Conflit Hamas-Israël : le délai pour évacuer Gaza a expiré, des dizaines de milliers de Palestiniens en fuite

Des milliers de Palestiniens fuient à travers les rues dévastées de Gaza, espérant trouver refuge plus au sud, avant l’attaque terrestre imminente d’Israël.

À pied, entassés sur des remorques, sur des charrettes, à moto, en voiture… Ils fuient par tous les moyens. Ce vendredi 13 octobre, le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU a indiqué que des dizaines de milliers de Palestiniens du nord de Gaza s’étaient réfugiés vers le sud de l’enclave. Un mouvement précipité qui fait suite à l’avis d’évacuation d’Israël, rapporte The Guardian.

L’armée israélienne a demandé à environ 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza de quitter les lieux en prévision d’une invasion terrestre imminente. Une injonction face à laquelle le Hamas a exhorté la population à rester sur place et à défier l’ordre militaire israélien. Malgré ce contre-ordre, les familles gazaouies ont fui en masse, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessous.

Le droit à se défendre a pour limite le « droit international »

La population du nord de Gaza avait jusqu’à 5 heures du matin (4 heures en France) ce samedi pour partir. « Nous avons assisté à un mouvement important de civils palestiniens vers le sud », a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne, lors d’un point de presse ce samedi matin, rapporte Le Parisien. Avant l’ordre d’évacuation, plus de 400 000 Palestiniens avaient déjà été déplacés à l’intérieur du pays, a par ailleurs précisé l’ONU.

Face à cette situation et aux exigences de l’État hébreu, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré que l’ordre d’Israël était « extrêmement dangereux », voire « impossible ». Son porte-parole, Stéphane Dujarric, a appelé à ce qu’il soit « annulé, pour éviter de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse ». « Le secrétaire général et son équipe ont passé du temps au téléphone. Il est en contact constant avec les autorités israéliennes pour les appeler à éviter une catastrophe humanitaire », a poursuivi Stéphane Dujarric.

« En tant que représentant de la position officielle de l’Union européenne, je dis que (l’ordre d’évacuation) est totalement, totalement impossible à mettre en œuvre », a corroboré Josep Borrell lors d’une conférence de presse au dernier jour de sa visite de trois jours à Pékin.

« Imaginer que l’on puisse déplacer un million de personnes en 24 heures dans une situation comme celle de Gaza ne peut que résulter en une crise humanitaire », a-t-il ajouté. « La position est claire », a complété Josep Borrell. « Nous défendons certainement le droit d’Israël à se défendre (...) Mais comme tout droit, il a une limite. Et cette limite est le droit international. »

« Éviter de faire du mal aux civils »

Le secrétaire d’État américain, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères, Antony Blinken a quant à lui appelé vendredi à « minimiser » les pertes civiles dans la bande de Gaza, où l’armée israélienne a commencé des incursions terrestres en prévision d’une offensive imminente.

« Nous avons insisté auprès des Israéliens pour qu’ils prennent toutes les précautions possibles pour éviter de faire du mal aux civils », a-t-il déclaré à Doha, après des entretiens avec les responsables du Qatar, pays où a eu lieu, comme dans de nombreuses nations arabes, une manifestation de soutien aux Palestiniens.

« Nous reconnaissons que de nombreuses familles palestiniennes de Gaza souffrent sans que ce soit leur faute et que des civils palestiniens ont perdu la vie », a-t-il ajouté. Mais il a souligné qu’Israël avait le droit de se défendre après les attaques « inadmissibles » du Hamas.

Gaza, enclave coupée du monde

Samedi 7 octobre, des centaines d’hommes armés de l’organisation islamiste palestinienne Hamas ont fait irruption sur le territoire d’Israël et tué plus de 1 300 personnes, principalement des civils. Israël a répondu par une intense campagne de bombardements contre des cibles palestiniennes à Gaza, tuant au moins 2 215 personnes, pour la plupart des civils et parmi lesquels plus de 724 enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé de Gaza.

La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où s’entassent 2,3 millions d’habitants qui subissent depuis une quinzaine d’années un blocus terrestre et maritime est désormais en état de siège, privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.

L’armée israélienne a confirmé samedi avoir identifié « plus de 120 civils » retenus captifs à Gaza, parmi environ 150 otages enlevés par le Hamas qui a menacé de les exécuter. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d’identification. L’armée israélienne avait par ailleurs annoncé la veille avoir mené des incursions au sol dans le territoire palestinien où 5 540 maisons « ont été détruites » selon l’ONU.

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