Cyril Hanouna : 5 choses à retenir du reportage de "Complément d'enquête"
C'est l'un des événements télévisuels les plus attendus de cette fin d'année 2023. Ce jeudi 30 novembre 2023, "Complément d'enquête" a consacré un numéro à Cyril Hanouna. Une enquête de 66 minutes, résultat d'un an d'investigation, sur celui a révolutionné le petit écran avec son émission "Touche pas à mon poste". Quitte à faire régner une "ambiance de terreur" au sein de la production. Voici les 5 choses à retenir sur ce numéro exclusif.
Si les numéros de "Complément d'enquête" sont toujours très attendus – et appréciés – du grand public, celui dédié à Cyril Hanouna promet déjà d'avoir un effet retentissant. Au programme de ce jeudi 30 novembre 2023, 66 minutes d'un reportage réalisé par la journaliste Virginie Vilar, qui plonge les téléspectateurs dans les coulisses pas toujours reluisantes de l'émission "Touche pas à mon poste".
Au programme : 250 personnes contactées, dont 32 collaborateurs de l'émission phare de C8. Si seules huit personnes d'entre elles disent trouver Cyril Hanouna "formidable", le reste affirme que l'animateur et producteur fait régner "une ambiance de terreur" sur ses équipes.
Des tentatives d'intimidation contre les enquêteurs ?
De passage sur le plateau de "Télématin", Tristan Waleckx, présentateur de l'émission, l'affirme : "À Complément d’enquête, on fait des sujets de société parfois, on fait aussi des portraits de personnalités. Souvent, quand elles ont un pouvoir médiatique, économique, politique… Cyril Hanouna réunit ces trois qualités, donc on trouvait ça intéressant de se pencher sur lui. Il a eu droit au même traitement que toutes les autres personnalités dont on dresse le portrait."
Selon lui, l'objectif de l'émission n'a jamais été de dresser un portrait à charge contre l'animateur populaire. Mais à en croire ce dernier, les équipes de Virginie Vilar ont subi des pressions pendant cette année passée à recueillir des témoignages.
Consultée par nos soins, l'émission fait de nombreuses révélations sur Cyril Hanouna, qui a refusé de répondre aux interrogations des journalistes. Les voici.
1/ Pour Booba, Cyril Hanouna est "un lâche mégalomane à qui l'on a donné trop de pouvoir"
Rare en interview, Booba a accepté d'accueillir Tristan Waleckx à Miami pour répondre à ses questions dans le cadre de l'émission "Complément d'enquête." "Je pense qu'il fait un peu peur, et que de nos jours, les artistes, les footballeurs, les personnalités publiques sont très lâches", affirme-t-il pour expliquer pourquoi il est le seul à prendre la parole au sujet de Cyril Hanouna.
Selon lui, l'animateur a changé. "Au début, c'était bon enfant, il était assez neutre, il ne faisait pas de politique. Puis un jour, il a été récupéré. Je pense que c'est un lâche mégalomane à qui l'on a donné trop de pouvoir, et il a totalement changé. Il est devenu arrogant, agressif. Avant, il était beaucoup plus humble, c'était quelqu'un de simple, de gentil. Pas un homme politique ni un voyou."
Pour le Duc de Boulogne, Cyril Hanouna est "devenu le gourou de son émission. On voit très bien que ses chroniqueurs sont à ses pieds, qu'il les manipule, qu'ils ne sont pas libres de leurs discours." Il va jusqu'à le qualifier de semi-mafieux, semi-racaille" : "Là c'est le nouveau Cyril Hanouna, avec trop de pouvoir, qui connaît deux ou trois mecs du milieu. Lui ne me fait pas peur, mais tout son groupe, toute son organisation, je sais qu'ils sont capables de coups fourrés", glisse-t-il.
Et de conclure : "Pour moi, Cyril Hanouna est un fléau, un manipulateur. Quelqu'un qui donne la parole à des gens qui ne devraient pas être entendus, même s'il y a la liberté d'expression, comme Jean Messiha ou Eric Zemmour, que je considère comme des fachos. Si Adolf Hilter ou Mussolini étaient encore en vie, je pense qu'ils seraient invités sur "TPMP". Si j'avais un message à adresser à Vincent Bolloré, je lui dirais de se débarrasser de Morandini, de Pascal Praud et de Cyril Hanouna, et de rétablir le vrai journalisme, et d'arrêter toute cette mascarade".
2/ Le plan de table, les proches et les "potiches"
Interrogé de manière anonyme, un ancien membre de "Touche pas à mon poste" l'affirme : "Les places sont précises" autour de la table de Cyril Hanouna. "La première place à droite, c'est son copilote. L'invité est à droite, les meilleurs chroniqueurs sont à droite. C'est vraiment la droite l'important."
La source anonyme précise que chaque chroniqueur a sa catégorie : "Valérie Benaïm, c'est la rieuse (...) C'est important pour lui les gens qui rient fort. Matthieu Delormeau c'était l'homosexuel humilié. La dernière place, c'est la place de la potiche. C'est souvent Delphine Wespiser, Kelly Vedovelli..." Ce rôle de potiche, Jessie Claire s'y est retrouvée malgré elle. Après trois mois dans "TPMP", son contrat n'a pas été renouvelé. Sans regret, selon la principale intéressée, qui témoigne face caméra : "Ça me mettait la pression d'être en présence de Cyril, j'avais peur d'être humiliée, tout le temps, dès la première émission. (...) J'étais le nouveau bout de viande et je n'avais pas signé pour ça."
Pourquoi rester dans ces conditions ? Pour la source anonyme de "Complément d'enquête" : "C'est le principe d'un gourou, c'est très difficile d'en sortir. Il vous fait comprendre que vous êtes une merde et vous finissez par le croire. Il vous menace physiquement, aussi."
3/ "Je me suis fait harceler au téléphone. C'était la mère de Cyril Hanouna"
A plusieurs reprises, des personnalités du monde des médias ont dénoncé le harcèlement dont elles avaient été victimes de la part de Cyril Hanouna. C'est le cas de Julien Cazarre, qui a refusé de travailler pour le patron de "TPMP", et l'a expliqué dans une interview accordée à France Football. Peu après, il reçoit un appel de l'animateur. "Le gars m'insulte avec une voix de mec des cités du 93. Une caricature, c'est le Tony Montana du pauvre. J'ai cru à une blague", explique-t-il. "J'ai du mal à imaginer que ce mec me menace physiquement, violemment. Quand j'ai compris qu'il était sérieux, je me suis dit, là on est sur un truc chaud. Je me dis : qu'est-ce qui va se passer si je le croise ?"
Le 8 février 2016, il porte plainte contre Cyril Hanouna pour appels téléphoniques malveillants, et informe ses supérieurs chez Canal +. Ces derniers refusent de le croire, lui promettent d'arranger les choses. Et surtout, lui demandent de retirer sa plainte. Une plainte finalement classée sans suite, l'infraction n'étant pas suffisamment caractérisée, selon la justice.
Michael Zazoun, lui, a été harcelé par une personne très proche de Cyril Hanouna, après avoir l'avoir accusé d'homophobie dans une tribune, publiée sur Facebook. "Il a dit tout fort : "Je ne veux pas re-signer Zazoun. C'est un pédé, et les pédés ça fini toujours pas t'enculer." Une phrase qui a poussé cet ancien animateur d'une émission produite par Cyril Hanouna sur Virgin Radio à démissionner, et à reprendre son ancien travail de pharmacien. La tribune est "partie comme une traînée de poudre", affirme le principal intéressé. "Dimanche, je commence à recevoir deux appels anonymes. Lundi matin, à mon réveil, ça rappelle, et ça raccroche, de manière très répétée. Au bout de 10 ou 15 appels, j'entends : "Tu n'as pas honte de ce que tu as fait à Cyril Hanouna ?""
La personne en question l'appelle sur son téléphone portable, mais appelle aussi ses collègues de travail. "Je me suis dit, ça va loin. C'est une espèce de menace sourde."
Michael Zazoun porte plainte contre X pour appels malveillants et injures en fonction de l'orientation sexuelle. Deux jours plus tard, un policier l'appelle : "Il me dit : on sait qui vous a harcelé au téléphone. C'est madame Hanouna. Je suis tombé de 15 étages. La mère de Cyril qui est capable de faire ça, qui se croit toute puissante, à l'instar de son fils." Des faits pour lesquels Esther Hanouna a été condamnée à 440 euros d'amende.
4/ "On raconte des choses qui sont fausses"
"Quand quelqu'un dit quelque chose qui ne lui plait pas, il peut recevoir un texto qui lui dit qu'il ne revient pas la semaine prochaine. Et juste comme ça, il prive quelqu'un de cinq jours de salaire." La source anonyme de "Complément d'enquête" l'affirme également : c'est Cyril Hanouna qui décide de chaque parole qui doit être prononcée par les chroniqueurs. Textos à l'appui, les journalistes évoquent les échanges programmés. Les interventions des chroniqueurs sont dictées au mot près, ou presque, par la production. Des propos contestés par les avocats de Cyril Hanouna, qui affirment que chacun est libre de ses propos.
Un mensonge, selon la source anonyme, qui évoque l'exemple d'un débat sur la peine de mort, qui avait fait couler beaucoup d'encre. "On a demandé à l'équipe de débattre sur la peine de mort. Evidemment, tous les chroniqueurs étaient contre. Cyril a dit : "Il n'y aura pas de débat, ça fait chier. Débrouillez-vous, mais il y en a deux qui doivent être pour". Tout est faux, c'est ça qui est assez marrant. On raconte des choses qui sont fausses."
5/ Arnaud Lagardère prend la défense de Cyril Hanouna
Directeur Général de Lagardère Active, groupe audiovisuel qui possède notamment Virgin Radio, où officiait Cyril Hanouna, a longtemps été le patron de l'animateur de C8. Aujourd'hui, il est surtout son ami. À tel point qu'il lui a demandé l'autorisation pour pouvoir répondre aux questions de "Complément d'enquête". "A ses tous débuts à Virgin, il m'intéressait, et plusieurs personnes m'ont dit : il mérite d'être connu", explique-t-il.
Selon lui, Cyril Hanouna a un vrai potentiel, notamment parce qu'il est un bosseur. "On a l'impression que c'est quelqu'un qui se repose sur son talent inné, mais en réalité, c'est quelqu'un qui travaille énormément." Selon lui, Vincent Bolloré, l'ancien président du conseil de surveillance de Vivendi et du groupe Canal+ a bien fait d'investir plusieurs centaines de millions d'euros dans les émissions de l'animateur et producteur. "S'il a fait un pari sur Cyril Hanouna, que certains ont jugé inconsidéré, il l'a gagné, et il a eu raison de le faire", clame-t-il.
D'ailleurs, selon "Complément d'enquête", depuis le rachat du groupe de presse Prisma Media par Vivendi en juin 2021, les consignes données aux journalistes ont changé. L'objectif ? Ne plus parler du tout de Cyril Hanouna, ou en tout cas le moins possible. "Si on fait des articles, on risque d'en faire en bien ou en mal, et du coup, on n'en fait pas du tout pour éviter de n'en faire qu'en bien. Ce que je vous dis, je l'ai entendu du rédacteur en chef. Quand il y a des nouveaux qui arrivent, ils peuvent ne pas être au courant de ces choses-là et de proposer un sujet sur Hanouna. Et à chaque fois l'explication, c'est "on ne fait rien sur Hanouna", affirme un journaliste anonyme.
Vidéo. Complément d'enquête sur Cyril Hanouna : révélations sur sa fortune et ses bateaux, une réussite sur laquelle il reste discret
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