Comment le "Batman" de Tim Burton a sauvé la carrière de Prince

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(Photo : Allociné/Copyright D.R. et Bertrand Guay/AFP)

Avez-vous jamais dansé avec le Prince au clair de lune ? Le Joker lui l'a fait. Dans le premier “Batman” réalisé par Tim Burton, le psychophate au sourire démoniaque, joué par Jack Nicholson, sème la destruction au sein d'un musée de Gotham. Une séquence culte d'un film qui a relancé la carrière alors moribonde de l'artiste récemment disparu.

C'était en 1989. Cela faisait maintenant cinq ans que “Purple Rain” avait eu droit à son moment de gloire. Le plus exubérant des musiciens a connu depuis quelques succés avec certains de ses singles. Ses albums par contre n'ont jamais réussi à s'imposer en haut des charts ; quand ils ne se sont pas révèlés être même parfois de véritables naufrages, se brisant sur les récifs de la critique.

Alors que les musiciens qui le suivaient sur “Purple Rain” - le band “Revolution” - se sont peu à peu détourné de son ego, la Warner fit pression sur Prince : la compagnie veut de sa star un album qui touche à nouveau le cœur des foules, et corollairement leur porte-monnaie. Pour parvenir à cela, la Warner a eu l'idée de l'associer à un autre phénomène de la culture pop qu'elle allait bientôt lâcher sur le monde : le “Batman” de Tim Burton !

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Le Warner a alors approché Prince pour lui demander de faire un nouvel album basé sur les thèmes et les personnages du film. Après l'observation d'une séquence du film d'une demi-heure, l'artiste est entré au studio pendant six semaines et a rapidement écrit un petit lot de chansons. Pari réussi ! L'album “Batman” est resté en tête du Top 50 pendant près de six semaines, devenant non seulement la bande son du film de Burton, mais aussi celle de l'été de 1989.

Peu de chansons de l'album se sont en fait réellement retrouvé dans le film, en partie à cause au refus insistant du compositeur Danny Elfman – à l'époque encore inventif et inspiré - de collaborer sur la bande originale du film avec Prince. Toutefois, une chanson a vraiment laissé son impact en aidant à créer un des moments du Joker les plus bêtes et jubilatoires de toute l'histoire cinématographique de Batman : la séquence centrale du film où le Joker tente de séduire Vicky Vale interprété par Kim Bassinger.

Se faisant passer pour Bruce Wayne, l’homme au sourire hilare invite la jeune femme à dîner au Musée. Il endort préalablement toutes les personnes présentes au sein de l’espace -sauf le personnage de Vicky à qui il a pris le soin de transmettre un masque à oxygène. Entrant en scène, le Joker de Jack Nicholson donne le ton : à la musique classique qui baignait le Musée quelques minutes auparavant se substitue le “Partyman” de Prince. Affublé d'un béret de peintre, le Joker va se livrer à une danse endiablée, accompagné de ses acolytes. Certaines sculptures sont juste détruites, d'autres œuvres sont ré-interprétées à la façon du Pop-Art : bustes peints aux couleurs du Joker, empreintes de mains sur un tableau… Cette grandiloquente entreprise de destruction des œuvres d’art (ou de reconstruction) a pour unique but de présenter la vision et la psychologie du personnage, aussi bien à la demoiselle tant convoitée qu'aux spectateurs.

L'album ne fait évidemment pas parti des pépites de la discographie du Prince, les critiques l'ont accueilli comme un effort louable mais dispensable. Il n'empêche ! Cette scène reste culte dans l'histoire du cinéma et l'album qui en découle a permis à Prince de revenir enfin sous le feu des projecteurs et d'élargir son impact sur la culture Pop; jusqu'à devenir une des icones des années 80.