Covid, variole du singe, zoonoses : Brigitte Autran nommée à la tête du nouveau comité sur les risques sanitaires

Dans le service de réanimation pour patients infectés par le Covid-19 de l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 5 janvier 2022.
NICOLAS TUCAT via Getty Images Dans le service de réanimation pour patients infectés par le Covid-19 de l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 5 janvier 2022.

NICOLAS TUCAT via Getty Images

Dans le service de réanimation pour patients infectés par le Covid-19 de l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 5 janvier 2022.

CORONAVIRUS - Fini Jean-François Delfraissy et le Conseil scientifique, installé au début de la pandémie de Covid-19 en 2020, c’est désormais l’immunologue Brigitte Autran qui va prendre la tête du nouveau « comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires ». Une nomination, attendue depuis plusieurs jours, officialisée ce mercredi 17 août dans un arrêté publié au Journal officiel et révélée dans une interview publiée mardi soir sur le site du Parisien, où la nouvelle présidente explique que l’objectif de ce nouveau groupe d’experts sera d’« avoir un coup d’avance » sur les nouveaux risques sanitaires.

Les recherches de Brigitte Autran ont surtout concerné le sida. En 1981 à l’hôpital Bichat-Claude Bernard, elle est la première interne de France à être confrontée à un patient atteint du VIH. « Je m’en souviens comme si c’était hier », avait-elle confié à Têtu. « À ce moment-là, on est complètement dans le flou, a-t-elle raconté. On ne sait même pas que c’est un virus. On est simplement face à un patient qui souffre d’un abcès cérébral et qui est extrêmement maigre. » L’homme sera le premier mort du sida en France.

« Il y aura une vague de Covid à l’automne »

Depuis, l’immunologue de 68 ans est devenue spécialiste du VIH et est reconnue pour ses travaux sur la trithérapie. Pendant la pandémie de Covid, elle figurait aussi au Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale contre le Sars-Cov 2, pour son expertise sur les vaccins. Aujourd’hui, elle est au premier plan avec ce comité, créé cet été, avec une visée plus large que le Conseil scientifique. « Le scénario le plus probable est celui d’un pic épidémique à la rentrée », confirme Brigitte Autran. « Il est quasi certain qu’il y aura une vague à l’automne », poursuit-elle, regrettant qu’« il y (ait) encore trop de personnes non vaccinées ou non revaccinées ».

Mais le Covid ne sera pas la seule préoccupation de ce nouveau comité, qui aura une composition élargie de 11 à 19 membres pour anticiper ou se prémunir de « risques différents », explique-t-on au ministère de la Santé, qui chapeaute la sélection, en lien avec le ministère de la Recherche dirigée par Sylvie Retailleau. Objectifs ?« S’appuyer sur une expertise toujours très pointue et indépendante mais ouverte à de nouveaux volets car les risques d’hier, ne sont pas forcément les risques d’aujourd’hui ou de demain. Il faut élargir à d’autres risques sanitaires liés aux agents infectieux atteignant l’homme et l’animal, aux polluants environnementaux et alimentaires ainsi qu’au changement climatique », explique-t-on.

Les 18 autres membres en cours de recrutement

Les membres seront nommés pour une durée de deux ans, renouvelable une fois. Brigitte Autran s’attelle d’ailleurs encore au recrutement de seize scientifiques « incontestables » et « collégiaux », un représentant des citoyens, et un des patients et donne pour objectif au comité d’être opérationnel dès la rentrée. « En cas de crise sanitaire », elle pourra « proposer de faire appel à des personnalités supplémentaires pour leurs expertises spécifiques », précisait le décret qui instaurait la nouvelle instance.

La mission du comité sera de « guider sur des bases scientifiques les actions du gouvernement, explique Brigitte Autran au Parisien. Mais le 'plus' de ce Comité de veille et d’anticipation de tous les risques sanitaires est qu’il ne naît pas pendant ou en réaction à une crise, comme celle du Covid mais en amont des prochaines. »

La variole du singe « est un virus qu’on peut maîtriser »

Cette nouvelle instance s’attache à une vision globale, qualifiée de « one health » par ses promoteurs, et est de plus en plus défendue par l’OMS et de nombreux spécialistes de santé publique. « Des maladies peuvent être transmises de l’animal à l’homme, ou l’inverse, ou même revenir en boomerang de l’un à l’autre », détaille l’immunologue. « On le sait depuis longtemps mais sans en prendre totalement la mesure », et « aujourd’hui, les politiques publiques doivent prendre en compte ce fait », a-t-elle souligné.

« En 2006, on a eu le chikungunya. En 2009, H1N1. EN 2014, Ebola, 2016, Zika, 2019, le coronavirus, 2022, le Monkeypox… », énumère Brigitte Autran, qui souligne que « depuis quinze ans, les crises sanitaires se multiplient et celles de demain ne seront pas celles d’hier ou d’aujourd’hui ». Et sur la propagation la plus récente d’un virus - la variole du singe ou monkeypox-, la professeure en immunologie estime qu’il faut « intensifier la campagne et faciliter l’accès aux vaccins ».

Selon elle « de par sa nature, ses voies de transmission, c’est un virus qu’on peut maîtriser ». « Une stratégie zéro Monkeypox est possible, contrairement à celle du zéro-Covid », avance Brigitte Autran, rappelant la « nécessité absolue à vacciner les populations cibles ». Dans les pays occidentaux, le virus touche majoritairement les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.

Des associations de lutte contre les discriminations LGBT+ ont d’ailleurs appelé vendredi le gouvernement à accélérer la vaccination contre la variole du singe afin que l’ensemble du public cible soit protégé avant fin septembre, jugeant que l’on est actuellement « loin du compte ».

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