Clémence Bellanger, atteinte de malformations physiques : "À ma naissance, les médecins ont dit à mes parents : "Bon, on fait comment ?""

Changer le regard sur le handicap et transmettre un message fort en faveur de l’inclusion, c’est l’ambition de "Différent.e.s", notre nouveau format. Pour l’incarner, qui mieux que Salim Ejnaïni : cavalier de Jumping, sportif, conférencier, entrepreneur… et non-voyant ? Comment vit-on avec une "différence", comment apprend-on à s'accepter soi et à accepter le regard de l'autre ? Parcours cabossés, destins contrariés et incroyables leçons de vie : Salim Ejnaïni recueille les témoignages de nos invités extra-ordinaires. Des histoires fortes et inspirantes autour de la résilience et du vivre-ensemble…

Atteinte de la maladie des brides amniotiques, une anomalie congénitale très rare caractérisée par des malformations physiques, Clémence Bellanger a passé une bonne partie de sa vie dans le milieu hospitalier. Pour "Différent.e.s", le nouveau format de Yahoo, la jeune femme de 29 ans a accepté de livrer son histoire. Un récit poignant.

"Pourquoi tu es comme ça" ? À cette question fréquemment posée, Clémence Bellanger n’a jamais eu la réponse. Elle s’est toujours simplement justifiée en affirmant être "née comme ça". Atteinte de la maladie des brides amniotiques, une anomalie congénitale très rare caractérisée par des malformations, la jeune femme de 28 ans a accepté, pour Yahoo, de se livrer à cœur ouvert. Elle est notamment revenue sur le chemin parcouru pour accepter son handicap et a profité de l’occasion pour livrer un message d’espoir et de courage. Enfin, elle a expliqué la manière dont elle avait réussi à rebooster son estime d’elle-même au fil des années (Retrouvez l'intégralité de l'interview en fin d'article).

Retrouvez le témoignage Différent.e.s de Clémence Bellanger en intégralité en podcast :

"C'est à l'école que j'ai compris ma différence, on me demandait pourquoi j'étais comme ça"

Dans son cas, la maladie a attaqué particulièrement ses chevilles, ses mains et son visage. Des malformations qui ont, depuis, été traités par la chirurgie mais dont elle garde des séquelles. Sa différence, Clémence la constate dès son plus jeune âge. "Avant mon arrivée à l’école, je ne me posais pas de questions. Mais lorsque j’ai commencé à côtoyer à des enfants du même âge, tout a basculé" explique-t-elle rappelant que "leurs questions l’ont ramenée à ses propres questions".

"Est-ce que je dois m’attacher à ce reflet dans le miroir ?"

Rapidement, la jeune fille comprend être différente, loin des critères de beauté standards de "Madame tout le monde". Un physique qui ne cesse d’évoluer avec le temps en raison des diverses opérations chirurgicales qu’elle subit. "Je fais partie de ces gens qui ont vu leur visage évoluer autrement que par les traces de vieillissement. J’ai dû me redécouvrir à chaque instant", confie-t-elle tout en expliquant avoir été contrainte de ne pas s’attacher à son reflet dans le miroir en raison de son évolution constante.

"J'ai serré les dents très longtemps, trop longtemps"

Mais au fil des années et à force de serrer les dents, Clémence craque. "Mon corps m’a dit stop". Elle enchaîne les crises d’angoisse, fait des insomnies à répétition et devient très irritable. "À vouloir toujours avancer vite, on avance très fragilement", prévient-t-elle. Consciente de cette mauvaise énergie qui la ronge, elle accepte de se faire suivre, une étape très dure mais salvatrice. C’est à cette période qu’elle s’aperçoit réellement de l’importance de l’acceptation de soi. "Tant que je ne passais pas ce cap, j’étais coincée. Ça a été une vraie rencontre avec moi-même". Une prise de conscience extrêmement libératrice. "J’ai découvert que je pouvais faire confiance à mon entourage, que je pouvais me montrer vulnérable. C’est normal de ne pas aller bien tous les jours. Tout comme les autres, on a le droit d’avoir nos journées avec et nos journées sans, ça fait de nous des êtres humains", rappelle-t-elle.

"Le regard des autres, je ne le perçois plus du tout de la même manière"

Grâce à cette introspection salutaire, Clémence se reconstruit et parvient à accepter son handicap. "Le regard des autres ne me définit pas. Je ne le perçois plus du tout de la même manière. Il sera toujours là, qu’il soit bienveillant ou pas. C’est à moi de m’en détacher et pas aux autres de changer". Aujourd’hui, la jeune femme s’aime et ne cherche plus à se faire accepter à tout prix. "Face à une situation, j’imagine toujours le meilleur des scénarios possibles". Quant à sa vie sentimentale, Clémence laisse le destin s’en charger mais rassure celles et ceux dont le handicap pourrait les amener à douter d’une finalité heureuse. Actuellement célibataire, elle explique qu’il est tout à fait possible d’être porteur de handicap et heureux en couple.

Désormais Clémence semble être en paix avec elle-même. Au fil des années, elle a réussi à transformer sa différence en force grâce notamment au soutien de ses parents. La jeune femme, qui a subi 30 opérations chirurgicales, a toujours pu compter sur eux et ce, depuis le début de son existence même si elle reconnaît avoir été une source d’angoisse à certains moments. "Ils ont vite compris qu’ils allaient devoir s’adapter et passer beaucoup de temps dans le milieu hospitalier". Forte de son histoire, la jeune femme, originaire d’Alençon, a publié en mars dernier l’ouvrage "Née comme ça", un récit sur sa vie et son combat contre le handicap.

Retrouvez l’intégralité de l'interview de Clémence Bellanger :