La correspondance codée de Charles Quint n'a plus de secrets

Une coopération entre cryptographes, informaticiens et historiens a permis de lever le voile sur une lettre "codée" du 16e siècle. Un système de chiffrement complexe qui permettait à l'empereur de communiquer notamment avec son ambassadeur auprès de François 1er, son ennemi le plus redoutable.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°912, daté février 2023.

Lorsqu'un matin de décembre 2021, Cécile Pierrot découvre les pages brunâtres et couvertes de symboles, l'émerveillement la saisit : "À ce moment-là, je réalise que non seulement la lettre existe bel et bien, mais qu'elle est aussi dans un état de conservation exceptionnel. " Cette lettre, il s'agit de celle adressée le 22 février 1547 par Charles Quint à son ambassadeur en France Jean de Saint-Mauris.

La missive a deux particularités : elle est écrite dans un langage codé et semble avoir totalement échappé aux historiens durant près de cinq siècles, au point qu'il soit tentant de se demander si, sans la détermination de Cécile Pierrot, chercheuse en cryptographie au Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria/Université de Lorraine), elle ne serait pas encore restée plusieurs siècles au fond d'un tiroir.

Le début de l'aventure autour de cette lettre historique se situe en 2019, lorsqu'au cours d'une soirée, une connaissance parle à Cécile Pierrot d'une "mystérieuse lettre chiffrée signée de la main de Charles Quint ". Après une rapide recherche sur Internet, la cryptographe ne trouve nulle trace du document et en déduit que son existence est une légende. Mais voilà que deux ans plus tard, la scène se répète. "On évoque à nouveau cette lettre au cours d'un dîner. Mais cette fois, la personne n'en a pas seulement entendu parler, raconte la chercheuse, elle l'a vue de ses propres yeux, à Nancy. " Problème : ce témoin précieux ne sait plus où il l'a aperçue. Cécile Pierrot convainc alors sa colocataire, employée au musée des Beaux-Arts nancéien, de mener l'enquête.

Par un jeu de bouche-à-oreille, l'amie remplit sa mission : elle établit que la lettre repose sur une étagère du fonds des autographes de la bibliothèque Stanislas. Pourquoi là-bas ? "Nul ne le sait, répond la chercheuse. On ignore aussi depuis quand elle s'y trouve. Elle n'a même pa[...]

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