Contre les Houthis en mer rouge, la France intègre une coalition internationale : à quoi va-t-elle servir ?

Des membres des garde-côtes yéménites ; à bord d’un bateau de patrouille en mer Rouge, le 12 décembre 2023.
KHALED ZIAD / AFP Des membres des garde-côtes yéménites ; à bord d’un bateau de patrouille en mer Rouge, le 12 décembre 2023.

INTERNATIONAL - Dix pays réunis sous le nom de « Gardiens de la prospérité ». En visite en Israël, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé ce lundi 18 décembre la formation d’une coalition internationale, afin de contrer les attaques répétées des Houthis en mer Rouge contre des navires considérés par ces rebelles yéménites comme « liés à Israël ».

La guerre Israël-Hamas a des conséquences aussi en mer Rouge, avec les attaques des rebelles yéménites Houtis

« L’escalade récente des attaques irresponsables des Houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international », a argué Lloyd Austin pour justifier la création de cette opération.

Quels pays font partie de l’opération ? À quoi va-t-elle servir ? Et pourquoi l’Occident est-il aussi inquiet par ces attaques en mer Rouge ? Le HuffPost fait le point.

Dix pays, trois destroyers américains

L’opération comprend dix pays : les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Canada, Bahrein et les Seychelles. Israël ne fait pas partie des États mentionnés par le chef du Pentagone comme faisant partie de la coalition en mer Rouge.

Par ailleurs, le destroyer britannique HMS Diamond va rejoindre la coalition. Arrivé pendant le week-end dans la mer Rouge, le navire de guerre, présenté par Londres comme « l’un des plus modernes de la Royal Navy », s’ajoute ainsi à une force comprenant trois destroyers américains.

« Nous sommes convaincus qu’une force composée des marines américaine et britannique en particulier, ainsi que de nos alliés français, offre une capacité considérable pour dissuader les attaques futures et protéger le transport maritime commercial », a expliqué aux journalistes un porte-parole du Premier ministre britannique Rishi Sunak.

• Comment va contribuer la France ?

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a estimé dimanche que ces attaques « ne peuvent rester sans réponse ». La France va participer sans envoyer de moyens supplémentaires mais elle va mobiliser un bâtiment.

La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc « est déjà sur place et c’est un moyen associé », a précisé un porte-parole de l’état-major des Armées, ce mardi en marge d’une première visioconférence des alliés.

La réunion s’est déroulée « ce matin, au niveau des services », a précisé le ministère sans préciser le nombre de représentants ni les conclusions des discussions.

Des attaques qui perturbent le transport maritime mondial

L’Occident s’unit, alors que ces dernières semaines la guerre entre Israël et le Hamas s’est déportée en mer Rouge. En novembre, un navire lié à Israël avait par exemple été pris en otage par des rebelles Houtis. Et depuis début décembre, les rebelles multiplient les attaquent contre des navires « liés à Israël ».

Cette vague d’attaques de drones et de missiles, dont la dernière en date a visé deux navires lundi, menace de perturber les flux du commerce mondial, les principales firmes de transport maritime ayant interrompu le passage par le détroit de Bab al-Mandeb, par lequel transite 40 % du commerce mondial.

Suivant l’exemple de nombreux armateurs, le géant britannique des hydrocarbures BP et le géant taïwanais du transport maritime Evergreen ont ainsi annoncé suspendre tout transit en mer Rouge. En fin de semaine dernière, le Danois Maersk, l’Allemand Hapag-Lloyd, le Français CMA CGM et l’Italo-suisse MSC avaient fait savoir ces derniers jours que leurs navires n’emprunteraient plus la mer Rouge « jusqu’à nouvel ordre », au moins jusqu’à lundi ou jusqu’à ce que le passage « soit sûr ».

Les Houthis annoncent poursuivre leurs attaques

Cette nouvelle coalition a donc pour but de protéger le transport maritime mondial et de dissuader les Houthis de perpétrer ces attaques. Mais selon les analystes, l’alliance annoncée par Washington s’annonce peu efficace face aux rebelles. « Les Houthis disposent d’un arsenal important de drones et missiles (...) et certains seront difficiles à intercepter », a déclaré à l’AFP Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres.

Torbjorn Soltvedt, de l’entreprise spécialisée dans l’analyse de risque Verisk Maplecroft, estime, lui, que les Houthis ont aussi « la capacité de déployer des mines antinavire et de mener des opérations coordonnées avec des bateaux et des hélicoptères ».

D’autant plus que l’annonce de la coalition a provoqué la colère des Houthis, soutenus par l’Iran, qui se sont dits déterminés à poursuivre leurs attaques. « Même si l’Amérique mobilise le monde entier, nos opérations militaires ne s’arrêteront pas (...) quels que soient les sacrifices que cela nous coûte », a déclaré Mohammed al-Bukhaiti, un haut responsable des rebelles yéménites, sur le réseau social X.

Selon le Pentagone, les Houthis ont lancé plus de 100 attaques, ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays.

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