Le Covid a fait reculer le développement humain de cinq ans, alerte l’ONU

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PLANETE - Du jamais vu. Pour la première fois depuis sa création, il y a plus de 30 ans, l’Indice de développement humain mondial, qui prend en compte espérance de vie, éducation, et niveau de vie, recule deux années de suite. Publiée jeudi 8 septembre par le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), cette note agglomère des indicateurs très différents, comme l’espérance de vie ou les niveaux d’éducation et de revenu.

« Cela veut dire que nous mourons plus tôt, que nous sommes moins éduqués et que nos revenus baissent, s’alarme Achim Steiner, patron du Pnud, lors d’un entretien avec l’AFP. Avec ces trois paramètres, vous pouvez avoir une idée de pourquoi les gens commencent à être désespérés, frustrés, inquiets pour l’avenir ».

La France continue de légèrement reculer dans le classement, et prend la 28e place. En haut de la liste, se trouvent toujours la Suisse, la Norvège et l’Islande. Et tout en bas, le Soudan du Sud, devant le Tchad et le Niger.

Le Covid, « plus grande depuis la Seconde guerre mondiale »

En résumé le monde est revenu au même niveau de développement… qu’en 2016. Un recul de 5 ans, principalement dû à la crise du Covid, selon le Pnud. En 2021, le coronavirus a causé le décès de plus de six millions de personnes à travers le monde. L’espérance de vie en a fortement été impactée, et a baissé de plus d’un an et demi entre 2019 et 2021 (71,4 ans en 2021 contre 73 ans en 2019). En temps normal, elle est censée gagner quelques mois chaque année.

La pandémie a également provoqué une véritable crise éducative, perturbant la scolarité des écoliers du monde entier pendant près de deux ans. En mars 2021, l’Unicef lançait l’alerte : plus de 168 millions d’enfants ont vu leurs écoles fermer leurs portes. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, 70 % des enfants de 10 ans sont incapables de lire ou de comprendre un texte simple, contre 53 % avant la pandémie.

La crise du Covid est « la plus grande crise mondiale du développement humain depuis la Seconde Guerre mondiale », pointe le rapport du Pnud. La période a également été marquée par de nombreux licenciements et ralentissements de l’économie mondiale, ayant un impact désastreux sur le niveau de vie.

Un retour à la normale quasi-impossible

Le prochain rapport, celui de l’année 2022, s’annonce déjà catastrophique. « Sans aucun doute, la perspective pour 2022 est sombre » affirme Achim Steiner. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de six mois, les incendies et inondations se multiplient partout dans le monde. Selon le PNUD, le cumul de ces crises met en péril la sécurité alimentaire et énergétique de nombreux pays. « Nous avons vécu des catastrophes avant, nous avons eu des conflits avant, mais la confluence de ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui est un recul majeur pour le développement de l’humanité », s’inquiète Achim Steiner.

Pour sortir la tête de l’eau, le mot d’ordre est celui de « s’adapter ». « La transformation dont nous avons besoin requiert de nouveaux indicateurs : bas carbone, moins d’inégalités, plus de durabilité…  » plaide-t-il Achim Steiner.

Le rapport suggère donc de se concentrer sur trois axes : investissements, notamment dans les énergies renouvelables et la préparation aux futures pandémies, assurance (y compris protection sociale) pour absorber les chocs, et innovations pour renforcer les capacités à faire face aux prochaines crises.

Le PNUD appelle également à ne pas poursuivre la récente tendance à la baisse de l’aide au développement destinée aux pays les plus vulnérables. Ce serait une « grave erreur », qui réduirait « nos capacités à travailler ensemble », insiste Achim Steiner. Alors que « changement climatique, pauvreté, cybercriminalité, pandémies nécessitent que nous travaillions ensemble, en tant que communauté internationale ».

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