CHRONIQUE. Des jetons non fongibles (NFT)… à la fonte des glaciers

Dans sa chronique, Jean-Gabriel Ganascia rappelle que les NFT font appel à des calculs informatiques vertigineux, aux effets délétères pour le climat.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°909, daté novembre 2022.

Le numérique réduit textes, images, vidéos, sons, voire sensations kinesthésiques à des séquences de "0" et de "1" que l'on reproduit et transporte à loisir sur toute la planète à un coût quasiment nul. Tout objet numérique se duplique sans douleur ; il est "fongible", au sens juridique du terme, en cela qu'il est remplaçable par une réplique en tout point équivalente. Dès lors, la notion d'exemplaire séminal, à partir duquel les autres ont été repris, se perd. Et le prix qu'on y attache aussi.

Pour restituer le propre d'un objet numérique, ce qui fait sa singularité, deux artistes, Jennifer et Kevin McCoy, et un entrepreneur, Anil Dash, eurent en 2014 l'idée d'y adjoindre un jeton cryptographique unique, enregistré dans un registre public à l'aide d'une chaîne de blocs (blockchain en anglais) pour en garantir l'authenticité, l'intégrité et la propriété ; c'est ce que l'on appelle un jeton non fongible, abrégé en JNF, ou en NFT pour Non-Fungible Token en anglais. Le propriétaire peut le vendre contre des cryptomonnaies ; le JNF trace ces transactions et mentionne l'identité du nouveau possesseur.

Des calculs informatiques vertigineux

Sur le plan conceptuel, l'idée séduit. Le marché des JNF s'est envolé en 2020, jusqu'à atteindre plus de 250 millions de dollars, avant de connaître un net repli fin 2021. Au-delà de leur caractère éminemment spéculatif, et donc volatil, les JNF tout comme les cryptomonnaies reposent sur les chaînes de blocs. Plutôt que de faire appel à des tiers de confiance, celles-ci recourent à des techniques cryptographiques fondées sur la notion de "preuve de travail" qui exige des calculs informatiques vertigineux, aux effets délétères pour le climat.

Pour en donner une idée, songeons que l'empreinte carbone laissée par l'Ethereum, cryptomonnaie utilisée par les JNF, est équivalente à celle de la Finlande ; et celle du bitcoin à celle de la Grèce. Bref[...]

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