Robert Hendy-Freegard, le fugitif de la Creuse, escroc au cœur d’un docu Netflix

« The Puppet Master », une série docu sortie en janvier, retrace le parcours de ce manipulateur britannique, soupçonné d’avoir renversé deux gendarmes près de Guéret.

FAITS DIVERS - C’est une affaire rocambolesque digne d’une série Netflix. Les gendarmes de six départements sont à la recherche d’un homme suspecté d’avoir renversé deux des leurs, ce jeudi 25 août, à une trentaine de kilomètres de Guéret (Creuse), alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle d’identité. Selon la maire de la commune —une information dont Le HuffPost a pu avoir confirmation—, le fugitif est un escroc britannique bien connu de la police au Royaume-Uni. À tel point qu’il a fait l’objet d’une série documentaire sur la plateforme de streaming.

Les faits se déroulent jeudi après-midi à Vidaillat, une petite commune de moins de 200 habitants. Une équipe de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DETSPP) doit procéder à un contrôle sanitaire dans un élevage canin. Elle est appuyée par deux gendarmes.

Selon la maire, Martine Laporte, cet élevage tenu par un couple de Britanniques fait l’objet de plusieurs signalements depuis deux ans. 26 chiens y seraient détenus en cage de manière illégale et à proximité des riverains, indique-t-elle à France Bleu Creuse. « Les habitants de la Forêt-Belleville ont très vite compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas », raconte-t-elle.

Un gendarme toujours hospitalisé à Guéret

Les gendarmes et l’équipe de la préfecture sont déjà présents lorsque l’homme arrive chez lui à bord de son Audi A3, rapporte Franceinfo. Ils procèdent au contrôle de son identité. « Alors que la gendarmerie demandait à l’un des conjoints de se déplacer à la brigade la plus proche pour réaliser les vérifications d’usages, l’individu a démarré son véhicule puis percuté les deux militaires avant de prendre la fuite », indique la préfecture de la Creuse dans un communiqué.

Les deux gendarmes ont été « sévèrement blessés » et ont fait l’objet d’une incapacité totale de travail (ITT) de 21 jours pour l’un, toujours hospitalisé à Guéret, et de six jours pour l’autre, qui a regagné son domicile. Le militaire hospitalisé souffre d’une fracture ouverte au niveau du nez et devrait sortir de l’hôpital dans l’après-midi, a indiqué la gendarmerie de la Creuse à un correspondant de l’AFP.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait part jeudi sur Twitter de son « plein soutien » aux gendarmes blessés.

Le suspect de 51 ans était toujours recherché, ce vendredi 26 août, par les gendarmes de Creuse, Corrèze, Haute-Vienne, Allier, Indre et Puy-de-Dôme, a ajouté la gendarmerie. Une enquête a été ouverte par le parquet de Guéret pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

« The Puppet Master : Leçons de manipulation »

La maire de la commune a donc révélé l’identité du fugitif. Robert Hendy-Freegard, un nom « très connu des services de police du Royaume-Uni pour des faits d’escroquerie sur plusieurs femmes ». D’après elle, il est arrivé à Vidaillat avec sa compagne en 2015.

Connu de la police, au point de faire l’objet d’une série documentaire de Netflix sortie en janvier dernier, « The Puppet Master : Leçons de manipulation ». Réalisée par Sam Benstead et Gareth Johnson, ses trois épisodes racontent la traque d’un « cruel arnaqueur déguisé en espion britannique », qui « manipule et vole ses victimes, laissant des familles ruinées dans son sillage ».

Une femme, Sarah Smith, raconte notamment dans la série comment Robert Hendy-Freegard s’est fait passer auprès d’elle et ses amis pour un agent du MI5, le renseignement intérieur du Royaume-Uni, leur faisant croire qu’ils étaient en danger parce qu’un étudiant de leur université s’était fait arrêter pour trafic d’armes en lien avec l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise. Ils ont accepté de fuir sous sa protection. Sarah Smith n’est pas rentrée chez elle pendant dix ans.

De leur côté, Sophie et Jake Clifton détaillent comment leur mère, Sandra, a été manipulée par Robert Hendy-Freegard —qui se faisait appeler David— à partir de 2012. Ils racontent l’emprise, la manipulation psychologique, et les bizarreries : son refus de donner son nom de famille, le fait qu’il ait de l’argent sans pour autant avoir un travail. Ils ont finalement été forcés de quitter le domicile familial.

À cette époque, l’escroc avait déjà été condamné à la perpétuité, en 2005, pour « pléthore de délits », rapporte The Guardian : kidnapping, vol et tromperie. Mais il a été blanchi en appel deux ans plus tard les faits de kidnapping et libéré, selon le quotidien britannique. Pour les avocats d’Hendy-Freegard, ses victimes présumées n’étaient pas physiquement retenues et étaient libres de s’enfuir quand elles le souhaitaient.

Selon les propos de la maire de Vidaillat rapportés par France Bleu, la compagne actuelle du fugitif vivait totalement recluse. « On ne voyait jamais sortir Madame », raconte-t-elle. Ses enfants, contactés par la municipalité en février dernier, la pensaient disparue.

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