Un concert de reggae annulé pour des dreadlocks, la Suisse débat de l’appropriation culturelle

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lauwarm_music / Instagram

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Le groupe Lauwar en août 2021

MUSIQUE - L’histoire a fait beaucoup de bruit en Suisse. Lauwarm, un groupe alémanique (Suisse de langue allemande) se produisait tranquillement à Berne le lundi 18 juillet quand ils ont dû interrompre leur concert. La raison ? Des dreadlocks.

Le groupe a en effet été accusé d’appropriation culturelle : les cinq membres, tous blancs jouent du reggae et certains portent des dreadlocks. Dans le bar où ils se produisaient, la Brasserie Lorraine, certains spectateurs auraient été heurtés.

Face à l’ampleur des critiques sur les réseaux sociaux, le chanteur du groupe, Dominik Plumettaz, a réagi dimanche 31 juillet auprès du Temps. « Nous faisons du reggae en ’Bärndutsch’, avec nos textes, et non pas avec des textes empruntés à la culture jamaïcaine ou à Jah Rastafari », se défend-il tout d’abord.

Expliquant que Lauwarm ne changera pas sa manière de faire de la musique, il donne également les raisons pour lesquelles ils jouent du reggae : « La musique reggae a une magnifique vibration, elle est extrêmement positive mais évoque aussi une certaine critique du système. Nous pouvons nous identifier à certains messages, en termes de communauté et de façon de penser qu’ont les musiciens qui font du reggae. Je voulais, en faisant du reggae en dialecte, confronter les gens avec des textes qu’ils peuvent comprendre, qui m’ont inspiré dans ma vie et qui ont eu une incidence très positive pour moi. »

« Les membres ne couperont pas leurs dreadlocks »

Dans une autre interview, accordée au SonntagsBlick, il réagit au sujet des dreadlocks. « On peut comprendre que certaines personnes en soient gênées. Mais nous avons également reçu des retours positifs directement de la Jamaïque, selon lesquels ils sont tout à fait d’accord avec le fait que les membres de notre groupe portent des dreadlocks. Les membres de notre groupe ne couperont pas leurs dreadlocks », affirme-t-il avant de nuancer : « Nous sommes certainement plus conscients du sujet maintenant. »

Le 25 juillet, une semaine après le concert, la Brasserie Lorraine qui avait accueilli le groupe avait déjà tenu à s’expliquer sur l’annulation prématurée de la soirée. « Pendant le concert, plusieurs personnes nous ont approchés indépendamment et ont exprimé leur malaise face à la situation. Le sujet était ’l’appropriation culturelle’. Après une conversation avec le groupe, nous avons décidé ensemble d’annuler le concert », est-il indiqué sur Facebook. Le restaurant présente ensuite ses excuses « auprès de toutes les personnes qui ont pu être gênées par le concert ».

L’affaire a par la suite pris un tournant politique. Les jeunes de l’UDC Suisse (Union démocratique du centre, un parti politique suisse conservateur et nationaliste), ont annoncé vouloir saisir la justice pour « racisme antiblanc » de la part du bistrot. « Ils savent très bien ce qu’ils font, ils profitent de l’occasion pour gagner des électeurs et se faire de la publicité. Ils utilisent le thème et le banalisent », a répondu le chanteur de Lauwarm.

Malgré la polémique, le groupe conduit de se produire sur scène au mois d’août. Prochaine date, la « Fête au lac » à Berne, le 5 août.

À voir également sur Le HuffPost : Au Stade de France, Ed Sheeran avait un message pour Didier Deschamps

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