Coupe du monde 2022 : au Qatar, le football a-t-il pris le pas sur les enjeux extra-sportifs?

Au coeur des débats extra-sportifs entourant cette Coupe du monde au Qatar, le President de la Fifa, Gianni Infantino, a été le premier a jongler entre les polémiques et les résultats sportifs.
FABRICE COFFRINI / AFP Au coeur des débats extra-sportifs entourant cette Coupe du monde au Qatar, le President de la Fifa, Gianni Infantino, a été le premier a jongler entre les polémiques et les résultats sportifs.

COUPE DU MONDE 2022 - Drôle de Mond(ial). Avant d’attaquer la deuxième partie de la Coupe du monde, celle des matches à élimination directe, le temps d’un premier bilan est arrivé à point nommé. Il faut dire que la première moitié de la compétition de football la plus controversée de l’histoire a régulièrement eu à jongler entre exploits sportifs retentissants et événements ponctuels pour mettre en lumière les problèmes gravitant autour de ce Mondial qatari.

Au milieu des révélations saoudiennes et japonaises, du parcours exemplaire du Maroc ou de la chute vertigineuse de grandes nations du football (Allemagne, Belgique), la Coupe du monde 2022 a déjà été animée par plusieurs grands moments de sport. Sans occulter, loin de là, l’aspect extra-sportif qui a beaucoup attiré les regards durant ces deux premières semaines de tournoi.

Un début de Mondial engagé

Un Mondial politique dès les premiers instants, grâce à une équipe présente dans le groupe B, l’Iran. Pour la Team melli, impossible de décorréler cet événement mondialisé de la situation actuelle dans leur pays, matérialisé par un geste puissant dès le deuxième jour de compétition, face à l’Angleterre.

Restés muets lors de leur hymne national, les joueurs de l’Iran ont tout de suite replacé les enjeux politiques au cœur du Mondial. Lors de ce match remporté 6-2 par les Anglais, la compétition avait beau avoir commencé depuis moins de 24 heures. Les esprits, eux, semblaient bien plus préoccupés par le sort des femmes iraniennes. Et par le destin d’un petit brassard revendicatif.

Le fameux brassard « One Love », défendu un temps par plusieurs nations occidentales s’est rapidement confronté aux directives glaciales de la FIFA. Finalement abandonné par les Danois, les Anglais ou les Belges, pour ne citer qu’eux, ce brassard de la discorde a marqué par son impact les premiers jours de compétition, au point que les tribunes soient parfois scrutées plus attentivement que les pelouses climatisées.

La FIFA, qui n’est plus à une contraction près, a même fini par jouer la carte de l’apaisement sur l’affaire du brassard arc-en-ciel. Au point de voir son plus fervent opposant Gianni Infantino, président de la FIFA, l’arborer en tribune, après l’avoir interdit aux joueurs et aux supporters souhaitant exprimer leur soutien, à la communauté LGBTQ + notamment.

Et difficile de faire l’impasse sur le geste fort des joueurs Allemands pour dénoncer le musellement des sportifs par la FIFA. Pareil pour les supporters redoublant d’ingéniosité -ou de bêtise- pour faire passer des messages depuis les tribunes clairsemées de Doha.

Players of Germany gesture as they pose for the group picture ahead of the Qatar 2022 World Cup Group E football match between Germany and Japan at the Khalifa International Stadium in Doha on November 23, 2022. (Photo by Ina Fassbender / AFP)
INA FASSBENDER / AFP Players of Germany gesture as they pose for the group picture ahead of the Qatar 2022 World Cup Group E football match between Germany and Japan at the Khalifa International Stadium in Doha on November 23, 2022. (Photo by Ina Fassbender / AFP)

Pourtant, au fil des jours et malgré une apparition familière de Mario Ferri ainsi que quelques mots timides du Qatar sur le nombre de migrants morts sur les chantiers du Mondial, le sport aurait-il, petit à petit, repris ses droits ?

Les premiers jours de compétition ont été marqués par différentes revendications extra-sportives des supporters, des joueurs et de certaines nations toutes entières. Mais elles ont vite été absorbées par la machine football, ne recrachant progressivement que les exploits et les curiosités sportives de la compétition reine.

Que fera Macron s’il va au Qatar ?

À l’instar de l’Arabie saoudite, sélection héroïque capable de faire tomber l’ogre argentin et son génie Messi aux sept Ballons d’Or, la Coupe du monde est inéluctablement revenue à ces fondamentaux : le spectacle avant tout.

Ainsi, difficile ne pas comprendre l’engouement pour la sélection japonaise, capable de faire tomber l’Espagne et l’Allemagne, sans oublier de terminer première de son groupe, éliminant au passage une Mannschaft méconnaissable (et éliminée pour la seconde fois d’affilée de la Coupe du monde avant les phases finales). Sans oublier le Maroc d’Achraf Hakimi, premier de son groupe à l’issue de ses trois matchs, devançant les vices champions du monde croates et éliminant même la Belgique, pourtant deuxième nation au classement FIFA.

L’arrivée a grandes enjambées de la phase finale du Mondial (et de la dramaturgie qui l’accompagne) permettra-t-elle de nouvelles incartades extra-sportives ? Le mystère demeure. Toutefois, l’arrivée de dirigeants politiques à Doha (dont Emmanuel Macron si les Bleus atteignent les demi-finales) pourrait donner une nouvelle visibilité à des sujets controversés au Qatar. Qu’il s’agisse de l’écologie, des droits humains ou d’enjeux politiques plus locaux.

Pour ce dernier exemple, le huitième de finale entre l’Espagne et le Maroc sera un premier test, après un symbolique Iran-États-Unis, où le sport avait finalement pris le pas sur tout le reste.

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