La crise entre Wendie Renard et Corinne Diacre est loin d’être une première dans le vestiaire des Bleues

Mise à mal par la décision de Wendie Renard, la sélectionneuse de l’équipe de France de football Corinne Diacre est plus que jamais sur un fil.
FRANCK FIFE / AFP Mise à mal par la décision de Wendie Renard, la sélectionneuse de l’équipe de France de football Corinne Diacre est plus que jamais sur un fil.

FOOTBALL - Sale temps pour les Bleues. Bien qu’inattendue la déclaration de la capitaine emblématique de l’équipe de France de football n’a pas semblé surprendre grand monde, à en croire les nombreux messages de soutiens reçus par Wendie Renard ce vendredi 24 février.

Le torchon brûle en équipe de France féminine et cette situation ne date pas d’hier, comme en atteste son message partagé sur Instagram et la vague de défections qui s’est ensuivie : Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto ont également annoncé leur mise en retrait des Bleues. « Je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau », avait écrit la joueuse lyonnaise sur Instagram, avant d’être suivie par plusieurs de ses coéquipières de sélection.

« C’est le cœur lourd que je viens par ce message vous informer de ma décision de prendre du recul avec l’Équipe de France. Je ne ferai malheureusement pas cette Coupe du monde dans ces conditions », assure-t-elle encore, laissant penser qu’elle ne portera plus le maillot de la sélection tant que la sélectionneuse française Corinne Diacre et son staff seront en place.

Derrière ces déclarations lourdes de sens à un peu moins de cinq mois de la Coupe du monde organisée en Australie et en Nouvelle-Zélande, un malaise tenace au sein du vestiaire français. De quoi mettre à mal le management de la sélection féminine mais surtout Corinne Diacre, sélectionneuse souvent critiquée en interne depuis sa prise de fonction en 2017.

Renard/Diacre, une relation houleuse

C’est d’abord le timing de cette déclaration qui interroge. Seulement trois jours après le dernier rassemblement de l’équipe de France. Et ces derniers jours, les déclarations des deux femmes dévoilaient déjà les divergences de point de vue sur la gestion de l’équipe à l’approche d’une compétition cruciale pour les Françaises, toujours à la recherche de leur premier titre mondial.

Quand Wendie Renard soulignait le manque de « temps » pour se lancer dans l’expérimentation d’un nouveau système tactique, Corinne Diacre assumait plutôt une « revue d’effectif » et des « essais » multiples à quelques mois du Mondial.

Mais les deux femmes partagent également un passif houleux, notamment lors de l’arrivée de l’ancienne footballeuse à la tête des Bleues. Après sa prise de fonction en 2017, Corinne Diacre avait par exemple retiré le brassard historique de capitaine à la défenseuse martiniquaise, malgré sa longue expérience au sein de l’équipe. Le brassard n’était revenu à Wendie Renard qu’en septembre 2021, à la surprise générale d’ailleurs.

Privé de son brassard de capitaine par Corinne Diacre en 2017, Wendie Renard avait été contrainte d’attendre jusqu’en 2021 pour le récuperer.
LINDSEY PARNABY / AFP Privé de son brassard de capitaine par Corinne Diacre en 2017, Wendie Renard avait été contrainte d’attendre jusqu’en 2021 pour le récuperer.

En décembre 2019, la joueuse de l’OL s’était confiée dans son autobiographie, Mon étoile, sur le retrait de ce capitanat, confiant avoir « beaucoup souffert de son désaveu et sa brutalité » et citait l’exemple d’un rassemblement en début d’année 2018 où Corinne Diacre avait lancé : « Il va falloir que tu rentres vite dans le rang si tu ne veux pas rester chez toi », à Wendie Renard, car la joueuse avait refusé de lui faire la bise.

Renard, Bouhaddi, Henry, même combat

Wendie Renard est loin d’être la seule à remettre en question les choix et le management de la sélectionneuse française. L’année 2020 avait déjà été particulièrement mouvementée pour les Françaises, après les sorties successives d’Amandine Henry et Sarah Bouhaddi.

Sarah Bouhaddi, ancienne gardienne des cages tricolores s’était livrée cette année-là dans une interview lapidaire pour OL TV. Elle dénonçait alors le « climat très négatif » autour de Diacre, estimant qu’il était « impossible » de « gagner un titre avec cette sélectionneuse ». Au point de mettre « entre parenthèses [s]a carrière internationale », comme vient de le faire Wendie Renard.

Diacre a par ailleurs écarté de longue date d’anciennes joueuses emblématiques et partenaires de Renard à Lyon, comme Eugénie Le Sommer et Amandine Henry. Cette dernière, désignée capitaine de l’équipe de France à la place de Wendie Renard lors de la prise de fonction de Corinne Diacre avait elle aussi dénoncé fin 2020 ce climat délétère après sa non-sélection, estimant que sa pensée « est le ressenti de la majorité de l’équipe » et que « certaines filles n’osent pas parler » dans le groupe France.

Mais au-delà de certains choix discutables de Corinne Diacre, elle est surtout critiquée en interne pour son « management dur et parfois cassant » et « qui se heurte aux caractères les plus forts », comme avançait le journal L’Équipe en 2020. « La sélectionneuse ne laisse pas de place aux états d’âme [...] elle peut parfois être directe dans ses critiques et cette méthode a laissé des traces ».

Wendie Renard, Amandine Henry et Sarah Bouhaddi, lors d’un match amical entre la France et l’Allemagne en février 2018.
FRANCK FIFE / AFP Wendie Renard, Amandine Henry et Sarah Bouhaddi, lors d’un match amical entre la France et l’Allemagne en février 2018.

Souvent questionnée sur ce sujet, la principale intéressée à toujours évoquer « une minorité » de frondeuses dans le vestiaire de l’équipe de France. Parmi elles, Amandine Henry, Sarah Bouhaddi, Amel Majri, Wendie Renard, Eugénie Le Sommer ou encore Gaëtane Thiney. Mais d’autres joueuses ont également été génées par la méthode Diacre, sans toutefois monter au créneau, instaurant mois après mois ce climat de défiance et de méfiance.

Le chaos actuel au sein de la Fédération française de football et autour de Noël Le Graët a-t-il poussé Wendie Renard à sortir du silence pour faciliter un départ de Corinne Diacre ? À cinq mois de la Coupe du monde, la question semble légitime, surtout que la défenseuse a toujours montré envie et intérêt pour le maillot tricolore.

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