Cinq ans après, “a-t-on oublié le meurtre de Jamal Khashoggi ?”

“Cinq ans après le meurtre de notre collaborateur Jamal Khashoggi par un commando envoyé d’Arabie saoudite, rien n’a été fait”, déplorait lundi 2 octobre le Washington Post (WP) dans un éditorial publié à l’occasion du cinquième anniversaire de l’assassinat du journaliste saoudo-américain, dans lequel le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (“MBS”) est directement pointé du doigt.

“À ce jour, les Saoudiens n’ont pas dit ce qu’ils avaient fait du corps, privant ainsi la famille, les amis et les partisans de Khashoggi de la possibilité de lui offrir un enterrement digne”, ajoute le journal américain.

Le 2 octobre 2018, l’éditorialiste du WP, critique du pouvoir saoudien, entre au consulat de son pays à Istanbul. Il n’en ressortira plus jamais. Son assassinat émeut le monde entier. Un journal turc affirme dans la foulée, sur la base d’enregistrements sonores réalisés à l’intérieur du consulat, que le journaliste y a été torturé avant d’être décapité. Sa dépouille aurait ensuite été démembrée et dissoute dans de l’acide, selon un proche du président turc très hostile à l’époque au prince héritier saoudien.

Plusieurs enquêtes sont menées par la suite, y compris par la CIA. Toutes convergent vers un même point : l’implication directe de MBS dans l’assassinat.

De “paria” à roi de la scène

Mis au banc des accusés, isolé sur la scène internationale, traité même de “paria” par Joe Biden durant sa campagne électorale, Mohammed ben Salmane réussit en quatre ans à briser son isolement et à faire “oublier” l’affaire, profitant pour cela de l’évolution de la conjoncture internationale et moyen-orientale.

La Turquie, qui avait ouvert un procès, a fini par le clore en avril 2022, en contrepartie de pétrodollars. Le président français Emmanuel Macron franchit le Rubicon en décembre 2021 et se rend à Riyad, avant d’accueillir MBS à l’Élysée en juillet 2022, sur fond de guerre en Ukraine et de retombées sur le marché pétrolier mondial. C’est à cette même période que Joe Biden finit par faire le déplacement en Arabie saoudite, reléguant aux oubliettes ses promesses électorales.

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