouvez également avoir d’autres problèmes liés à un taux élevé d’androgènes, tels que l’acné, la perte de cheveux et l’hirsutisme. Le SOPK peut également se manifester sur le plan métabolique par une prise de poids, une résistance à l’insuline et un risque élevé de développer un diabète de type 2 », développe-t-elle.

Il existe également une maladie héréditaire, l’hyperplasie congénitale des surrénales, qui peut se manifester tardivement et affecter la croissance des poils du visage, selon le Dr Green.

« La maladie de Cushing est une autre affection qui peut provoquer une pousse soudaine des poils : l’organisme produit trop de cortisol, ce qui entraîne des niveaux plus élevés d’androgènes », explique-t-elle. « La maladie de Cushing est également associée à une prise de poids, à des maux de tête et à des problèmes de glycémie », poursuit-elle.

En bref : si vous êtes en préménopause et que vous développez une pilosité faciale, en particulier si elle apparaît soudainement, consultez votre médecin pour obtenir un diagnostic et un plan de traitement.

Que faire de ses poils au menton  ?

Si certaines d’entre nous sont heureuses de décorer leurs poils de menton avec des perles, comme la présentatrice télé Rosie O’Donnell, la plupart voudront plus probablement s’en débarrasser. Heureusement, selon Mme. Green, il y a beaucoup de solutions.

« L’épilation au laser est une option pratique pour se débarrasser des poils superflus », explique M. Green. « Le laser émet une longueur d’onde spécifique qui cible le pigment ou la mélanine du follicule pileux. Grâce aux progrès technologiques actuels, les lasers peuvent traiter en toute sécurité toutes les couleurs de peau et de cheveux, à l’exception du gris et du blanc, qui ne contiennent pas de mélanine détectable par le laser. »

Par ailleurs, « l’électrolyse est une excellente option pour l’épilation permanente qui fonctionne pour les poils gris et blancs », note-t-elle. « Pendant l’électrolyse, un courant électrique est délivré au fond du follicule, détruisant la racine et endommageant le follicule pour empêcher la repousse du poil. »

Un médecin peut également prescrire un médicament antiandrogène, comme la spironolacton, pour cibler l’excès d’androgènes et empêcher une nouvelle croissance des poils du menton ou d’autres poils inhabituels, selon Mme Green.

« Des crèmes dépilatoires en vente libre peuvent également être utilisées à la maison pour dissoudre les poils, mais ces produits ont tendance à être irritants et peuvent même brûler la peau s’ils ne sont pas utilisés correctement », prévient-elle. « Il existe des crèmes à l’éflornithine délivrées sur ordonnance qui réduisent la croissance des poils, et cette crème est une bonne option pour les poils indésirables sur une petite zone ciblée. »

Enfin, si vous êtes tentée d’arracher les poils de votre menton, Mme Green vous le déconseille vivement. « L’arrachage à la pince à épiler n’est pas la meilleure méthode d’épilation, car il peut endommager la peau et provoquer des poils incarnés et des folliculites », précise-t-elle.

A voir aussi sur Le HuffPost :

« J’ai arrêté de m’épiler, et le monde a continué de tourner »

Au musée des Arts décos, cette exposition rappelle que nos poils ont toujours été politique