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Comment l’intelligence artificielle est utilisée en médecine ?

L'intelligence artificielle (IA) a déjà permis de trouver l'origine de cancer (crédit : getty image)
L'intelligence artificielle (IA) a déjà permis de trouver l'origine de cancer (crédit : getty image)

Diagnostic, traitement, prédiction… L’intelligence artificielle est au cœur de la médecine de demain. Où en est-on aujourd’hui ?

L’intelligence artificielle (IA) peut faire des miracles. Preuve en est avec l'histoire de Wilfrid, un homme de 50 ans dont l'origine du cancer n'aurait pas pu être trouvée sans cette technologie. Les médecins ont bien identifié les tumeurs dans son cerveau dont une partie a pu être retirées grâce à la chirurgie. "Ils m’ont dit que ce qui était dans mon cerveau était en fait des métastases d’un cancer, mais qu’ils ne savaient pas d’où celui-ci venait", raconte-t-il au Parisien. Pour ces cancers, appelés les primitifs inconnus, les pronostics de survie sont très mauvais, du fait que le traitement ne puisse être localisé.

Comme plus d'une centaine de patients, Wilfrid a bénéficié de l'algorithme développé par l’Institut Curie et entraîné sur une base de données de 20 000 profils ARN de tumeurs du sein, du côlon ou du poumon. Ce logiciel est capable "de décrire un cancer en quelques minutes, plus vite que le cerveau humain" dans plus de 98% des cas, explique au journal la Dr Sarah Watson. Mieux encore, l'outil a pu déduire "à 90% que (son) cancer venait du rein, précise le quinquagénaire. Il a été très fort car mes reins, déjà passés au crible, ne présentent aucune marque du cancer !". Cette technologie est encore très peu utilisée en pratique.

L'IA, très utilisée en radiologie

"Aujourd’hui on utilise surtout l’IA en appui diagnostique, nous précise la Dr Laure Abensur Vuillaume, médecin urgentiste et chercheure. La machine va voir des choses que l’Homme ne voit pas, mais dans tous les cas, c’est toujours le médecin qui prend la décision finale. Les applications dans le domaine de la médecine sont encore rares, même s’il y a beaucoup de projets en cours."

L’intelligence artificielle est beaucoup utilisée dans le domaine de la radiologie et notamment aux urgences. "L’IA va relire les radios, détecter ce qui est cassé ou pas, et permet ainsi d’avoir un double check-up. C’est une aide cognitive intéressante quand on est fatigué à 5h du matin, reconnaît la spécialiste. Ça fonctionne très bien pour les radios du thorax et osseuses. Pour le reste, c’est en développement."

Jean-Emmanuel Bibault, radiothérapeute à l'Hôpital européen Georges-Pompidou et auteur de "2041 : L’odyssée de la médecine" (éd. Équateurs, 2023) explique sur France 24 que "l’un des enjeux principaux de la radiothérapie est de bien cibler les endroits que l’on va traiter avec les rayons". Jusqu’il n'y a pas si longtemps, on prenait des scanners qu’on allait contourer manuellement (...). Ça pouvait prendre plusieurs heures. Maintenant avec des algorithmes d’IA, on peut faire ça en deux à trois minutes". Du temps gagné qui permet de prendre plus de temps avec les patients.

La prédiction de l'évolution d'une maladie

Les projets ambitionnent désormais de prédire les maladies pour mieux les guérir. L’algorithme développé par l’Institut Gustave-Roussy et la start-up franco-américaine Owkin est par exemple capable d’identifier les biomarqueurs de chaque tumeur et de prédire l’évolution des patients dans la maladie, raconte Le Parisien. Une aide précieuse pour les médecins qui peuvent ainsi personnaliser les traitements et les ajuster. Des tests sont en cours, mais le chemin est encore long avant que cette technologie soit pleinement opérationnelle.

À plus long terme, l’IA pourrait permettre d’affiner les scores de prédiction de cancer, de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson dans les années à venir. Des données qui pourraient être utilisées dans les politiques de santé, de dépistage ou de prévention par exemple.

Mais il ne faudrait pas que ces données soient détournées de leur usage, par les assureurs notamment. "Sur la question des données personnelles, celles utilisées dans la recherche clinique portée par des chercheurs académiques sont encadrées par la législation française, rassure Laure Abensur Vuillaume. C’est mieux encadré que si vous téléchargez une application de santé et confiez vos données de santé à une société privée."

Enfin, l’IA pourrait être utilisée "en régulation médicale pour aider à mieux catégoriser l’urgence de l’appel au Samu, illustre la Dr Laure Abensur Vuillaume. Il y a des travaux en cours à l’étranger pour les appels non gérés par un médecin."

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