Colère des agriculteurs: l'ex-ministre Stéphane Le Foll refuse "d'encourager" le blocage de Paris
Une certaine prise de distance. L'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll fait savoir son désaccord avec le mouvement de colère des agriculteurs qui menacent désormais de bloquer Paris, près d'une dizaine de jours après le début des manifestations.
"La FNSEA a été débordée par ce qui s'est passé en Occitanie", juge ce lundi 29 janvier sur Public Sénat celui qui a été à la tête de l'agriculture française pendant cinq ans sous le quinquennat de François Hollande.
"Je ne vais pas encourager"
"Il y a une volonté de récupérer ce qui s'est passé de la part du syndicalisme majoritaire" en souhaitant venir à Paris "donc non je ne vais pas l'encourager", avance encore le maire du Mans.
Si les annonces de Gabriel Attal ont permis de faire redescendre en partie la pression depuis vendredi 26 janvier, notamment en Occitanie d'où est parti le mouvement de contestation, plusieurs centaines d'agriculteurs du grand bassin parisien entendent faire le "siège" de la capitale d'ici 14 heures ce lundi.
Plusieurs spécialistes du monde agricole ont eu le sentiment que la FNSEA, principal syndical agricole, n'a pas vu venir l'explosion de colère. Dans le Lot-et-Garonne, épicentre de la colère, c'est d'ailleurs la Coordination rurale, l'un de ses opposants, aux méthodes plus dures, qui domine le paysage.
"Jamais raison d'accepter la violence et la dégradation"
Un convoi est parti de ce département ce lundi matin pour aller "investir Rungis", le principal lieu d'approvisionnement alimentaire en France. Huit autoroutes en Île-de-France vont être perturbées dans l'après-midi par des agriculteurs. Les blocages se poursuivent par ailleurs dans d'autres départements, comme dans les Bouches-du-Rhône.
De quoi pousser Gérald Darmanin à hausser le ton ces dernières heures, après avoir fait preuve de compréhension. 15.000 membres des forces de l'ordre sont déployés sur le terrain pour éviter les débordements autour des points de blocage prévus.
"On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS", avait assuré Gérald Darmanin jeudi 25 janvier sur TF1 pour justifier l'absence d'interpellations dans les rangs des manifestants.
Il a "eu raison d'éviter une surenchère qui aurait pu être extrêmement violente mais on n'a jamais raison d'accepter la violence et la dégradation", regrette l'ex-ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, demandant "un minimum de respect pour les bâtiments publics".
"Il ne faut pas s'étonner que certains se mettent à suivre"
Un bâtiment de la direction régionale de l'environnement a pourtant été soufflé par une explosion à Carcassonne. La préfecture d'Agen a été quant à elle prise pour cible à plusieurs reprises: plusieurs tonnes de lisier ont été deversées sur la façade du bâtiment tandis que des pneus, des bottes de paille et des plastiques ont été deversés dans la cour. Un bâtiment de la mutuelle sociale agricole a également brûlé vendredi.
"Une fois qu'on accepte pour certains" des dégradations, "il ne faut quand même pas s'étonner que certains se mettent à suivre", s'agace encore Stéphane Le Foll.
À l'issue d'une réunion interministérielle de crise dimanche soir, Gérald Darmanin a néanmoins rappelé que la position de son ministère était celle de la "compréhension du milieu agricole". Il ne souhaite ainsi "pas d'intervention sur les points de blocage" mais une "sécurisation" par les forces de l'ordre.