Colère des agriculteurs: qui est Jérôme Bayle devenu l'une des figures du mouvement?
"Leader du mouvement non, mais il en faut un qui se lance". Jérôme Bayle est devenu la figure de la mobilisation des agriculteurs, qui expriment leur colère et leur ras-le-bol et demandent des mesures au gouvernement concernant les charges financières et des normes environnementales jugées trop contraignantes.
À l'épicentre du mouvement, l'Occitanie et notamment le blocage de l'autoroute A64. C'est Jérôme Bayle, éleveur de bovins, qui a lancé l'idée de cette action d'ampleur.
"La coupe est pleine"
Le 16 janvier, des agriculteurs se réunissent sur la place du Capitole à Toulouse. Parmi eux, une bande d'amis qui échangent régulièrement sur un groupe Facebook appelé "les Rugbyculteurs" et créé par Jérôme Bayle. "Plusieurs de mes amis présents m'ont dit qu'ils n'en pouvaient plus et qu'il fallait agir, certains m'ont poussé à porter la voix de ce ras-le-bol", raconte-t-il auprès de La Tribune.
L'éleveur prend alors la parole. "Depuis une décennie, je ne me rémunère plus. Avec le peu d'argent que je gagne, je me contente de payer mes factures d'eau, de gaz, d'électricité et d'acheter du gazole. Je m'occupe de mes 90 vaches seul, parfois avec ma mère, et je bosse quatorze heures par jour: à un moment, la coupe est pleine", dénonce-t-il.
C'est alors qu'il lance l'idée de "bloquer les autoroutes pour enfin se faire entendre du gouvernement".
"Seule une balle en pleine tête m'empêcherait d'avancer"
Depuis le 18 janvier, l'A64 est bloquée entre Bayonne et Toulouse. "Lorsque le commandant de gendarmerie m'a dit que nous ne pouvions pas entrer sur l'autoroute avec nos tracteurs, je lui ai répondu que seule une balle en pleine tête m'empêcherait d'avancer. Je lui ai demandé s'il était prêt à tirer parce que moi, j'étais prêt à mourir", rapporte La Dépêche.
Des mots répétés sur BFMTV ce mardi, en apprenant la mort d'une agricultrice sur un barrage, "une amie" avec qui il partageait la passion de la chasse.
"J'ai un sentiment de culpabilité car c'est moi qui a décidé d'envoyer les soldats sur la route, peut-être que place du Capitole j'aurais dû me taire", confie-t-il.
"Quand j'ai mené le combat, c'était pour arrêter ce massacre agricole parce qu'on perdait trop de gens tous les jours dans nos exploitations et aujourd'hui on perd encore une belle personne", dit-il avec émotion.
Son père s'est suicidé en 2015
Il y a huit ans, le père de Jérôme Bayle s'est donné la mort en se tirant un coup de carabine dans la tête. C'est son fils qui a découvert le corps. "Mon père s'est suicidé suite au manque de soutien de l'État et à la crise de 2015", confie-t-il sur Europe 1.
Il a alors repris l'exploitation de vaches limousines à Montesquieu-Volvestre, au sud de Toulouse. Jérôme Bayle est également un soutien de l'équipe de rugby de son village. Il a d'ailleurs joué en compétition, mais en 2013, un plaquage le transporte à l'hôpital et le paralyse durant sept jours. L'agriculteur doit alors arrêter les sports de contact car sa moelle épinière est touchée, rapporte La Dépêche.
"Asyndical et apolitique"
"Je me rends compte que j'ai pris du poids... J'ai un discours simple dans lequel les gens se retrouvent", affirme-t-il auprès de la Tribune.
Ce samedi, le préfet de Haute-Garonne a reçu une délégation de quatre agriculteurs dont Jérôme Bayle. En outre, il a également rencontré ce lundi la présidente de la région Occitanie Carole Delga.
"J'ai déjà recu des propositions et je sais que d'autres opportunités vont s'ouvrir à moi mais cela ne m'intéresse pas: je suis un agriculteur du Volvestre et je compte le rester", assure-t-il.
"Nous sommes un mouvement asyndical et apolitique, nous ne voulons personne ici hormis les élus locaux", ajoute l'éleveur.
Il attend des mesures "concrètes" du gouvernement. "S'il faut que je m'engage personnellement à aller chercher monsieur Gabriel Attal en tracteur à Paris je le ferais (...). On est prêts à monter à Paris et paralyser la capitale".