"Les compagnies ont peur de venir": en Israël, le port d'Eilat à l'arrêt après les attaques Houthis en mer Rouge

Un des dommages collatéraux de la guerre entre Israël et le Hamas. Depuis les attaques terroristes survenues le 7 octobre en Israël et la réplique militaire de l'État hébreu dans la bande de Gaza, le conflit s'est peu à peu exporté. En témoignent les multiples attaques en mer Rouge contre des navires commerciaux de près ou de loin affiliés à Israël, perpétrées par les rebelles Houthis du Yémen.

En conséquence de cette crise, les compagnies maritimes renoncent à emprunter ce chemin. De fait, le port d'Eilat, unique porte d'entrée israélienne sur la mer Rouge située à l'extrême sud du pays, aux frontières de l'Égypte et de l'Arabie saoudite, vers lequel se dirigent la majorité des navires qui passent dans la zone, se retrouve à l'arrêt.

"Regardez vous-même c’est désert. Il n’y a plus rien à cause de problèmes géopolitiques, ça nous dépasse complètement", constate Udi, un docker rencontré par BFMTV qui se retrouve au chômage technique. Seul un unique bateau est en effet amarré, mais bloqué temporairement dans l'attente d'instructions de sa compagnie.

80% d'activité en moins

Cet arrêt forcé à de multiples conséquences. Dans un premier temps, Gideon Golberg, PDG du port, estime que ce dernier a perdu 80% de son activité par rapport à avant le 7 octobre.

"En septembre ça n’arrêtait pas, on avait deux rotations par jour. Maintenant, les compagnies ont peur de venir", dit-il à BFMTV, devant un parking sur lequel reposent 45.000 voitures neuves en attente d'exportation.

Selon lui, si le blocage perdure, alors le coût des matières partira inévitablement à la hausse. Afin d'éviter la zone, plusieurs compagnies ont fait le choix d'emprunter le chemin du Sud, qui contourne l'Afrique. Un trajet plus long, plus coûteux, et qui pourrait à terme être à l'origine de pénuries de certains produits en raison d'un ralentissement du commerce mondial.

"Si les bateaux contournent la mer rouge, ça rallonge le trajet de 20 jours, ça augmente les coûts de transports et ça se répercute sur les consommateurs du monde entier", insiste Gideon Golberg.

L'ombre iranienne?

En réponse, plusieurs pays occidentaux ont dépêché en mer Rouge et dans le golfe d'Aden plusieurs bâtiments militaires, sans réel succès.

"La France est présente partout dans le monde, c’est pour ça qu’elle doit empêcher des organisations terroristes de bloquer des bateaux. Je demande à Emmanuel Macron de prendre plus d’initiatives et d’être plus actif contre le blocage du golfe d’Aden", martèle le PDG du port.

Vendredi, ce sont les États-Unis qui ont haussé le ton en accusant directement l'Iran d'être "très impliqué dans la planification" des attaques Houthis. Washington, qui a monté une coalition militaire pour défendre le trafic maritime dans la zone, pointe des livraisons d'équipements militaires sophistiqués, en transmission de renseignements, en aide financière et en formation de la part de Téhéran.

Le renseignement américain a par exemple relevé "des caractéristiques quasiment identiques" entre les drones iraniens de modèle KAS-04 (ou Samad-3) et ceux utilisés par les Houthis cet automne.

D'après le Wall Street Journal, les rebelles utilisent des renseignements fournis en temps réel par un navire espion lié au régime iranien.

Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen mais ne sont pas reconnus par la communauté internationale, répètent qu'ils continueront tant que la nourriture et les médicaments ne rentreront pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza.

L'Iran admet son soutien politique aux Houthis, en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale. Mais Téhéran dément fournir du matériel militaire aux rebelles.

Article original publié sur BFMTV.com