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Covid-19 : ces médecins en première ligne qui reçoivent des menaces de mort

Photo d'illustration

Exposés médiatiquement depuis le début de la crise du Covid-19, plusieurs médecins font l’objet d’insultes voire de menaces de mort.

“Sale merde”, “grosse conne”, “grosse salope”, “une balle dans ta tête”... C’est le genre d’insultes et de menaces que reçoivent plusieurs médecins, particulièrement médiatisés depuis la crise du Covid-19. Parmi eux, Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat UFML.

Présent dans de nombreux médias, il nous explique recevoir “plusieurs dizaines de messages d’insultes ou de menaces par jour sur les réseaux sociaux”, et “une lettre par mois environ”. Parmi ces messages, il en publie certains pour alerter sur cette situation.

“Il ne faut pas laisser passer ça !”

“J’en parle pour tous les confrères qui n’osent pas ou ne veulent pas en parler. Il ne faut pas laisser passer ces messages” s’indigne Jérôme Marty. Durant la première vague, le médecin nous indique qu’il ne recevait ni insultes ni menaces. Mais il remarque une multiplication de ces messages depuis plusieurs semaines.

“Depuis la sortie du ‘documentaire’ Hold-Up, ça n’arrête pas. Les messages viennent d’anti-vaccins, d’anti-masques, et parlent souvent d’hydroxychloroquine, nous accusent d’être à la solde du gouvernement ou encore de détecter des faux Covid-19 pour gagner davantage, alors que c’est évidemment une fake news”, nous explique le docteur Jérôme Marty, qui a participé à un débat télévisé avec l’auteur du documentaire Hold-up.

De nombreuses fake news à l’origine des menaces

Sur les réseaux sociaux, des messages largement partagés indiquent que les médecins et hôpitaux falsifient les certificats de décès pour augmenter leur nombre de victimes du Covid-19 et ainsi toucher plus d’argent. Une “fake news” notamment démontée par Les Décodeurs du Monde, qui rappellent que la même rumeur a également circulé en Belgique.

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S’il n’existe aucune prime selon le nombre de morts du Covid, Le Monde rappelle que des dotations ont été versées aux hôpitaux face à un surcroit d’activité, et que des primes exceptionnelles ont été versées aux personnels.

“On nous accuse aussi souvent d’avoir euthanasié des personnes âgées en EHPAD avec du Rivotril. Toutes ces fausses informations qui mettent en cause des médecins sont dangereuses” alerte Jérôme Marty.

Si le gouvernement a bien adopté un décret le 28 mars dernier pour autoriser les pharmacies d’officine à dispenser sous forme injectable le Rivotril aux patients atteints du Covid-19 ou susceptibles de l’être, le but était d’améliorer le confort des malades en fin de vie, et non pas d’euthanasie, rappellent Les Décodeurs du Monde. Une “fake news” qui avait suscité l’indignation d’Olivier Véran, ministre de la Santé.

“J'ai reçu des menaces physiques et des injures”

Autre visage de la lutte contre le Covid-19 victime de menaces, l’infectiologue Karine Lacombe. Souvent invitée aux 20 heures de TF1 et France 2, très critique à l’égard du professeur Raoult, elle est devenue une cible. Au point qu’en avril dernier, elle a dû quitter les réseaux sociaux durant plusieurs mois : “J'ai reçu des menaces physiques et des injures. Tous les jours dans mon service, mes secrétaires et mon personnel soignant reçoivent des coups de fil anonymes injurieux” expliquait-elle sur BFMTV.

De retour en juillet, les menaces reprennent. La cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris décide de poster les menaces qu’elle reçoit. “[C'est grave] d'être une pute, s*ceuse de Macron ? Prête à tout pour toucher ton fric avec tes recherches de sale femelle en chaleur”, était-il écrit sur la première d'entre elles. La deuxième se voulait bien plus menaçante : “On te suit depuis un moment : voiture, maison, trajet. Les ordures, on les détruit [...] Ferme ta gueule et attends toi à en ch*er, toi et tes trois bâtards”.

“Grosse conne, grosse sal***”

Depuis, elle continue de recevoir des menaces à chaque apparition dans les médias. Des messages qu’elle indique signaler à Pharos, plateforme qui permet de signaler en ligne les contenus et comportements illicites sur Internet. “J’ai reçu des lettres d’incitation au viol, des menaces de mort, etc. Mais je n’ai pas peur d’y aller. On m’a donné la parole, je l’ai gardée”, explique-t-elle dans le magazine Elle.

Des menaces violentes dont Jérôme Marty est également la cible : “Récemment, j’ai eu un appel téléphonique avec des menaces. J’ai porté plainte, la personne a été identifiée et placée en garde-à-vue. Il ne faut pas laisser passer ça !”, raconte le président du syndicat UFML.

Des menaces par courrier recommandé

Des menaces qui sont même envoyées par courrier recommandé, alerte le médecin Yvon Le Flohic qui rapporte que ce courrier le menace, s’il “continue à faire des vaccins, à prescrire des actions de prévention, (d’) être intégré dans la liste des génocidaires susceptible d être traduit devant ‘un tribunal militaro-populaire’”.

Une multiplication des menaces qui inquiète. “C’est totalement irrationnel comme messages. La crainte, c’est que des gens fragilisés, par la peur notamment, passent à l’acte et qu’un soignant soit une victime de cette bêtise”, craint Jérôme Marty, qui appelle ses collègues à déposer plainte dès qu’ils reçoivent des menaces.

Le harcèlement en ligne est passible de 2 ans de prison et 30 000 € d'amende. Des menaces de mort sont passibles jusqu'à 3 ans de prison et à 45 000 euros d’amende.

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