Condamnation de MHD: cinq autres affaires qui ont secoué le rap français

D'étoile montante de l'afro-trap à la case prison: le rappeur MHD a été condamné samedi à 12 ans de prison aux assises de Paris, où il comparaissait avec huit coaccusés pour le meurtre d'un jeune homme en 2018, dans le cadre d'un règlement de comptes entre bandes rivales.

Si cette peine est l'une des plus élevées dans l'histoire du rap français, par le passé, plusieurs autres rappeurs ont également eu le droit à une place dans la rubrique faits-divers. L'occasion de faire le point sur cinq affaires qui ont secoué le rap français.

• Rixe à la boutique Unküt

Depuis le début des années 2010, Booba et Rohff multiplient les clashs à coup de freestyles, messages, montages photos... Mais en 2013, la relation tendue entre les deux rappeurs passe à un stade supérieur.

Attaqué sur Instagram par Booba à la suite de plusieurs provocations, Rohff, alors en tournée pour son album P.D.R.G., profite d'un concert au Zénith de Paris, le 11 avril, pour remettre le couvert. Sur scène, il interprète Wesh Zoulette, un freestyle critique à l'encontre de Booba, et projette sur les écrans de la salle un immense photomontage du rappeur avec une perruque.

Ces attaques n'amusent pas vraiment Booba qui lui propose, le 21 avril, de le "trouver à Paname", même si en réalité il réside à Miami. Le jour même, Rohff et quatre proches se présentent dans une boutique Ünkut (marque de Booba) dans le quartier des Halles, et s'en prennent violemment à un jeune vendeur, laissé inconscient au sol, dans un état critique, sous l'oeil de caméras de vidéo-surveillance.

Placé en garde à vue après s'être présenté volontairement à la police le 22 avril, Rohff sera finalement condamné à cinq ans de prison en appel avant d'être libéré en 2019.

• Clash Booba vs Kaaris à Orly

Coups de poings, coups de pieds, rayons d’une boutique duty-free renversés, bouteilles de parfum cassées... En août 2018, les images de la rixe entre Booba et Kaaris, anciens collaborateurs devenus ennemis, à Orly font le tour des réseaux sociaux.

Hasard de calendrier, les deux artistes, en conflit depuis plusieurs années, se retrouvent dans le même aéroport parisien alors qu'ils se rendent à Barcelone pour donner respectivement un concert dans deux boîtes de nuit distinctes du Port Olympique.

S'ils font tout pour s'éviter, Booba et Kaaris finissent par se croiser dans un hall d'embarquement et en viennent rapidement aux mains. Une bagarre éclate alors et entraîne le retard de tous les vols. Plusieurs personnes sont légèrement blessées et les dégâts estimés à plus de 50.000 euros.

Placés en garde à vue, Booba et Kaaris sont condamnés à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende chacun. Neuf de leurs proches, jugés en même temps que les deux rappeurs, sont également condamnés à des peines allant jusqu'à 12 mois d'emprisonnement.

• Mise en examen de Moha La Squale

En 2020, alors qu'un mouvement MeToo émerge au sein du rap français via le hashtag #BalanceTonRappeur, plusieurs femmes portent plainte contre le rappeur Moha La Squale pour violences volontaires, menaces de mort et agressions sexuelles. Une enquête est alors ouverte par le parquet de Paris.

L'artiste, qui avait été interpellé quelques mois plus tôt pour refus d'obtempérer aggravé, outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion à la suite d'un contrôle routier, est accusé par six plaignantes de violences à la fois physiques, verbales, sexuelles et psychologiques et de séquestrations.

En 2021, le rappeur est placé en garde à vue puis mis en examen pour "agression sexuelle", "viols", "menaces de mort" et "violences" par conjoint ainsi que pour "séquestration". La marque Lacoste avec qui il est en contrat décide alors de rompre tout partenariat avec l'artiste.

Moha La Squale, qui nie toute accusation, poursuit sa carrière dans la musique et dévoile en 2022, l'album L'Appache avant d'être à nouveau rattrapé par la justice. En juillet 2022, il est arrêté à Paris, à la Gare du Nord, à sa descente d'un Thalys en provenance d'Allemagne, en exécution d'un mandat d'arrêt pour violation de son contrôle judiciaire. Incarcéré, le rappeur Moha La Squale a depuis été remis en liberté le 16 juin 2023, et placé sous assignation à résidence avec surveillance électronique.

• L'affaire "Pendez les Blancs"

En septembre 2018, Nick Conrad poste sur YouTube le clip d'une chanson intitulée PLB - pour Pendez les blancs. Dans celui-ci, le rappeur, alors inconnu du grand public, y parodie le film American History X en torturant et exécutant un homme blanc.

Si au départ le morceau passe assez inaperçu, quelques jours après sa sortie, la vidéo est rapidement relayée par des comptes d'extrême droite et suscite l'indignation de la classe politique avant d'être supprimée par YouTube pour infraction au règlement sur les contenus haineux.

Dans la foulée, plusieurs associations telles que la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) ou SOS Racisme accusent Nick Conrad de "racisme anti-blanc" et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT effectue un signalement auprès du Procureur de Paris.

En mars 2019, Nick Conrad, qui a affirmé à plusieurs reprises ne pas être raciste et avoir voulu "inverser les rôles" avec sa chanson pour dénoncer le racisme, est reconnu coupable de provocation au crime et condamné à 5.000 euros d'amende avec sursis.

Le rappeur est également condamné à verser 1.000 euros de dommages et intérêts à l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne ainsi qu'à la LICRA. Des poursuites qui seront finalement abandonnées en appel.

• Timal et son chien

Figure montante du rap français qui compte des featuring avec les rappeur Gazo ou Booba, Timal se retrouve en août 2022 sous le feu des critiques. À la fin du mois, l'artiste poste sur le réseau social Snapchat une vidéo dans laquelle il se filme en train de donner trois coups de pied au niveau de la tête à l'un de ses deux chiens. "Connard va", pouvait-on lire en légende.

Dans l'extrait, le rappeur justifie cette punition en montrant que son chien a uriné au sol. Mais rapidement, la vidéo est relayée sur les réseaux sociaux et de nombreux internautes et associations - comme la fondation 30 millions d'amis - condamnent le geste de Timal, appelant à son boycott.

La fondation 30 millions d'amis effectue alors un signalement sur Pharos - la plate-forme de lutte contre les contenus illicites sur Internet - et porte plainte pour maltraitance animale. Le chien, lui, est saisi et confié à une association de protection animale.

Deux jours après la diffusion de la vidéo, Tima est condamné à une peine de 120 jours d'amendes à 50 euros, soit un total de 6000 euros. Une amende qui l'expose à 120 jours d'emprisonnement en cas de non-paiement. Il est également condamné à une interdiction de détenir des animaux pendant cinq ans.

Article original publié sur BFMTV.com