Pour construire son épargne, cette spécialiste de la gestion d’argent a des conseils

77 % des Français estiment avoir un niveau de connaissances moyen ou faible sur les questions financières
77 % des Français estiment avoir un niveau de connaissances moyen ou faible sur les questions financières

ARGENT - « À l’école, on n’apprend pas à faire un budget ou à lire une fiche de paie », regrette Alix de Renty. Banquière privée de profession, elle observe au quotidien des jeunes « désorientés et angoissés » et des adultes « qui mélangent les différents outils », par manque d’éducation financière. « Cela génère énormément d’appréhensions. »

Elle n’est pas seule à faire cette analyse, puisque 77 % des Français estiment avoir un niveau de connaissances moyen ou faible sur les questions financières, selon une enquête de la Banque de France. Comment être au clair avec ses finances personnelles ? Quelles sont les bonnes pratiques à cultiver pour bâtir et gérer une épargne ? Le HuffPost a posé la question à une spécialiste des finances et de la gestion de patrimoine.

Faire un audit annuel de ses entrées et sorties financières

Cela peut sembler évident mais il est bon de le rappeler, « La première chose à faire, c’est de s’assurer qu’on a une vue à 360 sur ses entrées et ses sorties d’argent. C’est un service que nous offrons, et je me rends compte que les trois quarts des gens ne l’ont jamais fait », explique la spécialiste en gestion de patrimoine.

Un audit annuel qui doit comprendre son salaire, ses éventuelles autres ressources, mais aussi l’intégralité de ses dépenses fixes (loyer, courses, nounou, déplacements…) y compris celles qu’on a tendance à oublier. C’est l’occasion de vérifier la manière dont les assurances qu’on paie nous protègent. « Est-ce que mon assurance habitation couvre tout dégât des eaux ou incendie ? Est-ce que l’assurance de mon prêt immobilier protège mon partenaire s’il m’arrive malheur ? Aller au moins cher n’est pas toujours la meilleure solution, et bien des gens déchantent en découvrant qu’ils ne sont pas aussi bien couverts que ce qu’ils espéraient. »

Après avoir déduit ces frais, on calcule ce qu’il peut nous rester pour les loisirs et pour épargner. « C’est important de ne pas les négliger dans le calcul : cela peut être des loisirs mensuels, pour vous ou pour les enfants, ou le budget pour les vacances. C’est aussi dans cet extra qu’on trouve l’épargne potentielle. »

Si cet état des lieux peut être une source de stress, surtout quand on fait face à des difficultés financières, pour l’experte, c’est indispensable. « Comprendre le problème, c’est aussi poser la base des solutions. »

Ne pas multiplier les comptes et les petites sommes

C’est une fois ce premier bilan accompli, explique la spécialiste, qu’on peut se pencher sur son épargne. En commençant par ce qu’on possède. « Avec la multiplication des offres de type 10 € offerts si vous ouvrez un compte, beaucoup de gens ont des petites sommes un peu partout, mais ne sont connus d’aucun conseiller. Donc il faut se poser des questions : qu’est-ce que j’ai ? Dans quelle banque ? Qui est mon contact pour tout récupérer ? »

Quand son épargne existante et sa capacité d’épargne sont établies, il est temps de choisir que faire de cet argent. Plan épargne logement bloqué, livret d’épargne populaire, plan d’épargne en actions ? La première étape est de se renseigner sur ce à quoi on peut avoir accès. « Dans certaines entreprises par exemple, on peut avoir une épargne salariale très avantageuse, mais les jeunes ne savent pas toujours à quoi cela sert et préfèrent retirer toutes leurs primes. »

Les trois critères pour gérer son épargne

Toutefois, alerte la spécialiste, le fonctionnement des outils financiers est souvent opaque. « C’est complexe, et cela amène des gens à gérer leur épargne en fonction de ce que les professionnels leur proposent, et pas en fonction de leurs vrais besoins. » Pour elle, on doit faire ses choix d’investissement selon ses projets de vie, et non l’inverse. Il faut donc s’appuyer sur trois critères : à quel horizon ai-je besoin de cette somme ? Quel est le risque que je peux prendre en la plaçant ? Est-ce que je veux pouvoir retirer mon argent à tout moment ?

« À court terme, on peut vouloir de changer de voiture, à moyen terme, acheter sa résidence principale. En fonction, on va structurer et allouer cet argent », reprend l’experte en gestion de patrimoine, qui recommande en premier lieu de « se garder un petit matelas de sécurité en cas d’imprévu. Pour cela, les solutions comme le Livret A ou le LDD, avec des taux à 3 % d’intérêt et la possibilité de retirer son argent à tout moment peuvent convenir. »

Quand cette sécurité est assurée, s’il y a de l’extra, « on reste pragmatique », reprend Alix de Renty. « Si l’objectif est de financer une voiture dans deux ans, on ne prend pas de risques avec son argent et on le place de manière sûre. Si le délai est un peu plus long, on peut chercher un peu plus de rendement en s’autorisant un placement un peu plus risqué - en sachant que le risque, c’est de perdre ses économies. Enfin, si on a une somme dont on n’a pas besoin avant longtemps, on peut choisir d’investir dans des projets plus larges, en s’assurant de connaître la manière dont on sera imposé sur cet argent. »

Elle recommande de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de « diversifier ses classes d’actifs », quand c’est possible, tout en gardant un interlocuteur professionnel réunissant toutes les informations.

Parler d’argent et des sujets qui fâchent

Quelle que soit sa situation financière, Alix de Renty appelle au réalisme : « Le plus important, c’est de pouvoir parler des choses qui fâchent, et d’être clair là-dessus. Si je meurs, qu’est-ce qui se passe pour mes enfants ? Est-ce que le compte de mon mari ou de ma femme sera bloqué ? Qui sera redevable de mon prêt immobilier ? Est-ce que cela correspond à ce que je veux ? »

Elle recommande de centraliser ces informations chez soi dans un dossier, ou auprès d’un notaire. « Il faut dire à ses enfants ou à son partenaire où se trouvent les informations dont ils auront besoin en cas de décès, expliquer Si je meurs, voilà comment je veux que ça se passe… Et poser la question à ses propres parents. »

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