Coronavirus : pourquoi la mortalité est-elle si élevée en Italie ?
Le nombre d’Italiens morts du nouveau coronavirus est particulièrement élevé. Une situation dramatique qui s’explique, notamment, par l’âge de la population mais aussi par ses habitudes.
Le taux de létalité du nouveau coronavirus varie d’un pays à l’autre, notamment en raison de la politique de dépistage. Plus le nombre de patients dépistés et déclarés malades est élevé, plus, mécaniquement, le taux diminue.
Mais un pays fait figure d’exception tant ses chiffres sont hauts : l’Italie. Depuis le jeudi 19 mars, le nombre de morts y est même plus important qu’en Chine. À ce jour du 23 mars, 5 476 personnes ont succombé au virus dans le premier, contre 3 270 là où l’épidémie est partie.
Selon les derniers chiffres officiels, le taux de létalité en Italie est de 9,2% (59 138 cas, 5 476 morts). Par comparaison, il est de 4% en Chine (81 454 cas, 3 270 décès), 4,1% en France (16 257 cas, 674 morts), 6% en Espagne (29 909 cas, 1 813 décès) et 0,3% en Allemagne (24 904 cas, 94 morts). Ce dernier pays est lui aussi une exception, mais pour son taux particulièrement bas.
Ces dernières 48 heures, l'Italie a enregistré un nombre de décès quotidiens dépassant celui enregistré au plus fort de la maladie à Wuhanhttps://t.co/kNXGgsQUqR
— Yahoo Actualités (@YahooActuFR) March 19, 2020
Le pays le plus vieux d’Europe
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la situation critique en Italie. À commencer par l’âge des habitants, comme l’explique le site Scientificamerican. 23% des Italiens ont plus de 65 ans, ce qui en fait la population la plus vieille d’Europe et même la deuxième plus âgée du monde après le Japon ! L’âge médian y est de 47,3 ans, contre 41,1 chez nous, selon l’Insee.
Plusieurs conséquences découlent de l’âge avancé de la population. Dans certaines régions, le nombre de personnes malades avant même l’arrivée du virus était déjà élevé, ce qui a très logiquement conduit à une rapide saturation des hôpitaux.
D’autres part, avec l’âge, les risques de développer une maladie - cancer, hypertension, problèmes cardiaques...- augmentent. Or, selon Walter Ricciardi, professeur et membre de l’OMS, et les chiffres de l’institut supérieur de la santé italien, l’immense majorité des Italiens ayant succombé au virus souffraient d’au moins une pathologie aggravante. Selon le rapport, qui s’appuie sur les chiffres du 17 mars, l’âge moyen des personnes décédées dans le pays est de 79,5 ans.
Des contacts entre générations élevés
Le taux de létalité élevé de la Botte peut aussi trouver son explication dans les habitudes de ses habitants. Par exemple, selon Abc, 21% des Italiens fument. Or, le Covid-19 étant une maladie respiratoire, qui peut entraîner une pneumonie, cette pratique peut jouer en la défaveur des malades, selon le média américain. De ce côté-là, la France n’est pas une très bonne élève, puisque, en 2017, 26,9% de la population fumait au moins une fois par jour.
Autre coutume pouvant jouer en la défaveur du pays : selon Jennifre Dowd, professeure à Oxford, les contacts entre générations sont particulièrement importants en Italie. Comme le rapporte le site Wired, reprenant une étude menée par l’université anglaise, les jeunes ont tendance à vivre avec leurs parents et même leurs grands-parents à la campagne, même s’ils travaillent en ville. Ils sont donc amenés à faire des trajets fréquents entre les deux, ce qui peut avoir accéléré la propagation du virus parmi les habitants les plus âgés - et donc à risque.
7/12 High levels of intergenerational contact may also have put Italy more at risk, so the interaction of age structure and social contacts will also be important to predict local and national risk going forward. #soctwitter #poptwitter
— Jenn Dowd (@drjenndowd) March 15, 2020
Le virus détecté trop tard
Il est également très probable que les autorités italiennes aient mis beaucoup de temps à se rendre compte de l’épidémie de coronavirus dans leur pays. Selon le Time, bien avant l’arrivée officielle du Covid-19 dans la Botte, beaucoup de personnes ont été hospitalisées pour des pneumonies, l’une des conséquences possibles du virus. Mais elles n’ont d’abord pas été traitées comme porteuses, les précautions pour éviter la propagation n’ont donc pas été prises dès le début.
Dernière explication, même si le nombre de tests réalisés dans le pays est conséquent, il se peut que les effectifs de personnes contaminées soient bien plus élevés que ce que les chiffres officiels indiquent, en raison de la vitesse de propagation en Italie. Or, plus de malades déclarés ferait mécaniquement baisser le taux de létalité.
Pour autant, bien d’autres pays ne réalisent qu’un nombre restreint de tests, à l’instar de la France.
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