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Coronavirus : pourquoi le variant brésilien B.1.1.248 inquiète ?

Photo d'illustration

Ce nouveau variant, détecté au Japon chez des voyageurs de retour du Brésil, possède à la fois la mutation N 501Y, la plus infectieuse, ainsi que la mutation E484K qui est présente sur le variant "sud-africain".

Une nouvelle variation du virus a été détectée. Si cette information n’a rien d’inhabituel puisqu’il est normal qu’un virus mute, rappelle l’OMS, les caractéristiques de cette mutation inquiètent. Variant brésilien ou variant japonais, appelé B.1.1.248, il a été détecté sur le sol nippon sur 4 passagers de retour du Brésil.

Le variant japonais (ou brésilien) possède 12 mutations d’après l’Institut national japonais des maladies infectieuses, dont la mutation N 501Y, qui caractérise le variant britannique, et la mutation E484K, présente dans le variant sud-africain.

Similaire au variant sud-africain

Le variant britannique serait beaucoup plus infectieux car la mutation N 501Y modifierait la manière dont le virus s’accroche aux cellules humaines. En revanche, selon plusieurs études, il n’aurait aucun effet sur l’efficacité du vaccin et ne possède pas cette mutation E 484K.

En revanche, le variant japonais, comme le variant sud-africain, possède également la mutation E 484K, située au niveau de la zone de liaison au récepteur. Avec cette mutation, les anticorps contenus dans du plasma convalescent pourraient perdre “jusqu'à 10 fois” en efficacité, d'après une étude de chercheurs de Seattle.

Des conséquences sur l’efficacité du vaccin ?

Sur son blog du Monde, le journaliste médico-scientifique Marc Gozlan écrit que des chercheurs ont montré “des mutations E484 avaient pour effet de diminuer entre 35 et 60 fois la capacité de neutralisation des anticorps chez d’autres patients”. La crainte, c’est que cette mutation diminue l’immunité et donc l’efficacité du vaccin.

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Ce qui suscite la principale inquiétude des scientifiques : la combinaison des deux mutations, réduisant l’efficacité du vaccin et en même temps très contagieux. Le variant sud-africain, qui possède également les mutations N501Y et E484K, suscite la même inquiétude.

Aucune preuve que le nouveau variant soit plus contagieux”

Du côté des autorités sanitaires japonaises, qui ont détecté ce nouveau variant, on assure que “pour le moment, il n’y a aucune preuve montrant que le nouveau variant (...) soit plus contagieux”, a expliqué Takaji Wakita, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses japonais.

Les autorités sanitaires ajoutent qu’il est difficile de déterminer si ce nouveau variant entraîne davantage de formes graves ou une résistance au vaccin. “Pour analyser davantage le variant nous devons d'abord l'isoler” ce qui “pourrait prendre entre plusieurs semaines et plusieurs mois”, a expliqué à l'AFP un responsable au sein du ministère de la Santé japonais.

Des éléments rassurants

Plusieurs données sont toutefois rassurantes. Le premier élément rassurant est apporté par l’épidémiologiste Eric Feigl-Ding. Selon lui, l’impact d’une mutation sur les anticorps capacité varie selon les individus, si bien que la mutation E484K peut n’avoir aucune conséquence chez des individus sur l’immunité, et donc sur le vaccin. Les conséquences d’une mutation observées dans une étude ne doivent donc pas être transposées à l’ensemble de la population.

“Même les pires mutations comme la E484K n'érodent que l'activité des anticorps et ne l'éliminent pas, […] les vaccins actuels suscitent une forte immunité”, rassure sur Twitter un des chercheurs du laboratoire de Seattle, auteur de l’étude qui soulignait que la mutation pouvait faire perdre jusqu’à 10 fois en efficacité le vaccin. Leur étude montre que du plasma prélevé chez un même malade à plusieurrs mois d’intervalle semblait gagner en efficacité contre la mutation E484K.

Élément inconnu, la présence de ce variant au Brésil. Est-il largement répandu à l’instar du variant anglais, devenu majoritaire Outre-Manche ? Une question à laquelle il n’y a pour l’heure pas de réponse, puisque ce variant vient d’être détecté au Japon, il n’est donc pas recherché lors des tests positifs au Brésil, où le séquençage des prélèvements, qui permet de détecter les variants, est peu fréquent.

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Si l’efficacité des vaccins était remise en cause par une variation du virus, il faudrait six semaines à Pfizer-BioNTech pour “mettre à jour son vaccin”. "En principe la beauté de la technologie de l'ARN messager est que nous pouvons directement commencer à concevoir un vaccin qui imite complètement la nouvelle mutation", a souligné le co-dirigeant de BioNTech, Ugur Sahin, lors d'une conférence de presse, fin décembre, dédiée au nouveau variant britannique.

D’autant que, selon plusieurs spécialistes, les vaccins actuellement injectés entraînent la production de différents types d’anticorps qui se fixent sur différentes portions de la protéine. La mutation E484K, qui ne se fixe que sur une partie de la protéine, ne pourrait donc, au pire, que diminuer l’efficacité du vaccin, sans l’anéantir.

“La transmissibilité de certains variants du virus semble augmenter”

Interrogé sur le nouveau variant brésilien, le directeur de l’OMS a mis en garde : “Plus le Covid-19 se répand, plus il y a de chance qu'il évolue encore. À noter que la transmissibilité de certains variants du virus semble augmenter”, a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Face à la hausse de la transmissibilité de certains variants, plusieurs experts appellent à changer de stratégie en Europe : ne plus envisager de “vivre avec le virus”, mais de penser à la suppression du virus comme en Asie ou en Océanie, avant qu’un variant ne nuise à l’efficacité des vaccins.

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