La colloque des « Parents vigilants », conclu par Marion Maréchal et Éric Zemmour au Sénat, passe mal

Marion Maréchal et Éric Zemmour photographiés lors d’un meeting à Toulon en mars 2022.
CLEMENT MAHOUDEAU / AFP Marion Maréchal et Éric Zemmour photographiés lors d’un meeting à Toulon en mars 2022.

POLITIQUE - Depuis sa création fin 2021, Reconquête ! n’a pas obtenu grand-chose d’utile. Si ce n’est le ralliement du sénateur Stéphane Ravier, réélu sous les couleurs du Rassemblement national en 2020 (à l’inverse de l’ex-sénateur LR Sébastien Meurant qui a échoué à sauver son siège lors des dernières sénatoriales). Un seul et unique élu à la chambre haute Parlement qui permet à la galaxie zemmouriste de se faire mousser à peu de frais sous les ors du Sénat.

Illustration ce samedi 4 novembre avec ce colloque organisé au Palais du Luxembourg. « J’ai le plaisir d’accueillir le collectif Parents vigilants au Sénat cet après-midi pour son premier colloque », a tweeté ce samedi l’élu marseillais, en partageant le programme de l’événement qui sera conclu par Marion Maréchal et Éric Zemmour.

Plus qu’un simple « collectif », cette association zemmouriste, pilotée par une ex-candidate Reconquête ! aux législatives, est le prolongement du parti d’extrême droite, dont l’objectif affiché consiste à faire de l’entrisme au sein de l’éducation nationale via les élections de parents d’élèves.

Le thème des tables rondes, comme le profil de certains intervenants (à l’image de l’identitaire Philippe Vardon, cadre chez Reconquête !), atteste de la consanguinité assumée entre l’association et le parti d’Éric Zemmour. Raison pour laquelle la tenue de ce colloque est loin de passer inaperçue.

« Ce colloque des “Parents vigilants”, bras armé de l’extrême droite pour infiltrer l’école, organisé dans l’enceinte du Sénat n’est pas acceptable. La banalisation de leur parole dans une institution de la République est inquiétante », a réagi sur le réseau social X Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat.

« Les “Parents vigilants” sont une association d’extrême droite, qui organise le harcèlement d’enseignants, les met en danger, et dont l’objectif est d’instrumentaliser l’école pour miner les valeurs républicaines. Le Sénat n’a pas à leur servir de caution », renchérit sa collègue écologiste Mélanie Vogel.

Commission d’enquête

Même malaise exprimé côté socialiste. « Nous dénonçons avec force les idées réactionnaires et les méthodes de cyberharcèlement encouragées par le collectif “Parents vigilants”. Sa présence au Sénat ce samedi, à l’initiative de Stéphane Ravier, ne s’inscrit pas dans le cadre des travaux du Sénat », a réagi dans une publication le groupe PS au Palais du Luxembourg. Une indignation partagée sur le même réseau social par le sénateur socialiste Yan Chantrel.

Au-delà des couloirs de la chambre haute, l’initiative fait aussi bondir du côté de l’Assemblée nationale. Plusieurs députés insoumis, comme Paul Vannier, Rodrigo Arenas, Léo Walter ou Thomas Portes, ont aussi dénoncé l’événement, tout comme le député écolo Benjamin Lucas, qui demande « la constitution d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la pénétration des réseaux d’extrême droite dans l’école publique et à ses abords, et sur les pressions qu’elle exerce contre la communauté éducative ». Il y a quelques mois, ce même élu avait demandé la dissolution de cette structure.

« Provocation »

À noter que cette conférence fait également grincer des dents au sein du monde enseignant. Secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay regrette que soient « reçus aujourd’hui en grande pompe au Sénat », ceux « pour qui la liberté pédagogique au service de l’émancipation des élèves est un principe insupportable » et qui « jettent en pâture les profs sur les réseaux sociaux ».

Dans une tribune sur l’espace libre de Mediapart, la CAALAP (Coordination Antifasciste pour l’Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques) a aussi dénoncé la tenue de ce colloque. « L’accueil de cette association dans l’une des chambres de la République ne peut que participer à les légitimer et banaliser leurs agissements. De la sorte, nous considérons ceci à la fois comme une provocation et un blanc-seing donné à leurs modalités d’action », regrette ce collectif, qui demande au ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, de « prendre ses responsabilités ».

Cela fait près d’un an que cette association, dont le poids aux élections de parents d’élèves est inversement proportionnel à son bruit médiatique, est dans le viseur de la communauté éducative. En fin d’année 2022, une enseignante du Nord de la France avait dû annuler une sortie pédagogique aux abords d’un camp de migrants à Calais, après des menaces qui avait été constatées (et déplorées) par le rectorat.

Une campagne d’intimidation qui avait été menée dans le sillage de la mobilisation de l’association zemmouriste. Ce que le candidat malheureux à l’élection présidentielle avait totalement assumé dans Causeur : « En novembre dernier, à Valenciennes, nous avons fait annuler une sortie scolaire. Il va falloir qu’ils s’y habituent ! »

À voir également sur Le HuffPost :

Les motions de censure contre Élisabeth Borne, de la Nupes et du RN, rejetées par l’Assemblée nationale sans surprise

Projet de loi immigration : Darmanin « tient » à l’article sur les métiers en tension et fait bondir droite et extrême droite