Courtisé par Darmanin sur le projet de loi immigration, le groupe LIOT fixe ses conditions

Courtisé par Gérald Darmanin sur le projet de loi immigration, le groupe LIOT fixe ses conditions (photo d’illustration montrant Bertrand Pancher, le président du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, LIOT).
BERTRAND GUAY / AFP Courtisé par Gérald Darmanin sur le projet de loi immigration, le groupe LIOT fixe ses conditions (photo d’illustration montrant Bertrand Pancher, le président du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, LIOT).

POLITIQUE - La peau de l’ours, trop s’avancer, etc. Le président du groupe LIOT Bertrand Pancher a averti ce mardi 28 novembre que le vote des élus sur le projet de loi immigration n’était, à ce jour, pas acquis, malgré le rapprochement tenté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Les députés du groupe hétéroclite se décideront selon la teneur des débats à l’Assemblée nationale, et ils seront particulièrement attentifs sur un point.

« Si l’aide médicale d’état n’est pas réintroduite dans le projet de loi, nous ne voterons pas la loi », a mis en garde Bertrand Pancher au micro de LCP à la sortie des questions au gouvernement. Un peu plus tôt dans l’hémicycle, il avait cité l’exemple de l’Espagne, forcée de revenir sur la suppression d’une mesure similaire « car cela avait entraîné une hausse des coûts et 15 % de la mortalité des personnes concernées ». Avant de demander à la Première ministre de clarifier « la position de son gouvernement », au sein duquel les avis divergent.

Lors de l’examen du texte au Sénat, le gouvernement s’était contenté d’un « avis de sagesse » sur la suppression de l’AME voulue par la majorité sénatoriale de droite, s’évitant ainsi de se prononcer pour ou contre. La suppression de l’AME a ensuite été votée, au profit d’une aide médicale d’urgence à la portée bien plus limitée.

Darmanin au chevet de LIOT

Interpellée par le président LIOT, Élisabeth Borne s’est contentée de s’en remettre aux conclusions « rendues d’ici quelques jours » de la mission d’évaluation du dispositif confiée à Patrick Stefanini (LR) et Claude Evin. « Avec les ministres, nous proposerons le cas échéant les évolutions nécessaires dans le cadre d’un texte adapté », a esquivé la cheffe du gouvernement. Le 18 novembre, Gérald Darmanin avait aussi tenté d’ouvrir une porte de sortie en déclarant que « l’AME peut être modifiée, mais pas dans ce texte immigration. »

Dans un hémicycle sans majorité absolue, le groupe LIOT et ses 21 députés sont choyés par le ministre de l’Intérieur depuis des semaines. Ainsi, début septembre, Gérald Darmanin n’a pas hésité à se rendre 24 heures en Guadeloupe pour participer à leur rentrée parlementaire. Le 8 novembre dernier, c’est aussi dans leur rang que le ministre a choisi le rapporteur du texte sur l’adaptation du dispositif législatif aux Outre-mer.

Ces attentions suffiront-elles à faire pencher la balance ? Difficile à dire. Au micro de LCP, Bertrand Pancher s’est contenté de répéter sa mise en garde sur l’AME. En plus de l’aide médicale d’état, le groupe entend aussi se faire entendre sur le volet intégration du projet de loi et a insisté dans un communiqué sur la nécessité de permettre aux demandeurs d’asile de travailler.

Auprès de Politico la semaine dernière, le député Charles du Courson se fendait lui aussi d’un avertissement : « Le ministère de l’Intérieur se répand en disant que Liot votera pour le texte immigration : pas du tout. Notre position sera fonction des débats. » Ils ont commencé lundi 27 novembre en commission des Lois, avec notamment un petit moment de tension autour d’un vote LIOT. Comme un avant-goût du 11 décembre dans l’hémicycle.

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