Coupe de France: décalage horaire, cache-cous et planning millimétré... Comment les Martiniquais du Golden Lion se sont préparés pour le choc contre Lille

L'atterrissage à Orly, ce mardi 2 janvier, a été brutal pour les Golden Lions. Partis la veille de Saint-Joseph, commune de 16.000 habitants du centre de la Martinique, ils ont vu chuter le mercure de près de trente degrés. "A la sortie de l’avion, on s’est tous regardés et on s’est dit que ça allait être compliqué", plaisante Thierry Catherine, attaquant du Golden Lion.

Le club de Régional 1, qui dispute pour la première fois de son histoire un match de 32e de finale de Coupe de France contre le LOSC, a composé toute la semaine avec le froid pour préparer la rencontre historique de ce samedi après-midi (15h30) au stade Pierre-Mauroy.

Les Martiniquais se sont équipés: "Collants, short, chaussettes, t-shirt, sweat, deux cache-cous... En Martinique, c’est short, t-shirt, petites chaussettes et c’est réglé”, résume avec le sourire le milieu de terrain Kirane Gracien.

Puis, ils ont entamé une préparation intense en métropole car pour le coach, Jean-François Go, pas question de se laisser impressionner ni par le froid ni par le 5e de Ligue 1: "L’environnement est différent mais ça reste un match de football. C'est 11 joueurs contre 11 joueurs. C'est vrai qu'il y a un niveau différent mais il faut que le Golden Lion vibre et existe à son niveau."

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Pour s’acclimater, un match amical en région parisienne

Après leur périple de près de 10 heures, les rouge et blanc posent leurs valises deux jours à Lisses dans l’Essonne (91). Dans leur hôtel, ils retrouvent par hasard leurs homologues guadeloupéens du CS Moulien (DH Guadeloupe) qui se préparent eux aussi à leur 32e de finale de Coupe de France contre Romorantin (N2).

Mercredi 3 janvier à 15h30, un match s’improvise entre les deux équipes antillaises puis manque d’être annulé. La pluie, le vent et le froid découragent les joueurs du CS Moulien qui n’ont pas les bonnes chaussures pour jouer sur le terrain gras de Lisses. Le staff du Golden Lion insiste, la rencontre se joue finalement sur le terrain synthétique, le CS Moulien s’impose 2-0.

Malgré quelques cafouillages ce jour-là: un pré-échauffement dans un couloir étroit, des gants oubliés au vestiaire ou encore le manque de bouteilles d’eau… Le capitaine des Joséphins, Kévin Parsemain, retient "les petits efforts" et "l'esprit d’entraînement" de ce match pour la reprise en métropole.

Si le club joue cinq niveaux en dessous du Losc, il fait partie de l’élite du football antillais puisqu’il a remporté cinq titres de champion de Martinique, trois coupes de Martinique et dispute chaque année une compétition qui met aux prises les meilleurs clubs amateurs des Caraïbes. Le taulier de 35 ans a lui déjà une expérience semi-professionnelle au Mans et entend bien tirer ses coéquipiers vers le haut: "Je vais essayer d’apporter mon expérience aux plus jeunes et à ceux qui n’ont pas encore connu ce niveau pour faire un match satisfaisant contre une très grosse équipe de Ligue 1", assure Kévin Parsemain.

Comme les pros: "une préparation intense"

"La bande de copains et de cousins", pour reprendre les mots du milieu Thierry Catherine, composée d’un comptable, d’un animateur ou encore d’un délégué territorial, a vécu au rythme des joueurs professionnels cette semaine. L’équipe martiniquaise a suivi un planning millimétré: petit-déjeuner 7h, séances de soins et de kinésithérapie, collation, déjeuner et entraînement les après-midi…

Le président Laurent Saint-Honoré insiste sur l’investissement que représente un tel déplacement: "L’achat de tenues pour le froid, la logistique, le staff médical renforcé, le staff technique, le préparateur mental... On a mis tout ça en place pour faire en sorte de gagner le match."

Un "effort" nécessaire puisque la Fédération a décidé d’écarter depuis quelques années tout déplacement de clubs du continent vers les DROM-COM en raison des contraintes logistiques, un défaut d'égalité dont les Martiniquais ont conscience.

Après avoir assisté au Trophée des champions mercredi soir à Paris, le groupe rejoint Lille jeudi matin pour entrer dans leur dernière ligne droite de préparation avant le match.

L’arrivée à Lille: "On est passés devant Mauroy. Je me suis dit: j’y serai samedi"

"Quand tu mets vraiment les pieds à Lille, que tu passes devant le stade, ça te met dedans. On est passés devant Mauroy et je me suis dit: j’y serai samedi, j’ai hâte”, raconte Kirane Gracien, bouillonnant à la veille du match.

Ce matin-là, les joueurs sont rassemblés en cercle dans le hall de l’hôtel et regardent vers le tableau blanc du coach Jean-François Go où sont inscrits quelques mots: "Vivre, ensemble, serein, lucide, fort, présent, plaisir". De cette causerie, les rouge et blanc retiendront sûrement cette phrase au moment du coup d’envoi: "Faire de ce moment notre moment et se regarder dans les yeux pour voir où on va."

Puis, pour la dernière fois avant le 32e, les Martiniquais foulent la pelouse du stadium Lille Métropole avec quelques petits rappels à l’ordre du staff: "Enlevez vos cache-cous, il faut vous habituer."

Y croire: "Pourquoi pas un miracle"

De cette semaine inédite de préparation, Jean-François Go ne veut garder que le match de cet après-midi: "J’espère que ce sera ça mon plus beau moment.” Même son de cloche chez ses joueurs.

Pour les soutenir, beaucoup auront dans les gradins leurs cousins ou leurs frères qui habitent dans l'Hexagone, leurs parents venus de Martinique mais aussi tous les Guadeloupéens, Martiniquais et Guyanais de métropole. "On a reçu de très nombreux messages de soutien des Antillais et ça c’est très beau", souligne le président Laurent Saint-Honoré.

Il rêve comme les Guyanais de Kourou en 1989, les Réunionnais de la Saint-Pierroise en 2020 et les Martiniquais du club franciscain il y a trois ans de rejoindre les 16es de finales de Coupe de France et de créer l'exploit: "Vous savez dans la vie parfois les planètes s’alignent, alors pourquoi pas un miracle..."

Article original publié sur RMC Sport