En Corée du Sud, l’oignon vert devient un symbole pour l’opposition pendant les élections législatives

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (au centre)
se trompe sur le prix d’une botte d’oignons verts provoquant un taulé dans le pays.
- / AFP Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (au centre) se trompe sur le prix d’une botte d’oignons verts provoquant un taulé dans le pays.

INSOLITE - Un scrutin aux petits oignons. Ingrédient très apprécié dans la cuisine sud-coréenne, l’oignon vert est dans toutes les conversations au pays du matin frais avant les élections législatives du 10 avril. Et ce à cause d’une gaffe du président conservateur, Yoon Suk-yeol, qui a fait le bonheur des internautes et propulsé l’humble légume au rang de symbole de ralliement de l’opposition. À tel point que les autorités électorales ont interdit d’en apporter dans les bureaux de vote ce mercredi.

Tout a commencé le 18 mars, quand le président sud-coréen, dont le parti tente de reprendre le contrôle du Parlement, s’est rendu dans un magasin de fruits et légumes à Séoul. Un déplacement qui devait lui permettre de constater les prix des denrées, l’inflation des produits alimentaires étant une des principales préoccupations des électeurs.

Une mise en scène révélée par la presse

Sauf qu’en inspectant une botte d’oignons verts, Yoon Suk-yeol a déclaré : « J’ai visité de nombreux marchés et 875 wons (60 centimes d’euro) pour ça, c’est un prix raisonnable. » Or en Corée du Sud, une botte d’oignons verts est généralement vendue trois ou quatre fois plus cher. Les médias locaux ont donc enquêté et découvert que le magasin avait été prévenu et avait baissé ses prix exprès avant la visite du président.

Cet embarrassant couac a donné naissance à de très nombreux montages humoristiques et détournements sur les réseaux sociaux. La gauche s’est aussi empressée d’affirmer que le chef de l’État de 63 ans vivait déconnecté de la réalité. Et les candidats d’opposition n’ont pas tardé à brandir des oignons verts lors de leurs meetings de campagne. Ici, c’est le candidat Lee Jae-Myung, chef de l’opposition, qui présente une couronne composée de poireaux et d’oignons verts attachés avec du ruban adhésif sur un casque.

Une interdiction qui se retourne contre les autorités

13,8 millions de Sud-Coréens (sur les 44,2 millions qui ont le droit de vote) se sont rendus aux urnes par anticipation vendredi 5 et samedi 6 avril. Certains ont commencé à publier sur les réseaux sociaux des photos d’eux brandissant des oignons verts dans les bureaux de vote et les publications sont accompagnées de hashtags signifiants « oignonsverts875wons ».

« Vote terminé »

Inquiète, la Commission électorale nationale (NEC) a annoncé samedi l’interdiction des oignons verts à proximité des urnes, craignant des « interférences avec les élections ». « L’expression des opinions politiques doit être respectée au maximum, mais détourner une certaine chose de sa fonction initiale pour en faire un moyen d’expression est susceptible d’affecter le scrutin », s’est justifié l’institution dans un communiqué.

Une décision qui a déclenché l’hilarité générale et une nouvelle avalanche de mèmes moqueurs. La décision de la Commission a aussi provoqué une ruée vers tout ce qui ressemble de près ou de loin à un oignon vert dans la perspective de braver l’interdit. « Au départ, je m’en fichais pas mal de l’oignon vert. Mais après avoir appris l’interdiction, j’ai acheté un bandeau en forme d’oignon vert et je suis bien décidée à le porter autour de la tête le jour de l’élection », a raconté à l’AFP Hyun Jung, une électrice de 36 ans.

« Des porte-clés oignon vert et ciboulette »

« À bien y penser, je ne suis pas un oignon vert, j’ai un porte-clés de ciboulette »

Nouvelle polémique

Selon elle, la décision de la Commission électorale est « trop arbitraire pour être acceptée » et « condescendante » à l’égard des électeurs. « Devraient-ils aussi interdire les vêtements rouges ou bleus ? », s’est-elle demandé, se référant aux couleurs respectives du Parti du pouvoir au peuple de Yoon Suk-yeol et du Parti démocrate, son principal rival.

« Et qu’en est-il des sacs à main Dior ? », a-t-elle ajouté, dans une allusion à une polémique concernant l’épouse du président Yoon, Kim Keon-hee. La première dame sud-coréenne avait été piégée par un pasteur de gauche qui l’a filmée en caméra cachée pendant qu’il lui offrait un sac à main de luxe. Or la loi sud-coréenne interdit les dirigeants politiques et leurs épouses de recevoir des cadeaux d’une valeur supérieure à 750 dollars.

Des publicités ont rapidement commencé à circuler sur des sites marchands pour des bandeaux et des porte-clés hyperréalistes en forme d’oignon vert. Est-ce que les électeurs qui porteront ces objets dans les bureaux de vote enfreindront-ils la loi ? « C’est au personnel électoral sur place de décider », a répondu à l’AFP un responsable de la Commission. Signe que le légume n’est pas prêt de disparaître de la vie politique locale.

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