Coup d’État au Niger : la Cedeao annonce déployer des troupes pour « restaurer l’ordre constitutionnel »

Quatre jours après l’expiration de son ultimatum, et alors que la junte militaire nigérienne a nommé un gouvernement, la Cedeao a finalement décidé d’intervenir.

Ce jeudi 10 août, la Cedeao a annoncé déployer ses troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger (photo d’illustration prise le 2 août à Abuja, au Nigeria).
Ce jeudi 10 août, la Cedeao a annoncé déployer ses troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger (photo d’illustration prise le 2 août à Abuja, au Nigeria).

NIGER - C’est une issue qui suscite autant de craintes que d’espoirs. Ce jeudi 10 août, les 15 pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein de la Cedeao ont pris une décision qui les rapproche d’une intervention militaire au Niger, où une junte a pris le pouvoir après avoir renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, puisqu’ils ont acté « l’activation » de leur force.

À la fin de leur sommet extraordinaire organisé à Abuja, au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ont ainsi annoncé la mobilisation et le déploiement de « la force en attente de la Cedeao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger », comme l’a déclaré le président de la Commission, le Gambien Omar Touray. Et d’ajouter, néanmoins, que « la priorité est donnée à la résolution pacifique » de la crise.

« Convaincre » les putschistes de renoncer

À la tête de la Cedeao, le président du Nigeria, Bola Tinubu, a en effet insisté sur le fait que s’il n’était pas écarté et que « personne d’autre ne le ferait » à la place de la Communauté, l’usage de la force n’aurait lieu qu’en dernier recours. « Nous devons impliquer toutes les parties, y compris les putschistes, dans des négociations sincères visant à les convaincre de rendre le pouvoir et de restaurer le président Bazoum dans ses fonctions », a-t-il précisé.

« C’est notre devoir d’éprouver tous les moyens de discussion possible pour obtenir un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger », a ajouté le président nigérian, lançant un « tout n’est pas perdu » invitant à un optimisme mesuré.

Un peu plus tôt dans la journée, et alors qu’il partait pour le sommet, le président de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara avait quant à lui tenu à rappeler que la Communauté avait déjà employé la force dans des circonstances similaires, citant « le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée-Bissau ». En guise de mise en garde, il avait insisté, déplorant que le président Bazoum soit retenu en otage : « Aujourd’hui, le Niger connaît une situation similaire et je tiens à dire que la Cedeao ne peut l’accepter. »

Cette décision d’activer la force de la Cedeao intervient alors que les militaires nigériens ont annoncé, plus tôt ce jeudi, la composition d’un gouvernement censé leur permettre de succéder dans les faits aux autorités légitimes. Un signe de défiance de trop, à en croire la réaction de la Cedeao.

VIDÉO - Niger: sommet ouest-africain crucial, le régime militaire forme un gouvernement