Pas si chouette, la trottinette ?

L’affaire est entendue : à partir du 1er septembre, il n’y aura plus de trottinettes électriques en libre-service à Paris. Quelles que soient les motivations de la mairie – et la manière dont elle a pris cette décision, le 2 avril – , on s’interroge : quel peut être l’effet de cette interdiction sur le climat ?

Le sujet est moins anecdotique qu’il y paraît. Même si d’autres métropoles comme Barcelone, Montréal et Copenhague ont déjà interdit, au moins partiellement, ces engins, “Paris est depuis longtemps à la pointe de l’évolution des transports”, souligne The New York Times. L’arbitrage de la maire, Anne Hidalgo, grande partisane des mobilités douces, pourrait donc faire réfléchir d’autres élus locaux.

Que disent les chiffres ? Les trois opérateurs de trottinettes dans la capitale (Lime, Dott et Tier) “renvoient vers une étude commandée par la ville selon laquelle elles contribuent à réduire la pollution dans Paris, car autrement 19 % des trajets en trottinette auraient été faits en voiture”, raconte le journal américain. Sauf que, “selon la même étude, plus de trois quarts des usagers auraient utilisé à la place un mode de transport bas carbone, comme la marche.” Un bilan pas terrible pour le climat, donc.

La presse suisse confirme. Selon une étude réalisée à Zurich et parue en mars 2022, ce moyen de transport a beau ne pas utiliser de moteur à combustion, “il remplace principalement les itinéraires à pied, les trajets en transports publics et ceux à vélo” et donc “émet plus de CO₂”, note la Tribune de Genève. D’autres travaux, menés cette fois à Paris, faisaient le même constat en 2020, ajoute le journal. “La majorité des émissions de gaz à effet de serre provient de la production de l’engin, principalement le cadre en aluminium”, précise l’une des auteurs, Anne de Bortoli.

Pour autant, l’interdiction ne serait pas une bonne solution. Car aux yeux de la chercheuse, la trottinette en libre-service présente un avantage : après l’avoir pratiquée, certains préfèrent acheter leur propre patinette. Or, selon les spécialistes, il n’y a pas photo : contrairement à ce que l’on pourrait penser, la trottinette privée est bien plus douce pour la planète que sa cousine à usage partagé. “Elle a la meilleure empreinte carbone après le vélo (mécanique et à assistance électrique)”, assure, dans Le Temps, Patrick Rérat, codirecteur de l’Observatoire universitaire du vélo et des mobilités actives, à Lausanne.

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