Cyclisme: Alaphilippe plombé par Lefevere? "Il s’est tué tout seul", estime Jérôme Pineau
C’était le 5 juin 2023, en Haute-Loire, dans le petit bourg de La Chaise-Dieu. Déjà sous le feu des critiques, Julian Alaphilippe s’imposait en costaud devant Richard Carapaz sur la deuxième étape du Critérium du Dauphiné. Il espérait alors en avoir fini avec les galères. Raté. Elles n’ont fait que se multiplier. Contraint à l’abandon samedi sur les Strade Bianche, après avoir déjà empilé les chutes une semaine plus tôt sur le Nieuwsblad en Belgique, le double champion du monde (2020, 2021) semble plongé dans un long cauchemar. Un calvaire alimenté en début d’année par les violentes critiques de son patron chez Soudal-Quick Step, Patrick Lefevere, qui n’a pas hésité à tailler son hygiène de vie en plus d’envoyer des piques à sa compagne, Marion Rousse.
Pour Pineau, Alaphilippe "n'y est plus sportivement"
De quoi poser une question : Lefevere a-t-il "tué" Alaphilippe ? Dans les Grandes Gueules du Sport ce dimanche sur RMC, Jérôme Pineau a répondu par la négative. "Depuis sa lourde chute sur Liège-Bastogne-Liège (en avril 2022), Alaphilippe ne met plus un pied devant l’autre, il n’y est plus sportivement. Il a enchaîné les chutes et les incidents. Il n’arrive plus à tenir sur son vélo, il n’est plus dans le coup et n’y est plus physiquement. Lefevere ne parle pas pour rien. J’ai défendu Julian la semaine dernière en disant que ça n’a pas à être dans la presse. En revanche, s’il le dit c’est qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Il sait ce qui se passe dans son équipe. Patrick Lefevere a-t-il tué Julian Alaphilippe ? Non. Alaphilippe s’est tué tout seul", a expliqué l’ancien coureur professionnel, qui a porté les couleurs de Quick Step de 2009 à 2013.
Et d’ajouter : "Il a eu une grosse chute mais depuis il n’a pas fait les efforts nécessaires pour revenir au niveau où il était. Il a un très gros salaire et il a la vie qu’il a à côté, mais je n’en parlerai pas. Je ne dis pas que c’est bien ou pas, c’est la méthode Lefevere. Alaphilippe s’est tué tout seul en ne faisant pas les efforts nécessaires. Il y a eu trop d’erreurs dans sa vie, son job et ses choix pour qu’on puisse attendre de Julian Alaphilippe qu’il redevienne le vrai Julian Alaphilippe. Ce n’est pas possible de faire ce qu’il fait en ce moment et d’avoir les résultats pour être au haut niveau."
Weis et Douillet en désaccord avec Pineau
Autour de table, Fred Weis, ancien pivot de l’équipe de France, n’était pas franchement d’accord. "C’est scandaleux de laver son linge sale en public. Je ne sais pas si Lefevere a tué Alaphilippe, mais il l’a achevé. L’attaquer sur sa vie personnelle ne va pas l’aider à aller mieux sur le vélo. Tu ne mets pas un coureur dans les bonnes conditions en agissant comme ça. Ce n’est pas bien", a-t-il rétorqué. Un point de vue partagé par David Douillet, lui aussi agacé par les piques répétées de Lefevere : "Ce n’est pas très intelligent de balancer ce genre de choses sur la place publique. Pour un patron d’équipe, c’est une erreur majeure de management, il ne récupérera jamais son athlète. C’est une rupture de confiance. Tu ne dois pas crucifier ton athlète sur la place publique."
Sauf improbable retournement de situation, l'avenir d'Alaphilippe - en fin de contrat à l'issue de la saison - devrait s'écrire sous d'autres couleurs en 2025. "Je pense que dans une équipe familiale il peut rebondir, a souligné Jérôme Pineau. Plus jamais au même niveau. Il pourra gagner des étapes sur le Tour, mais être champion du monde et gagner des grandes classiques, c’est fini."