Cyberharcèlement de Magali Berdah: 28 personnes condamnées, des peines de prison ferme prononcées
28 personnes ont été jugées entre novembre et janvier pour le cyberharcèlement en meute de l'agente d'influenceurs Magali Berdah. Elles ont toutes été reconnues coupables ce mardi 19 mars de cyberharcèlement et de menaces de mort, entre autres.
Il s'agit de la plus grande affaire de cyberharcèlement passée devant la justice française. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce mardi 19 mars les 28 personnes jugées entre novembre et janvier pour le cyberharcèlement en meute de l'agente d'influenceurs Magali Berdah à des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à 18 mois de prison dont 12 mois de prison ferme, sous bracelet électronique.
Tous les prévenus ont été déclarés coupables de l’intégralité des faits qui étaient jugés: cyberharcèlement, menaces de mort, menaces de crimes, menaces en raison de l’appartenance supposée à une religion. 14 ont écopé de peines de prison avec sursis et 14 de peines de prison ferme. Les prévenus doivent aussi verser au total 54.000€ de dommages et intérêts à Magali Berdah.
Les avocats de celle qui est aussi influenceuse ont salué dans un communiqué "une réponse judiciaire à la hauteur de la gravité des faits" dont leur cliente a été victime. "La sévérité des peines prononcées est sans précédent dans une affaire de cyberharcèlement", ont encore souligné Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo & David-Olivier Kaminski.
Des dizaines de milliers de messages
Ces peines vont au-delà des réquisitions du parquet. Soulignant que "l'espace numérique n'est pas une zone de non-droit", le parquet avait requis des peines de prison, parfois assorties du sursis, contre les 28 mis en cause. Les prévenus, âgés de 20 à 49 ans et résidant dans toute la France, se voyaient reprocher d'avoir insulté et/ou menacé de mort la victime.
Les débats avaient permis d'évoquer la virulence des dizaines de milliers de messages reçus par Magali Berdah, 42 ans, qui a confié au tribunal avoir été "à deux doigts de (se) jeter par la fenêtre".
La plupart des prévenus ont expliqué qu'ils avaient voulu reprocher à Magali Berdah des pratiques commerciales trompeuses qu'elle aurait pu commettre à travers sa société Shauna Events - qui met en relation influenceurs et marques. Presque tous ont évoqué le rôle dans cette controverse du rappeur Booba, qui s'est lancé en 2022 dans une croisade contre Magali Berdah et contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs" et qu'il accuse de multiples arnaques à l'encontre des internautes.
Booba mis en examen
Booba est lui-même mis en cause dans ce dossier, mais à travers une procédure distincte: il est mis en examen depuis octobre 2023 pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire. La justice le soupçonne d'avoir envoyé, entre mai 2022 et mai 2023, au moins 487 messages sur les réseaux sociaux visant "directement" Magali Berdah, d'après des éléments de l'enquête consultés par l'AFP.
Dans une interview diffusée sur France 2 début décembre, Booba avait rejeté toute responsabilité dans les faits reprochés aux 28 prévenus, réfutant avoir été le chef d'une "meute".
Magali Berdah doit par ailleurs être elle-même jugée en septembre à Nice pour banqueroute et blanchiment, mais pour des faits antérieurs à la création de sa société Shauna Events, tandis que cette agence fait l'objet d'une enquête préliminaire à Paris, notamment pour escroquerie. Quoi qu'il en soit, "rien ne saurait justifier le cyberharcèlement, et certainement pas le comportement de la personne qui en est la cible", a commenté auprès de l'AFP Me Rachel-Flore Pardo.