Créer des bruits artificiels pour les voitures électriques
La source
Die Zeit est “la” publication allemande de référence. Pointu et exigeant, ce (très) grand journal d’information et d’analyse politique, situé à Hambourg, paraît tous les jeudis. Il a été créé en 1946 dans la zone d’occupation britannique, après la défaite allemande au terme de la Seconde Guerre mondiale. Il appartient au groupe Holtzbrinck.
Toutes les semaines, nous publions un contenu de la série “En vrai, c’est comment”, qui présente de courts témoignages de personnes qui ont raconté à Die Zeit ce qui les enthousiasme dans leur métier ou leur passion.
J’avais postulé chez Audi pour rendre les voitures électriques plus silencieuses. Mais en fait, je les rends plus bruyantes.
Mon collègue Rudi Halbmeir et moi, on s’occupe du bruit artificiel qu’elles émettent. Ça s’appelle l’Avas, pour acoustic vehicle alerting system [“système d’avertissement acoustique de véhicule”]. Et c’est obligatoire depuis 2021 sur tous les nouveaux modèles de véhicules électriques qui sortent dans l’Union européenne.
Ça sert à alerter les personnes malvoyantes ou les piétons distraits.
Le système est obligatoire jusqu’à 20 km/h. Au-delà, le bruit du roulement suffit.
Ne pas taper sur les nerfs
Il y a un paquet de règles. Par exemple, le bruit doit présenter une certaine ressemblance avec celui d’un moteur – on ne peut donc pas passer tout simplement sa chanson préférée !
On ne voulait pas non plus imiter le bruit d’un moteur thermique. Quand l’une de nos voitures électriques roule, je veux aussi entendre qu’elle roule à l’électricité.
Le défi, c’est de développer un son qui respecte la réglementation mais qui ne tape pas sur les nerfs.
On recherche donc de courtes séquences audio qu’on diffuse en boucle sur un haut-parleur à l’avant de la voiture, dans l’espace moteur, et éventuellement à l’arrière, à côté du logement de la roue.
Le mieux, ce serait d’utiliser un instrument de musique : tu pinces une corde de guitare ou tu tapes sur une batterie.
On a essayé, mais comme ces bruits brefs sont répétés à l’infini, la batterie sonnerait comme une Trabi [une Trabant, une voiture est-allemande dont le nom est désormais synonyme de vieux tacot] : pokpokpok.