Covid-19 : pourquoi le vaccin AstraZeneca est-il aussi attendu ?

Le vaccin d'Oxford/AstraZeneca est déjà autorisé au Royaume-Uni.

Plus simple à transporter, il doit permettre d’accélérer la campagne de vaccination en France. Mais des données inquiètent les autorités sanitaires.

Le vaccin d’Oxford/AstraZeneca, déjà autorisé au Royaume-Uni, pourrait très prochainement faire son arrivée en France, une fois que l’Agence européenne du médicament aura donné son feu vert. Un vaccin très attendu par les autorités sanitaires, qui misent sur ses caractéristiques pour accélérer la campagne vaccinale en France.

Alors que les deux vaccins déjà utilisés en France, développés par Pfizer et Moderna, nécessitent d’être conservés à ultra-basse température, entre -20 et -70 degrés selon le vaccin, celui développé par AstraZeneca s’adapte à des températures moins extrêmes.

Il doit permettre d’accélérer la vaccination

Il est en effet beaucoup plus facile à conserver : pas besoin de super-congélateurs, un frigo suffit puisque le vaccin peut être conservé à des températures entre 2 et 8 degrés. Il est donc beaucoup moins sensible au transport, de quoi faciliter la logistique et permettre notamment d’inclure dans le processus de vaccination les cabinets médicaux voire les pharmacies, ce qui doit permettre d’accélérer encore la vaccination en France.

À LIRE AUSSI >> Pourquoi il est faux de dire qu’un million de Français ont été vaccinés

Le vaccin d’Astrazeneca “soulève beaucoup d’espoirs” a notamment souligné Olivier Véran, à l’Assemblée nationale le 26 janvier. Son prix, moins de 2 euros la dose contre 12 à 15 euros pour les deux autres vaccins le rend également beaucoup plus accessible, notamment pour les pays en développement ayant une importante population.

Plus de 2,5 milliards de doses ont été commandées dans le monde dont 400 millions en Europe, ce qui devrait permettre à la France d’en récupérer 45 millions.

Moins efficace que Pfizer et Moderna

Mais ce vaccin est aussi moins efficace que ceux de Pfizer et Moderna, évalués à près de 95% après deux injections. Un article publié dans la revue The Lancet évaluait entre 62% et 90% l’efficacité du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, selon les doses injectées. Des données plus précises sont attendues lors de l’avis de l’Agence européenne du médicament.

À LIRE AUSSI >> Le vaccin Pfizer est-il correctement administré ?

Mais surtout, ce qui interroge et inquiète les autorités sanitaires, c’est l’efficacité de ce vaccin chez les personnes âgées de plus de 65 ans pour protéger contre les formes graves. Ces derniers jours, une partie de la presse allemande a fait état d’une efficacité limitée à 8% pour les plus de 65 ans. Une information démentie vigoureusement par le laboratoire, mais qui relance le débat.

Un vaccin moins efficace sur les + de 65 ans ?

Avant même cette polémique, l’efficacité sur les plus âgées inquiète, au point qu’en France et en Allemagne, les autorités de santé réfléchissent à l’utiliser pour les moins de 65 ans. En cause, les essais cliniques du vaccin menés par le laboratoire. Alors que Pfizer et Moderna ont inclus 20 à 25% de plus de 65 ans dans leur étude, AstraZeneca n’a inclus que 17,5% de patients de plus de 65 ans et 6,2% de plus de 70 ans, rappelle Libération.

VIDÉO - Axel Kahn : “On ne pourra pas faire autrement que de reconfiner”

Des données que l’Agence européenne du médicament pourrait juger trop peu représentatives pour garantir l’efficacité du vaccin sur les plus âgés, ainsi que l’absence d’effets secondaires. Plus la population représentant une tranche d’âge est faible, plus la marge d’erreur est en effet importante.

“Un impact très important sur notre capacité à protéger les publics vulnérables”

De quoi mettre potentiellement en péril la stratégie de vaccination française, basée sur la priorité donnée aux plus à risque de faire des formes graves; dont les plus de 65 ans sont notamment les plus représentés. Si le vaccin AstraZeneca n’était pas recommandé aux plus de 65 ans, la stratégie française serait alors modifiée, et la vaccination de cette population pourrait mettre plus de temps que prévu.

“Cela aura un impact très important sur notre capacité à protéger les publics vulnérables, et dans les délais”, redoutait Olivier Véran au Sénat, le 21 janvier. Le vaccin AstraZeneca pourrait alors être dirigé à destination des 18-65 ans, “vraisemblablement ne pas cibler tous les 18-65 ans mais ceux qui ont des risques particuliers”, esquissait comme piste Laetitia Buffet, responsable de la “task force” vaccination, lors de son audition en commission le 21 janvier. L’idée serait de vacciner les plus exposés mais encore non considérés comme prioritaires, comme les soignants de moins de 50 ans, les enseignants, ou les Français souffrant de comorbidités.

Des retards de livraison “inacceptables”

Autre problème, les retards de livraison annoncés par AstraZeneca, qui pourraient mettre un peu plus en difficulté la stratégie vaccinale. Le groupe britannique a prévenu que les livraisons du vaccin seraient moins importantes que prévu au premier trimestre en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen. La France devait recevoir 5 millions de doses en février.

Un retard qui suscite la colère de la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, qui a dénoncé des retards "inacceptables", estimant que les explications du laboratoire n'étaient "pas satisfaisantes”. Une colère d’autant plus justifiée par l’implication de l’UE dans la fabrication du vaccin : “L'UE a préfinancé le développement rapide du vaccin et la production, et veut un retour" sur cet investissement, a rappelé Stella Kyriakides.

Les premières livraisons d’ici mi-février

L’Agence européenne du médicament doit rendre son avis sur le vaccin d’AstraZeneca vendredi 29 janvier. Cet avis peut être favorable à l’injection aux plus de 65 ans, mais également demander des données plus approfondies, ou encore rejeter tout simplement l’utilisation du vaccin aux plus de 65 ans.

Dans la foulée, en France, la Haute autorité de santé doit donner son avis, qui permettra de savoir à qui se destine ce vaccin dont la livraison des premières doses est prévu d’ici mi-février. En revanche, aucune donnée sur l’efficacité du vaccin face aux différents variants n’a été communiquée.

Ce contenu peut également vous intéresser :