Chrétiens de Bethléem : l’espoir sous surveillance

Une crèche, à la terrasse presque vide en raison de la guerre à Gaza du restaurant pour pèlerins Casa Nova sur la place de la Nativité, à Bethléem.    - Credit:Jean-Matthieu Gautier / Hans Lucas
Une crèche, à la terrasse presque vide en raison de la guerre à Gaza du restaurant pour pèlerins Casa Nova sur la place de la Nativité, à Bethléem. - Credit:Jean-Matthieu Gautier / Hans Lucas

« O little town of Bethlehem / How still we see thee lie / Above thy deep and dreamless sleep / The silent stars go by  » (« Ô petite ville de Bethléem / Tu dors tranquillement / Au-dessus de ton sommeil profond et sans rêves / Passent les étoiles silencieuses ») dit le chant traditionnel, d'une parfaite actualité. Sur le parvis de la basilique de la Nativité, qui abrite la grotte où Jésus est né il y a 2 000 ans, le temps semble avoir gelé.
Les décorations de l'année dernière flottent mollement sous les réverbères, les marchands de souvenirs fument devant leurs rideaux baissés, les chauffeurs de taxi ont le cafard et regardent les anges passer.

En 1950, les chrétiens constituaient 85 % de la population de la petite ville de Judée. Ils n'en représentent plus que 10 %. Pas de pèlerins, presque plus de chrétiens, pas un touriste, un mage ou même un sapin : en 2023, Bethléem est sur la paille, immobile comme une image de conte de Noël. « Pas de tralala », résume sœur Denise, qui dirige le seul foyer pour bébés abandonnés de Palestine. « Nous sommes pauvres et nus, comme Jésus. »

Une « muraille de la honte »

Un peu trop peut-être pour Louis-Michel, « chrétien, arabe et honnête Palestinien de Bethléem » comme il le déclame fièrement. « 90 % de nos revenus reposent sur le tourisme et, depuis le 7 octobre, la guerre entre le Hamas et Israël a tout mis à l'arrêt. On ne vend rien et tout vaut trois fois plus cher. C'est une catastrophe. Même les deux intifadas ne nous [...] Lire la suite