COP27 : ces trésors touristiques pourraient disparaître avec la montée du niveau de la mer

La corniche d'Alexandrie est vulnérable face à la montée des eaux
La corniche d'Alexandrie est vulnérable face à la montée des eaux

En 2050, "la mer montera d'un mètre", avertissent les experts du Giec. Elle pourrait alors engloutir des villes qui constituent le patrimoine de l’humanité.

La montée des eaux est "irréversible". C’est le constat alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) qui a dévoilé en août 2021 les éléments clés de sa plus importante publication depuis 2014. Les scénarios explorent la montée des températures avec des émissions limitées à court ou à moyen terme et des émissions élevées ou très élevées. Et bien sûr, plus les degrés grimpent, plus les effets sont dévastateurs. La 27e conférence des Nations unies sur le climat (COP27) qui s'ouvre à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 6 novembre, sera l’occasion d’aborder les thèmes liés au changement climatique et de trouver des solutions pour ne pas voir disparaître des trésors de l’humanité.

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La ville d'Alexandrie en sursis

Alexandrie, terre d’histoire et de vestiges du passé est aujourd’hui menacée. Chaque année, la ville égyptienne s’enfonce de 3 millimètres. Dans le delta du Nil, la mer a déjà avancé de trois kilomètres dans les terres depuis les années 1960. Le phare de Rosette, construit à la fin du XIXe siècle, a été englouti par les eaux. C’est désormais la citadelle de Qaitbay, construite au XVe siècle sur le site du phare d'Alexandrie disparu dans l'Antiquité, qui est en première ligne.

Drainage de routes, ceinture de roseaux, blocs de bétons… La ville tente de se protéger pour éviter d’être engloutie. Mais dans le meilleur des cas, si la Méditerranée ne monte que de 50 centimètres, "30% d'Alexandrie seront inondés, 1,5 million de personnes ou plus seront déplacées, 195 000 emplois détruits et les pertes en terres et en construction atteindront 30 000 milliards de dollars", rapporte France info.

Pour le patron de l'Autorité égyptienne de protection des côtes Ahmed Abdelqader, "l'Occident a une responsabilité morale : il doit aider à contrer les effets négatifs du changement climatique, qui est le résultat de ses choix de civilisation".

Venise régulièrement sous les flots

Chef d'oeuvre architectural classé au patrimoine mondial de l'Unesco, Venise est également menacée par la montée des eaux. Plus de 90% des habitations de la cité des Doges sont en proie aux épisodes d'acqua alta, ces pics de marées qui inondent jusqu'à la place Saint-Marc entre l’automne et le début du printemps.

"Sur les vingt-cinq pires acqua alta enregistrées à Venise au cours des cent dernières années, dépassant toutes les 1,5 mètre, plus de la moitié ont eu lieu après décembre 2009", souligne National Geographic. Pour se protéger, la ville n’a pas hésité à dépenser des milliards d’euros dans la construction de murs mobiles qui peuvent être déployés aux points d'entrée de la lagune et ainsi empêcher les eaux de pénétrer. Un système qui pourrait mettre la lagune en danger en détruisant les marais qui la composent. Et si le niveau de la mer venait à gagner 30 cm, l'eau envahissant la ville pourrait stagner pendant des semaines.

Le Mont saint-Michel rayé de la carte ?

La France n’est pas épargnée par la montée des eaux. "Pour le problème de l’élévation du niveau de la mer, quelques régions sont fragiles : Saint-Malo, la baie du mont Saint-Michel…", reconnaît le climatologue Jean Jouzel dans un entretien à Ouest France. Situés dans le département de la Manche en Normandie, l’abbaye et son village classés au Patrimoine Mondial de l'Unesco pourraient ainsi être un jour submergés.

"Le changement climatique ne jouera pas seulement sur le niveau d'eau mais aussi sur les courants qui seront plus faibles", détaille Deborah Idier, responsable scientifique au du bureau de recherche géologique et minière (BRGM) au Parisien. Ce qui touchera par exemple, dans la baie du Mont-Saint-Michel, le transport de sédiments et donc la topographie des lieux."

En mai 2022, le gouvernement français a dévoilé la liste des 126 communes françaises classées prioritaires face à l’érosion côtière et au recul du trait de côte aggravé par le réchauffement climatique. La majorité d’entre-elles sont situées sur les côtes Atlantiques et dans l’Ouest de la France. La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont aussi concernées.

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