Croire en l’humanité et en la science, il n’y a pas d’autre choix

Des élèves de l'École polytechnique lors du défilé militaire sur l'avenue des Champs-Élysées, à Paris , le 14 juillet 2022.  - Credit:Ludovic Marin/AFP
Des élèves de l'École polytechnique lors du défilé militaire sur l'avenue des Champs-Élysées, à Paris , le 14 juillet 2022. - Credit:Ludovic Marin/AFP

Longtemps, la France s'est proclamée pays des sciences, ce que le monde admettait sans grandes réserves. C'était l'héritage de nos rois passionnés de techniques et d'inventions, la conséquence des Lumières qui voyaient, dans les progrès de l'humanité, un chemin sûr vers la liberté, la volonté de la Révolution, de l'Empire et des Républiques d'en faire une des gloires de la nation.

Fondée en 1794, l'École polytechnique fut à la fois le fleuron des sciences françaises et la fierté des régimes politiques successifs. Encore aujourd'hui, c'est elle, par exemple, qui ouvre le défilé du 14 Juillet. Bicorne et épée, ces jeunes têtes pleines – et en principe bien faites – sont les successeurs des Prix Nobel Becquerel (Physique, 1903), Allais (Économie, 1988), Tirole (Économie, 2014), des maréchaux Vaillant, Niel, Fayolle, Joffre ou Lyautey, des trois présidents de la République – Sadi Carnot (1857), Albert Lebrun (1890) et Valéry Giscard d'Estaing (1944) – et de milliers d'autres ingénieurs de haut niveau, de capitaines d'industrie et d'inventeurs qui ont rendu la vie humaine plus facile et souvent meilleure. Avec les policiers, les gendarmes et les légionnaires, les polytechniciens recueillent, ce jour-là, de forts applaudissements.

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Et pourtant, les élèves du défilé 2022 avaient, quelques semaines plus tôt, chahuté leurs maîtres lors de la cérémonie de fin de promotion en déclarant : « La science ne nous sauvera [...] Lire la suite