La Cop27 se penchera sur le financement des catastrophes climatiques

(L to R) UN's climate change Communications Officer Alexander Saier, UN's climate change executive secretary Simon Stiell, and COP27 President Sameh Shoukry listen to questions following the opening ceremony of the 2022 United Nations Climate Change Conference, more commonly known as COP27, at the Sharm El Sheikh International Convention Centre, in Egypt's Red Sea resort of the same name. - The UN's COP27 climate summit kicked off in Egypt with warnings against backsliding on efforts to cut emissions and calls for rich nations to compensate poor countries after a year of extreme weather disasters. (Photo by JOSEPH EID / AFP)

CLIMAT - Alors que la conférence mondiale de l’ONU sur le climat s’est ouverte ce dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh en Égypte, les participants de cette Cop 27 aborderont l’épineuse question du financement des catastrophes climatiques. Les pays du Sud, premiers touchés par les conséquences du réchauffement climatique, réclament en effet des dédommagements financiers. Mais qui paiera la note ?

Cette 27e conférence de l’ONU sur le climat rassemble quelque 200 pays pour deux semaines, au chevet d’une planète frappée par les catastrophes : inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses… Des catastrophes pour lesquelles les pays du Sud réclament désormais rétributions.

Cette question délicate des « pertes et dommages » a été officiellement ajoutée à l’ordre du jour des discussions à Charm el-Cheikh lors de la cérémonie d’ouverture, alors qu’elle ne devait jusqu’alors faire l’objet que d’un « dialogue », prévu jusqu’en 2024. « Cette inclusion à l’agenda reflète un sens de la solidarité et de l’empathie pour la souffrance des victimes des catastrophes causées par le climat », a souligné Sameh Choukri, le ministre égyptien des Affaires étrangères, qui préside cette Cop.

« On jugera du succès ou de l’échec de la COP27 sur un accord sur cette facilité de financement des pertes et dommages », avait prévenu Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l’ONU et président du G77+Chine, qui représente plus de 130 pays émergents et pauvres.

Les pays du Sud exaspérés par les promesses non tenues

La défiance des pays en développement est forte alors que la promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 leur aide aux pays du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n’est toujours pas tenue.

Cette aide plafonne à un peu plus de 83 milliards, selon les derniers chiffres, contestés par les pays vulnérables, de l’OCDE pour 2020.

Accord ou non sur un mécanisme spécial pour financer les « pertes et dommages » ou sur un nouvel objectif pour prendre la suite des 100 milliards à partir de 2025, les besoins de financement se comptent en « milliards de milliards », dit à l’AFP Michai Robertson, négociateur de l’Alliance des petits États insulaires (Aosis).

Selon l’ONU, les inondations qui ont submergé un tiers du territoire du Pakistan et affecté quelque 33 millions de personnes ont causé plus de 30 milliards de dégâts et pertes économiques. Une récente étude du groupe V20, qui rassemble 58 pays « vulnérables », estimait de son côté que les désastres climatiques avaient coûté 525 milliards de dollars à leurs économies depuis 20 ans.

Avec l’accélération des catastrophes et un réchauffement sur une trajectoire toujours montante, les montants de ces dommages que l’adaptation ne peut plus endiguer devraient s’envoler.

Jusqu’à 1.800 milliards de dollars en 2050

Ils pourraient ainsi atteindre de 290 à 580 milliards de dollars par an en 2030 et de 1.000 à 1.800 milliards en 2050, selon des chiffres cités par l’Institut Grantham sur le changement climatique de la London School of Economics.

Face à ces sommes colossales, les pays les plus exposés réclament un canal de financement spécifique. Mais les pays riches se sont toujours montrés très réticents. Ils craignent les conséquences légales d’une telle « reconnaissance » des pertes et dommages et arguent que le financement climatique dispose déjà de multiples canaux et qu’en créer un de plus ajouterait une complexité inutile.

Les discussions mises à l’agenda de la COP ne donnent aucune piste précise sur les modalités du financement. Elles n’aborderont pas les questions de responsabilité ou de compensation, qui pourront toutefois être soulevées par ailleurs. Une précision importante alors que certain pays explorent les possibilités de lancer des actions devant la justice internationale.

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