Coup d’État au Niger : qui est Abdourahamane Tchiani, à la tête du putsch contre Mohammed Bazoum ?

Le général Abdourahamane Tchiani, nouvel homme fort du Niger, s’exprimant à la télévision nationale et lisant une déclaration en tant que « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », après l’éviction du président élu Mohamed Bazoum.
Le général Abdourahamane Tchiani, nouvel homme fort du Niger, s’exprimant à la télévision nationale et lisant une déclaration en tant que « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie », après l’éviction du président élu Mohamed Bazoum.

NIGER - Crise politique au Niger. Après le coup d’État mené le 26 juillet, les condamnations internationales se multiplient contre la junte nouvellement au pouvoir. La France, l’Union européenne et le Kenya ont notamment indiqué ne pas reconnaître les nouvelles autorités en place.

À la tête de ce putsch, le général Abdourahamane Tchiani. Le chef militaire, âgé d’une cinquantaine d’années, s’est installé à la place du président Mohamed Bazoum, en place depuis son élection en 2021, et s’est présenté ce vendredi 28 juillet comme le « président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie » dans une allocution à la télévision.

Le général a justifié le coup d’État de mercredi par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans un Niger miné par la violence de groupes jihadistes. Sous le président Bazoum, il y avait « le discours politique » qui voulait faire croire que « tout va bien », alors qu’il y a « la dure réalité avec son lot de morts, de déplacés, d’humiliation et de frustration », a-t-il dit.

Selon lui, « l’approche sécuritaire actuelle n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs », la France et les États-Unis faisant partie des principaux.

Ancien commandant de la garde présidentielle

Ce haut gradé discret commande la garde présidentielle depuis 2011. Il avait été nommé à ce poste par Mahamadou Issoufou, le prédécesseur de Mohamed Bazoum. Cette fonction implique d’avoir sous ses ordres environ 700 hommes. Cette garde avait déjoué au moins un coup d’État sous Mahamadou Issoufou et un second lors de l’arrivée au pouvoir de Mohamed Bazoum en 2021.

Mais, selon des proches du président Bazoum contactés par l’AFP, les relations entre le général Tchiani et le chef de l’État s’étaient dégradées depuis plusieurs mois, Mohamed Bazoum ayant récemment exprimé sa volonté de le remplacer à la tête de sa garde.

Le général « assistait très rarement aux cérémonies officielles et aux activités du président », se faisant souvent représenter par son adjoint, le colonel Ibroh Amadou Bacharou, membre de la nouvelle junte, a affirmé à l’AFP un proche du président déchu sous couvert d’anonymat.

Le président Mohamed Bazoum, retenu depuis trois jours avec sa famille, est en bonne santé et a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’État, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron qui a condamné ce vendredi « avec la plus grande fermeté » le putsch l’ayant renversé et exigé sa libération.

Un « homme à poigne », avec un caractère discret

Les proches du général Tchiani le décrivent comme un « homme à poigne », « valeureux » et surtout « populaire » auprès de son unité. « Comment aurait-il pu entraîner ses éléments dans le putsch s’ils n’avaient pas confiance en lui ? », relève Issa Abdou, un acteur de la société civile.

« Conformément aux directives de Mahamadou Issoufou, il a transformé la garde présidentielle en une puissante machine dotée d’armements sophistiqués », souligne de son côté un fonctionnaire.

La nouvelle junte est dirigée par des officiers de haut rang, dont certains ont été identifiés par l’AFP comme des figures importantes de l’armée nigérienne, comme le général Salifou Mody, ancien chef d’état-major des Armées, limogé en avril. Certains avaient déjà participé à de précédents coups d’État.

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22 heures à 05 heures.

En dépit de l’interdiction décrétée par les militaires, une nouvelle manifestation est prévue ce vendredi à l’appel d’une coalition de partis d’opposition au président Bazoum, qui « tout en désapprouvant tout changement par la force, soutient les motivations » des putschistes, selon un communiqué.

Selon la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) « va tenir une réunion au sommet vraisemblablement dimanche » où « d’éventuelles sanctions pourraient être décidées », que la France soutiendra.

Partenaire privilégié de la France dans le Sahel, l’histoire du Niger est jalonnée de coups d’État depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960.

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