La découverte du VIH a 40 ans: retour sur l'histoire du virus responsable du sida

À l'approche de l'été 1981, l'organisme américain de santé CDC signale chez cinq jeunes homosexuels californiens une maladie pulmonaire rare, la pneumocystose. C'est ce qui est vu aujourd'hui comme la première alerte sur le sida, une maladie qui à l'époque ne portait pas encore de nom, mais qui depuis emporté plus de 41 millions de personnes.

Identifié par des chercheurs français

À l'Institut Pasteur, en France, "tout a débuté en 1982 par une rencontre avec des collègues cliniciens qui nous ont fait part de leurs observations chez les premiers malades français, convaincus qu'un rétrovirus pouvait être responsable de cette nouvelle maladie", raconte Françoise Barré-Sinoussi, alors rétrovirologiste à Pasteur.

C'est à cette période que le terme "aids" ("acquired immune deficiency syndrome") apparaît; "sida", en français, pour syndrome d'immunodéficience acquise.

En mai 1983, l'équipe de chercheurs français, composée de Françoise Barré-Sinoussi, Jean-Claude Chermann et Luc Montagnier, annonce avoir "isolé le virus", mais ce n'est qu'en 1984 qu'ils découvrent que ce virus était bien la cause du Sida, explique encore la chercheuse.

Un virus nommé VIH

Tout était encore à apprendre et il a fallu "mobiliser d'autres équipes: des immunologistes, des biologistes moléculaires, des cliniciens et des patients, sachant qu'à l'époque on n'aurait pas le temps de trouver un traitement pour sauver" ceux qui étaient déjà malades, se souvient Françoise Barré-Sinoussi.

"On se retrouvait face à des personnes qui venaient à l'Institut Pasteur pour nous poser des questions sur le virus. Humainement parlant, c'était très difficile", raconte la chercheuse.

Le virus est finalement nommé VIH en 1986, pour "virus de l'immunodéficience humaine". France et Etats-Unis se disputent la paternité de la découverte jusqu'en 1987, date d'un accord franco-américain où Robert Gallo et Luc Montagnier sont qualifiés de "codécouvreurs" du virus du sida. Une paternité cruciale financièrement, en raison des royalties tirés des tests de dépistage découlant directement des découvertes.

"À mes débuts, j'étais une chercheuse qui ne sortait pas de son laboratoire. Je me suis subitement retrouvée face à des choses que je n'imaginais pas possibles, comme le manque de tolérance du grand public vis-à-vis de certaines populations", décrit Françoise Barré-Sinoussi.

Le recours à la trithérapie

En 1994, le sida est la première cause de décès chez les Américains de 25 à 44 ans.

"À l'époque, les malades étaient stigmatisés, lâchés par leurs familles, leurs amis, les professionnels de santé parfois. Certains perdaient leur logement, leur travail", ajoute la chercheuse.

L'arrivée des trithérapies (association des trois molécules contre le VIH) en 1996 marquent alors un tournant considérable, et aux Etats-Unis, le nombre de vicitimes recule pour la première fois.

Quatre ans ans plus tard, le programme sida de l'ONU (Onusida) et cinq grands laboratoires signent un accord pour distribuer des traitements abordables dans les pays pauvres. Un autre compromis est signé en 2001, cette fois-ci pour permettre aux pays en développement de fabriquer des médicaments anti-sida génériques, alors que l'Afrique est le premier continent touché.

Développement des traitements préventifs

Le 16 juillet 2012, un premier traitement préventif est autorisé aux Etats-Unis. En 2017, pour la première fois, plus de la moitié des porteurs de VIH dans le monde suivent un traitement antirétroviral.

Selon les dernières estimations d'Onusida en 2021, cette proportion avoisine les trois-quarts: plus de 28 millions de personnes traitées sur 38,4 millions infectées.

En 2023, les recherches pour un vaccin se poursuivent, sans qu'aucun n'ait encore été trouvé.

Article original publié sur BFMTV.com