Coronavirus : comment faire son deuil sans aller aux obsèques ni voir le corps ?

Pendant le confinement, les obsèques sont totalement chamboulées. Difficile, dans ces conditions, de faire son deuil.
Pendant le confinement, les obsèques sont totalement chamboulées. Difficile, dans ces conditions, de faire son deuil.

Alors que la mort est plus présente que d’habitude dans notre quotidien, les cérémonies funéraires sont chamboulées en raison du confinement. De quoi rendre le deuil difficile.

La mort est un peu plus présente dans notre quotidien en cette période de crise sanitaire. Chaque jour, un nouveau décompte rapporte le nombre de décès dus au Covid-19, qui viennent s’ajouter aux autres types de mort. Mais, lutte contre l’épidémie oblige, la France est confinée depuis le 17 mars. Dans ces conditions, les enterrements sont complètement chamboulés.

Ils sont encore autorisés mais ne doivent pas compter plus d’une vingtaine de personnes et seulement la famille proche. Sur les bancs, lors des cérémonies, chacun doit se tenir éloigné et continuer de respecter les gestes barrières malgré les circonstances. En clair, pas d’embrassades. Si les entreprises funéraires poursuivent leur travail, elles ne permettent plus de voir le corps. Autant de nouvelles règles qui peuvent compliquer le processus de deuil.

Symboliser le défunt

Pour autant, ce n’est pas la première fois que l’humanité doit faire face à la mort dans le cadre d’une épidémie. “Dès l’Antiquité, les humains ont rapidement établi un lien entre des morts simultanées et nombreuses et un agent contaminant. Donc, depuis des millénaires, dans certains cas, les morts n'étaient pas revus ni approchés”, décrit Marie-Frédérique Bacqué, psychologue et professeure de psychopathologie à l'université de Strasbourg.

Outre les épidémies, les crash d’avion, les naufrages ou tout simplement les disparitions font que, parfois, le deuil doit se faire sans voir le corps. “L’humanité a toujours trouvé le moyen de symboliser les morts”, poursuit celle qui dirige la revue Études sur la Mort, “déjà, les Romains les commémoraient en défilant avec des effigies”. De nos jours, il est possible, par exemple, de représenter le défunt avec une grande photo ou avec un objet qui le symbolise.

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La cérémonie funéraire, une étape du deuil

Non seulement le corps n’est pas visible durant cette période exceptionnelle, mais, en plus, tout le monde ne peut pas assister à la cérémonie, qui est pourtant “l’un des symboles permettant d’enclencher le deuil”, comme nous l’explique la psychologue Emmanuelle Gontier. Elle “sert à accepter la réalité de la mort irréversible de la personne”, poursuit de son côté Marie-Frédérique Bacqué.

Là encore, il est possible de trouver des alternatives. D’abord, “on peut garder l’espoir que, dans quelques temps, des cérémonies commémoratives pourront être organisées par les familles”, avance la professeure de psychopathologie. Bien sûr, elles se feront sans le corps s’il est déjà inhumé, “mais on pourra enfin se rendre au cimetière”, poursuit-elle. Dans les cas d’une crémation, il est possible de “demander à l’entreprise funéraire de conserver l’urne, afin de faire une cérémonie pour la mise en place quand ce sera à nouveau possible”.

L’idéal est de planifier un hommage commun lorsque les temps le permettront. En attendant, la psychologue Emmanuelle Gontier conseille aux personnes qui n’ont pas pu se rendre à la cérémonie de “formaliser quelque chose chez soi, un endroit où on réunit des souvenirs de la personne”, et pourquoi pas de s’y recueillir au moment où les obsèques ont lieu.

Organiser des retrouvailles virtuelles

Le rite funéraire n’est pas uniquement un moyen de prendre conscience de la situation, c’est aussi un moment de “retrouvailles en familles”, de “communion affective”, expose Emmanuelle Gontier. “Maintenant que l’on a les moyens virtuels de pouvoir le faire, profitons-en”, c’est “important de pouvoir pleurer ensemble, partager ses émotions”, peu importe le média utilisé, estime la psychologue.

La situation risque d’être bien plus compliquée pour les personnes qui n’ont ni internet, ni un accès facile au téléphone. Dans ces cas, “on va essayer d’utiliser des moyens symboliques, comme des petits autels à la maison, dans lesquels on peut mettre des photos, une bougie ou une lampe, on peut même confectionner à la une petite fleur”, conseille Marie-Frédérique Bacqué.

La fausse fourrure, une aide utile

L’autre élément important, qui fait cruellement défaut en ces temps de crise sanitaire, c’est le contact physique. Même ceux qui peuvent se rendre aux obsèques doivent respecter les gestes barrières, pour leur santé et celle de leurs proches.

Or, “les gestes, les embrassades, les caresses ont un rôle essentiel”, selon la professeure de psychopathologie à l'université de Strasbourg. Ils “rassurent, réconfortent”, ajoute de son côté Emmanuelle Gontier.

Les nouvelles technologies ne sont d’aucune aide là-dessus, en revanche “les coussins en fausse fourrure” ainsi que les peluches “peuvent beaucoup aider les personnes qui ont perdu un proche”, rapporte Marie-Frédérique Bacqué. Une astuce qu’elle a découverte d’expérience lorsqu’elle travaillait au service d’hématologie, où les enfants souffrant de déficit immunitaire ne pouvaient pas avoir de contacts physiques avec leurs parents.

Évidemment, comme le conclut Emmanuel Gontier, la réaction face au deuil varie tant en fonction “des circonstances du décès” que “des ressources personnelles”.

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