Les conseils d'une spécialiste pour surmonter le deuil de votre animal

Que l'on soit un adulte ou un enfant, le deuil animalier est une épreuve difficile à surmonter. Découvrez les précieux conseils d'Amanda Castello qui vous aideront à aller de l'avant.

Le deuil d'un animal de compagnie peut être aussi douloureux que la perte d'un être humain

La perte d'un animal est une expérience déchirante et traumatisante. Chats ou chiens, ils deviennent souvent des membres à part entière de la famille, partageant nos joies, nos peines et nos routines quotidiennes. Lorsqu'ils nous quittent, le vide laissé est immense. Amanda Castello, auteure de "Calmer sa peine - 30 protocoles pour traverser le deuil et en sortir grandi" aux éditions Le Lotus et L'Eléphant, nous dévoile ses conseils pour vous aider à traverser cette période difficile.

Un deuil souvent incompris

Le deuil d'un animal et celui d'un être humain partagent plusieurs similitudes fondamentales. "Les phases du deuil à traverser seront les mêmes que pour un deuil humain : le déni, la colère, la tristesse, la dépression et l’acceptation, nous confie Amanda Castello. Il n’existe pas de hiérarchie dans la souffrance que l’on pourrait réglementer. Celle qu’un être humain éprouve pour son semblable et celle qu’il ressent pour son animal ne présentent aucune différence de valeur, sinon d’intensité. La souffrance éprouvée est proportionnelle à la force du lien, dans un cas comme dans l’autre. On ne souffrira pas pour un parent éloigné ou pour un voisin croisé dans les escaliers, mais on éprouvera les peines de l’enfer pour la mort de son chien ou de son chat", admet-elle.

Amanda Castello écrit des livres et tient des conférences en ayant le deuil animal constamment au centre de ses préoccupations (Photo : Amanda Castello)
Amanda Castello écrit des livres et tient des conférences en ayant le deuil animal constamment au centre de ses préoccupations (Photo : Amanda Castello)

Comme le souligne l'écrivaine, les liens que nous formons avec notre animal sont profonds et émotionnels. "Il fait aujourd’hui partie de la famille. Il en est un membre à part entière. Cette famille humaine dans laquelle il s’est intégré a remplacé sa meute originale et il y a trouvé sa place et son rôle. Les animaux sont encore aujourd’hui appelés à tort des animaux de compagnie. C’est une erreur, remarque Amanda Castello. Ils ne sont pas là pour nous "faire compagnie", même s’ils nous offrent leur présence aimante et joyeuse, il est plus juste de les nommer animaux d’affection".

À LIRE AUSSI : "Il faut dédramatiser ce sujet de la mort" : comment faire le deuil de son animal ?

Cette période de deuil est encore plus difficile lorsqu'elle est incomprise. "C’est un processus long et fatigant, souvent mal compris par les proches qui n’ont pas ce type de rapport avec un animal et, par leur incompréhension, rendent souvent plus difficile votre parcours. Il est préférable de ne parler de votre souffrance qu’avec des personnes qui ont vécu le même genre de triste expérience, recommande la spécialiste. Il faut fuir les auteurs de ces réflexions maladroites qui blessent profondément votre sensibilité, "ce n’est qu’un chien" ou "qu’un chat","vous n’avez qu’à en reprendre un autre". L’animal n’est pas une chose, un produit de consommation à remplacer quand il ne sert plus. C’est un être d’émotions, qui aime, qui souffre comme nous."

Amanda Castello a publié un livre en février dernier :
Amanda Castello a publié un livre en février dernier : "Calmer sa peine, 30 protocoles pour traverser le deuil et en sortir grandi" (Photo : Amanda Castello)

Dans de nombreuses sociétés, il existe une hiérarchie implicite qui place les relations humaines au-dessus des relations avec les animaux. La douleur ressentie à la perte d'un animal est souvent considérée comme moins légitime ou moins importante que celle ressentie à la perte d'un être humain. Une situation qui pose problème selon Amanda Castello. "L’incompréhension de l’être humain est associée à son ignorance et à son orgueil. Tant qu’il continuera à se considérer au sommet de la création, il n’y aura pas d’évolution relationnelle, émotionnelle, spirituelle entre le monde humain et animal, constate-t-elle. Le modèle culturel est à transformer. La sensibilisation doit commencer par les écoles. Il est urgent que les enfants comprennent les droits et les devoirs qu’ils ont envers le monde animal".

À LIRE AUSSI : AVC chez le chien : les premiers gestes à faire

Si du chemin reste à parcourir, des progrès ont été réalisés ces dernières années. "Les associations qui essaient de sensibiliser l’opinion publique sur les droits des animaux font un travail important et courageux, malheureusement encore peu reconnu ni compris, constate l'experte. Il reste encore beaucoup à faire et pourtant la sensibilisation augmente. Il y a quelques années les cimetières pour animaux étaient rares, aujourd’hui, ils sont non seulement beaucoup plus nombreux, mais les sociétés funéraires proposent des services très soignés pour l’enterrement des animaux, la dispersion des cendres et des rituels. Comprendre que le deuil animalier est un deuil à part entière devient une option sérieuse."

Une perte difficile à gérer pour un enfant

Pour évacuer sa peine lors d'un deuil animalier, il est nécessaire de partager ses sentiments, comme le recommande vivement Amanda Castello : "Il existe aujourd’hui des groupes de paroles où les personnes en deuil d’un animal se rencontrent, partagent leurs souffrances, leurs souvenirs, leurs expériences sans peur d’être critiquées et jugées par ceux qui ne les comprennent pas. Certaines associations qui viennent en aide aux animaux offrent aussi un soutien aux personnes en deuil d’un animal. Il existe aussi différents groupes sur les réseaux sociaux où virtuellement, on peut laisser transparaître ses émotions", ajoute-t-elle.

À LIRE AUSSI : Deuil d'un animal : "Un choc total dont je ne me suis jamais vraiment remise"

Gérer le deuil d'un animal peut être particulièrement difficile pour un enfant, car il s'agit souvent de leur première expérience de perte. "Le monde affectif de l'enfant est soudainement brisé. Son ami, son compagnon, son confident, son complice, son protecteur le quitte. C’est difficile et inacceptable, comme pour nous, admet la spécialiste. Les adultes devront gérer cette situation avec beaucoup de douceur et de de sincérité". Malgré son jeune âge, l'enfant a besoin d’explications et surtout de vérité. "Il ne faut jamais penser que l’enfant ne comprend pas, insiste Amanda Castello. Son intuition est bien plus fine que la notre. Il sait même s’il ne comprend pas. Il sait même si on lui cache la vérité. La façon dont il vivra ces moments conditionnera ses futurs deuils".

Très engagée auprès du monde animal, Amanda Castello s'est toujours battue pour la défense des animaux (Photo : Amanda Castello)
Très engagée auprès du monde animal, Amanda Castello s'est toujours battue pour la défense des animaux (Photo : Amanda Castello)

Organiser un rituel ou une cérémonie d'adieu peut aider un enfant, ou un adulte, à dire au revoir et à commencer le processus de guérison."Le rituel est un processus qui permet d’intégrer un évènement et donc de l’accepter. L’enfant a besoin pour intégrer la mort de l’animal d’être accompagné, compris et de participer à un rite de passage, conseille l'experte. Organiser l’enterrement de son animal avec lui, lui permettre de lui parler, de le toucher, de participer à sa mise en terre, de planter un témoignage végétal de son affection, de lui dessiner ou de lui écrire un message, de lui porter des fleurs, de planter une croix, un symbole, d’y placer une pierre avec son nom... Ces gestes lui permettront petit à petit d’accepter que son ami ne reviendra pas".

Remplacer son animal, une bonne idée ?

Pour éviter de souffrir davantage, laisser ses émotions émerger librement est essentiel, comme le suggère Amanda Castello. "Il est normal de pleurer, de parler à son animal décédé, de le remercier de tout ce qu’il vous a donné. Je vous suggère de lui écrire une lettre, recommande-t-elle, en lui rappelant son enfance, les moments drôles passés ensemble, ses bêtises, les courses dans la campagne ou à la mer, ses peurs, ses gourmandises, ses petites manies, tout l’amour que vous lui avait donné et celui que vous avez reçu de lui. Décrivez ce que vous avez sur le cœur, dites-lui qu’il vous manque et que vous ne l’oublierez jamais. Cette lettre, vous pouvez la garder, l’enterrer dans votre jardin là où se trouve votre compagnon animal, ou opter pour un autre choix qui vous appartient."

À LIRE AUSSI : Quelles races de chiens vivent le plus longtemps ?

Pour certaines personnes, après la perte de leur fidèle compagnon, la présence d'un nouvel animal peut apporter du réconfort et aider à combler le vide. Mais faut-il à tout prix remplacer son animal par un autre ? "La question se posera à un moment donné, nous répond Amanda Castello. On ne remplace pas un amour, on redonne de l’amour. Tant d’animaux dans les refuges attendent de trouver un foyer. Prenez votre temps. Un jour, vous sentirez une petite voix au plus profond de votre être qui vous avertira que vous êtes prêt ou prête à ouvrir votre cœur de nouveau. Accueillir un animal chez soi est le plus grand hommage que l’on puisse rendre à celui qui vous a laissé. Ce sera un nouveau rapport, une nouvelle relation à construire. Parfois on a l’impression que c’est l’animal décédé qui vous envoie un autre animal, comme s’il vous le présentait... Adoptez, surtout n’achetez jamais", conclut-elle.

VIDÉO - Hélène Gateau, vétérinaire, journaliste et “dogmum” : “Lorsque mon chien va mourir, ça va être dévastateur pour moi”